«Quand un régime se maintient au pouvoir au mépris du principe d’alternance prévu dans les textes, ce sont de véritables putschs contre les institutions, à reconnaître et à sanctionner comme tels » – Rapport Tournons la page
La sérénité n’est pas de mise dans les rangs du parti présidentiel au Gabon à une semaine de l’élection présidentielle au Gabon. Le fils à papa, Ali Ben Bongo, candidat à sa propre succession a du souci à se faire.
La bataille s’annonce ardue. Son principal challenger Jean Ping a réussi à rallier à sa candidature deux ténors de l’opposition, Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba et apparaît désormais comme le favori du scrutin. Dans la foulée, l’ancien président de la Commission de l’UA a fait une démonstration de force mardi à Libreville, où d’après les médias gabonais, il a été accueilli comme le messie qui délivrera le Gabon. De nombreux Gabonais avides de changement commencent déjà à rêver de l’alternance.
Cette « candidature unique » de l’opposition initiée pour faire partir Ali Bongo mais et rendre l’argent du Gabon aux Gabonais, fait très mal dans les rangs du parti au pouvoir. Les attaques fusent de partout. Ali Bongo est le premier à dégainer. Il affirme que son challenger a été « mis en chômage par l’Union Africaine ». Avant de se lancer dans une métaphore footballistique. « Ils n’ont qu’à aller aux vestiaires, aller se reposer et laisser les vrais joueurs sur le terrain. Parce qu’à la fin du match, nous allons gagner. A la fin du temps réglementaire, victoire sans prolongations, sans penalties, un but marqué à chaque minute pour battre ces gens-là. Et s’ils n’aiment pas le football, on les fait monter sur un ring et là ce sera une victoire par KO. Moi je suis prêt », a-t-il déclaré.
A sa suite, le ministre de la Communication et porte parole du gouvernement, Alain Claude Bilie By Nze, s’est laissé aller à ses commentaires. « Les candidats de l’opposition se sont livrés à un marchandage d’épiciers », a-t-il tweeté. Pour lui, cette alliance « n’a pour objet que la répartition des privilèges et fonctions ».
Le coordonnateur de la jeunesse pour la campagne électorale d’Ali Bongo, Vivien Amos Makaga Péa n’est pas en reste. Il y va de ses sarcasmes en qualifiant la candidature commune des trois poids lourds de l’opposition de «candidature inique». « C’est une candidature inique qui est fondée sur le mensonge et les arrangements. Pendant qu’Ali Bongo discutait avec les populations de Port-Gentil, ces gens-là étaient dans une salle avec le champagne qui coulait à flots, pour se répartir le gâteau Gabon», a-t-il lancé.
Comme son frère Dupont du Togo, le Gabon s’est singularisé en Afrique centrale où la famille Bongo règne depuis 50 ans au pouvoir. Les deux pays sont d’ailleurs classés respectivement 2è et 3è dictature au monde. En 2009, à la suite de la mort d’Omar Bongo qui a dirigé le pays pendant 42 ans, son fils Ali Bongo s’est emparé du pouvoir à travers une mascarade électorale. Tout comme au Togo, le mandat présidentiel n’est pas limité et Ali Bongo est parti pour régner à vie comme son géniteur. Sauf que cette fois, il aura fort affaire avec Jean Ping.
Mais la partie n’est pas pour autant gagnée pour l’opposition et la fraude sera le principal enjeu du scrutin. Pour des pays passés champions en hold-up électoraux sur le continent où les résultats des scrutins sont connus avant même le vote, la vigilance doit être de mise. Au Togo, on en sait quelque chose.
Source : Médard Amétépé, Liberté