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Un marché de près de 7 milliards offert à CENTRO par l’architecte Kao Baobadi et le DG Pekemsi
 
Bien que le pays soit confronté à de sérieux problèmes financiers, l’éternel Directeur général de la Loterie nationale togolaise (LONATO), Kudjow-Kum Pekemsi et l’architecte Kao Baobadi, le vrai propriétaire du Consortium des entreprises tropicales (CENTRO), organisent encore un détournement de fonds par le biais de la reconstruction de l’ancienne direction de la LONATO sise sur le boulevard du 13 janvier. Après avoir fait le plan et le devis en tant qu’architecte et ce, sans appel d’offres, c’est sa société CENTRO dirigée par le comparse Kpatcha Bassayi qui remporte le simulacre d’« appel d’offres international » tout en prenant soin d’éliminer les autres sociétés par des arguments fallacieux.
 
Actuellement, le Togo est un pays économiquement exsangue et les caisses de l’Etat sont vides. Mais les pilleurs de la République n’en ont cure. Ils continuent de peaufiner des stratégies pouvant leur permettre de s’enrichir impunément. Quelques années après avoir construit un somptueux siège à Agbalépédogan derrière GTA, le DG de LONATO, Kudjow-Kum Pekemsi qui a déjà fait 20 ans à ce poste – il semble que c’est l’héritage à lui légué par le Général Gnassingbé Eyadema -, entend bâtir un nouvel immeuble sur le boulevard du 13 janvier. Et c’est le cabinet d’architecte de Kao Baobadi, TATA-I, qui a déjà joué le rôle de maître d’ouvrage délégué dans la construction de la nouvelle direction exécutée par sa société CENTRO, qui a encore eu le marché gré à gré.
 
A la suite de ses travaux, « l’appel d’offres international N°AOI_001/2012/LNT du 31 décembre 2012 de la Loterie nationale togolaise relatif à la construction d’un immeuble de bureaux sur le boulevard du 13 janvier » a été lancé. Six entreprises ont soumissionné : CPAC-SXCEC (société étrangère) a proposé 7 158 999 000F TTC à l’ouverture des offres et 7 045 857 101F TTC après corrections ; WIETC : 4 594 634 615 ; ECOAT : 3 684 345 831 ; ENTTP : 3 655 396 797 ; CECO BTP : 3 876 146 747 ; enfin CENTRO qui, après avoir proposé 5 890 535 137 TTC à l’ouverture des offres, a fait passer après corrections son offre à 6 969 491 737, soit une augmentation de 1 078 956 600 FCFA. Une manœuvre qui consiste à s’approcher de la proposition de CPAC-SXCEC qui reste la plus disante parmi les offres soumissionnées. Pourquoi ? La réponse est toute simple : permettre à CENTRO, l’entreprise de l’architecte Kao Baobadi, de remporter le marché. Comme le concepteur est juge et partie, il est possible que CENTRO soit bien renseignée sur les autres dossiers, surtout sur celui de CPAC-SXCEC avant d’introduire le sien. Dans le jargon scolaire togolais, on parle de « zo vu », c’est-à-dire une épreuve vue et corrigée avant l’examen. A preuve, sur les six dossiers, seules les offres de CPAC-SXCEC : 7 045 857 101F et de CENTRO : 6 969 491 737 sont jugées conformes. Résultante, le marché est attribué à l’« entreprise CENTRO, soumissionnaire dont l’offre a été évaluée conforme et moins disante pour un montant TTC de six milliards neuf cent soixante-neuf millions quatre cent quatre-vingt-onze mille sept cent trente-sept (6 969 491 737) francs CFA ».
 
Comme on peut le constater, toutes les offres tournant autour de 3 et 4 milliards sont déclarées non conformes et les arguments avancés sont loufoques : absence de fiches techniques des matériaux, insuffisance de l’expérience générale, documents non paginés, non paraphés … Bref, tout a été fait pour que le marché soit attribué à CENTRO dont le gérant n’est que celui qui a tout organisé. « Au plus quatre milliards suffisent pour construire cet immeuble sur le boulevard. Les observations faites concernant les autres entreprises ne sont pas des éléments qui permettent de les éliminer. C’est comme ça qu’ils font pour détourner les fonds. Ils vont construire l’immeuble au montant proposé par exemple par ENTTP (3 655 396 797) et se partager le reste de l’argent entre eux. Nous ne comprenons pas pourquoi l’Ordre national des architectes du Togo se tait sur les manigances de Koa Baobadi qui, tout en étant architecte, est le propriétaire de CENTRO et d’une autre société de fabrique de béton et de brique au niveau de Sanguera. En plus, l’Etat traverse des moments difficiles et la construction de cet immeuble à 7 milliards, ne doit pas être une priorité », s’emporte un entrepreneur à qui nous avons montré le résultat de l’évaluation de l’appel d’offres.
 
En réalité, l’article 8 de la loi relative à la fonction d’architecte au Togo dispose que « La qualité de membre de l’ordre est incompatible avec une charge d’officier public ou ministériel ou avec toute occupation de nature à porter atteinte à son indépendance, notamment avec l’acceptation de tout mandat commercial, avec toute fonction d’entrepreneur, d’industriel ou fournisseur de matières ou objets utilisés dans la construction ou avec tout emploi rémunéré par traitement ou salaire, sauf le cas de mission de l’Etat ou d’une collectivité publique ». Mais le cas de Kao Baobadi ne semble émouvoir ni l’ONAT ni l’Etat, et il continue allègrement d’utiliser son cabinet d’architecte TATA-I pour offrir des marchés à CENTRO dont il est le vrai propriétaire. Et il faut le rappeler, ce n’est que suite à l’acte d’engagements conclu le 31 mai 1996 entre CENTRO et ECNC, une entreprise individuelle appartenant à M. Kpatcha Bassayi que celui-ci est devenu DG de CENTRO, le grand arbre qui cache la forêt de la magouille : « Il a été convenu et arrêté ce qui suit : Monsieur Bassayi Kpatcha, es-qualités, agissant au nom et pour le compte de l’Etablissement ECNC désigné de deuxième part, déclare être membre du Consortium d’Entreprises diverses dénommé « CENTRO » désigné de première part. Ce qui est accepté pour elle par Monsieur Kao Baobadi, es-qualités. Ceci constitue une convention synallagmique et fait force de loi des parties. Les frais, droits et honoraires des présentes et de leurs suites incomberont à la société « CENTRO » que Monsieur Kao Baobadi, es-qualité y oblige ».
 
Dans le cadre du détournement organisé autour de la reconstruction de l’ancienne direction de la LONATO, c’est le lieu d’interpeller l’Autorité de réglementation des marchés publics (ARMP), le gouvernement et surtout les institutions de Bretton Woods. Par les temps qui courent, mettre fin à l’enrichissement illicite doit être une priorité. Affaire à suivre.
 
R. Kédjagni
 
source : Liberté Togo
 
 

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