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Le 22 février fera date dans la mémoire collective au Togo. Pour cause d’élection présidentielle. Mais pas que. De la prise d’assaut des bureaux de vote, jusqu’à l’encerclement des domiciles du duo Agbeyome-Kpodzro, rien n’a fait défaut en ce jour de vote, selon la méthode connue du régime au pouvoir : bastonnades, intimidations, déguerpissement de délégués de leurs bureaux de vote, bourrages en règles d’urnes pré-votés en faveur du candidat réfractaire au changement –Faure Gnassingbé-, votes pluriels de militants surpris par la vigilance des électeurs, tout concourt à l’impensable malgré les fraudes. Mais un perdant est en train de jeter ses dernières forces dans la bataille, par la force. Comme un chant du cygne.

On a voté au Togo ce 22 février 2020. Mais peu après la fermeture des bureaux de vote, juste après que les résultats ont été affichés, on apprend que le candidat Agbeyomé et l’archevêque Philippe FanokoKpodzro ont vu leurs domiciles encerclés par des militaires. Et pourtant, ils étaient en tout sept dans les starting-blocks. Pourquoi justement Agbeyomé et Kpodzro comme « cibles » ?

Souvent, lorsque, dans l’enfance, au cours d’un jeu de cartes, on sent que l’adversaire est en passe de gagner, on use de ruse pour brouiller toutes les cartes, histoire d’annuler le jeu. Ce qui s’est passé samedi soir illustre bien ces moments. AgbeyoméKodjo serait-il en si bonne position au point d’effaroucher l’ordre ancien ? Ou bien sont-ce des mesures de protection suite aux premières tendances ?

Les ministres Gilbert Bawara et Christian Trimua avaient bombé le torse, affirmant que ce serait une élection à un tour et que l’argent du 2nd tour serait consacré au développement du Togo. A l’aune des résultats non encore officiels dans un bien des bureaux de vote, on aurait dit qu’ils auraient vu la vérité des urnes dans une boule de cristal. A une différence près : le 7ème président en téléchargement porterait bel et bien le numéro 7 et non le numéro 10 !

Le déroulé des évènements de la journée à bien des endroits et dans des préfectures en un condensé non exhaustif est exprimé par l’image au quartier général (QG) des forces de défense et de sécurité. Celle-ci se passe de tout commentaire.

Dans des centres et bureaux de vote (CV) et (BV) où tout se passe sans problème, les tendances affichent des écarts parfois infimes, parfois représentatifs du rejet d’un ou de l’autre des deux candidats qui se dégagent du lot des 7 : AgbeyoméKodjo et Faure Gnassingbé. Une situation qui dénote que ni les électeurs, ni les délégués n’ont subi de pression ou été intimidés. Dans ces BV, il n’y a pas eu de score à la soviétique. Tant au nord qu’au sud. Rappelons juste que ce sont plus de 9000 BV qui sont répartis sur toute l’étendue du territoire, mais que nos analyses sont plus que représentatives.

Malheureusement, tout ne s’est pas déroulé comme la majorité des citoyens l’auraient voulu. Et, ayons le courage de la dire, toutes les manœuvres orchestrées pour biaiser des résultats l’ont été dans le seul but de faire pencher la balance du côté du « Messi togolais ». Même la coupure des réseaux sociaux.

Si au CEG Kétao dans le BV n°2, il est arrivé par la force des dieux que dans ce centre de 474 inscrits, il y a eu 466 votants, mais que Unir a pu rafler 484 voix, on peut deviner ce qu’a pu été le vote dans beaucoup de centres du septentrion, avec dans ce seul BV 45 dérogations, presque 10% des inscrits. Là-bas, il y a eu des déguerpissements de délégués de l’opposition des bureaux de vote, tout comme à Blitta dans le centre. Même situation dans le Wawa où à Akloa, tous les délégués de l’opposition ont été renvoyés des deux BV et Unir aurait été déclaré victorieux à 100%.

A Sotouboua, le décompte des voix serait ainsi acté : sur 75226 inscrits, il aurait été comptabilisé 78573 bulletins dans l’urne, et Faure Gnassingbé s’en sortirait avec…75955 voix. Une équation impossible à résoudre ! Ah, ça se passe dans la localité du fameux ministre de l’Administration territoriale. Soit 3347 « procurations » rien qu’à Sotouboua!!!

Dans la préfecture de Tône, sur 149006 inscrits, on aurait dénombré 3390 bulletins nuls et 105546 suffrages exprimés. Avec 571 pour MCD, 1187 pour le PSR, 759 pour Santé du peuple, 85363 pour Unir, 13692 pour ADDI, 2285 pour l’ANC et 1982 pour MPDD. Le total fait ressortir un surplus de 293 bulletins. Certainement du fait du vote des esprits de la préfecture !

Si la CENI devrait comprendre certains scores à la soviétique dans la partie septentrionale du pays, il suffit qu’elle fasse le lien avec des BV où il a été rapporté que des délégués de partis ont été déguerpis.

On ne saurait passer sous silence l’acte du colonel Kpelinga Yao qui aurait agressé, retiré puis déchiré le mandat du superviseur de l’ANC au lycée de Lama Kpeda. Et que dire de dame Kpakpabia, ancienne députée qui aurait été surprise en possession de plusieurs bulletins pré-votés à l’EPP Nanergou ? Il aurait aussi été signalé des bourrages d’urnes à l’EPPNayega dans Kpendjal Ouest. Quid de l’EPP Tidonte Centre? Des citoyens sans carte d’électeurs auraient voté pendant que les délégués du PSR étaient interdits d’accès au BV.

Kpalimé, plus précisément Lavié n’aurait pas échappé à l’épidémie de la fraude. Un enseignant volontaire aurait été surpris en plein bourrage d’urne ; il a été escorté par les éléments de la FOSEP vers une destination « connue », la liberté !

Des à-côtés du scrutin, il en existe à profusion, et on y passerait la journée à les énumérer. Le scrutin est terminé depuis ; place aux réclamations et plaintes des candidats sur les anomalies ici et là ; et à la réaction de la CENI. Un ministre de la Justice s’est substitué à l’institution pour faire des injonctions à un candidat, et la CENI est restée atone. On veut croire que les réclamations trouveront un écho diligent de la part de la CENI. La transparence aussi passe par là.

Abbé Faria

source : Liberté

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