ETATS-UNIS – Le président a tenté de rassembler, mardi. Il a surtout placé ses pions en vue de sa réélection…
Le discours sur l’état de l’Union est par tradition un moment de rassemblement. Mais dans une année électorale, un président pense avant tout à sa propre succession, et Barack Obama n’a pas dérogé à la règle, mardi soir.
S’exprimant pendant environ une heure devant le Congrès, Obama s’est prononcé en faveur de l’équité fiscale et d’une économie pour tous. «Des millions d’Américains qui travaillent dur et respectent les règles méritent un gouvernement et un système financier qui font la même chose. Il est temps d’appliquer les mêmes règles du haut jusqu’en bas», a estimé le chef de la Maison blanche.
Selon lui, «La réforme fiscale doit suivre la règle (du milliardaire américain Warren) Buffet. Si vous gagnez plus d’un million de dollars par an, vous ne devriez pas payer moins de 30% d’impôts», a-t-il poursuivi. Mitt Romney, qui a publié sa déclaration d’impôts et ne paie que 14% (car ses revenus ne sont pas des salaires mais des plus-values liées à des investissements), appréciera.
Barack Obama, qui prononçait son troisième discours sur l’état de l’Union depuis son arrivée à la Maison blanche, a également défendu une baisse des impôts pour les entreprises qui ne délocalisent pas. «Actuellement, les entreprises bénéficient d’avantages fiscaux lorsqu’elles délocalisent leurs entreprises à l’étranger, cela n’a absolument aucun sens. Alors changeons la règle du jeu», a-t-il dit.
Ses accomplissements mis en avant
Sans se défausser complètement sur George W. Bush, Obama a rappelé que plus de 4 millions d’emplois avaient été détruits dans les six mois qui ont précédé son arrivée à la Maison Blanche. Si la tendance a continué, il estime avoir réussi à inverser la tendance, avec 3 millions d’emplois créés depuis 2010.
Les républicains ont aussitôt fait remarquer que le chômage, à 8,5%, restait près de ses plus hauts de fin 2010 (10%). Surtout, dans la traditionnelle réplique, le gouverneur de l’Indiana, Mitch Daniels, a dénoncé la création «d’emplois précaires subventionnés par l’Etat». Obama a peu parlé de la dette, qui a continué à se creuser sous sa présidence, un sujet qui serra la bataille centrale de la présidentielle. Il a préféré se concentrer sur les succès de son administration, comme le sauvetage de l’industrie automobile «Made in USA».
Surtout, le président a habilement commencé et conclu sur la politique étrangère, avec ses deux succès les plus populaires: la fin de la guerre en Irak et la mort d’Oussama Ben Laden. Se félicitant de la mort de l’ex-leader d’Al-Qaïda, le président l’a rappelé à son futur adversaire républicain: le commander in chief, c’est moi.
Philippe Berry avec Reuters