Cinq mois bientôt après sa réélection controversée pour un quatrième mandat, le Président Faure Gnassingbé n’est toujours pas en mesure de nommer un nouveau premier ministre en vue de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale.

Bien avant de relever ce curieux dysfonctionnement au sommet de l’État après la dernière présidentielle, il est important ici d’écarter ce prétexte officiel alambiqué qui tend à faire croire aux Togolais que l’état d’urgence décrété par le président de la République le 1er avril 2020 est un obstacle à la nomination d’un nouveau premier ministre et à la formation d’un gouvernement. Pour preuve, dans la constitution togolaise, il n’existe aucun texte qui empêche, dans un état d’urgence, la nomination d’un premier ministre par le président de la République après l’élection présidentielle.

 À fortiori, la France dont la constitution sert de modèle aux pays francophones ne s’est pas empêchée en pleine crise sanitaire et en état d’urgence de nommer un nouveau premier ministre et de former un nouveau gouvernement. En plus, au Togo, rien n’aurait pu obliger un nouveau président de la République élu à la place de Faure Gnassingbé de continuer, cinq mois après son élection, de garder toute l’ancienne équipe gouvernementale de son successeur au nom d’une prétendue crise sanitaire, alors qu’il devrait lui aussi commencer par dérouler son programme de société avec son équipe à lui. Ceci dit, il faut à présent revenir sur la politique présidentielle au Togo après le 22 février dernier.

En effet, après la proclamation précipitée des résultats de l’élection présidentielle par la CENI et la validation de la réélection de Faure Gnassingbé par la Cour Constitutionnelle, les premiers signes de la politique somnolente du sommet de l’État ont commencé par la longue attente qui a précédé la prestation du serment repoussée jusqu’au 03 mai 2020, date limite du troisième mandat du président réélu.

74 jours après cette prestation de serment marquée par un discours particulièrement élogieux du président de la Cour Constitutionnelle, tout est au point mort. Une profonde torpeur semble emporter la mouvance présidentielle et son gouvernement anachronique dans une inertie bien éloquente. Le premier ministre qui joue à une prolongation ennuyeuse reste presqu’inactif. Le Chef de l’État en personne s’est complètement effacé. La visibilité de l’action gouvernementale reste inaperçue. Pas de conseil de ministres depuis plusieurs mois. La gouvernance reste au rabais. La plupart des ministres donnent l’air de s’ennuyer malgré les atteintes pressantes et nombreuses des populations. Et l’on a tendance à se demander si le régime en place est abattu par l’usure du pouvoir sans tout de même vouloir lâcher du lest.

L’effacement du président réélu commence tellement par inquiéter qu’on a été contraint de sortir l’histoire d’un voyage présidentiel vers Libreville; un voyage qui n’aura finalement pas eu lieu. Cinq mois après la réélection du président sortant, toujours pas de nouveau premier ministre, pas de reconduction de l’ancien, pas de nouveau gouvernement, et pourtant, le peuple attend la mise en œuvre du programme de société promise par Faure Gnassingbé lors de sa campagne électorale. Pendant qu’on attend, la justice et le candidat de la dynamique Monseigneur Kpodzro nous font assister à une scène de course poursuite judiciaire et c’est sans doute ce qui intéresse la République pour l’instant.

 Joe S.

Source :L’ENGAGEMENT – N° 030 du 16 Juillet 2020

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