Le Premier ministre Selom Klassou a invité ce vendredi, les syndicats des enseignants qui paralysent le secteur de l’éducation depuis plusieurs mois à « saisir la balle au bond », après avoir annoncé plusieurs mesures dont le doublement de la prime d’incitation à la profession enseignante.
Regroupés au sein de la Coordination des syndicats de l’éducation du Togo (CSET), quatre syndicats mènent la vie dure aux autorités, exigeant une amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants.
Le secteur est fortement secoué par des grèves à répétition depuis le début de la rentrée (en octobre), et des manifestations de rues des élèves (à Lomé et dans plusieurs localités du pays) pour exiger les cours.
La CSET réclame notamment l’abrogation du corps des enseignants auxiliaires et leur reversement dans le corps des fonctionnaires de l’enseignement, l’indemnité de logement pour le personnel de l’éducation et pour toute la carrière, la prime de travail de nuit et la prime de salissure (à intégrer au budget de 2017, en attendant l’adoption du statut particulier ) et la résolution définitive du problème de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) du dossier des normaliens.
Au fil des discussions, ces syndicats grévistes ont révisé un peu leur position, mettant finalement l’accent sur deux éléments : une prime d’incitation conséquente et un accord clair sur la date d’application du statut de l’enseignant qui sera adopté, ainsi que les différents avantages.
« Le statut particulier consacrera une revalorisation de la prime d’incitation à la profession enseignante. En conséquence, cette prime sera doublée », a annoncé le Premier ministre, lors d’une séance qui a réuni les syndicats et des partenaires.
Les enseignants perçoivent une prime d’incitation de 10.000 F.CFA. Donc, désormais, ils recevront 20.000 F.CFA.
« Ce n’est pas rien, mais le gouvernement peut encore faire un peu d’efforts. Ça va se négocier », a déclaré Atsou Atcha (porte-parole de la CSET).
La rencontre intervient une semaine, après la réception par le gouvernement du rapport issu des discussions au sein d’un groupe de travail sur le secteur éducatif.
« Mieux, dans un esprit d’apaisement et le souci de rétablir immédiatement le calme et la sérénité dans le secteur de l’éducation, la revalorisation que nous venons d’annoncer, prendra effet à compter du 1er avril 2017. Cela signifie que les enseignants bénéficieront déjà de cette revalorisation avant même l’adoption du statut particulier.
Par ailleurs, « l’année scolaire sera réajustée, en vue de remédier aux effets néfastes, des perturbations de ces dernières semaines, sur le bon déroulement des activités pédagogiques ».
« Les modalités de ce réajustement seront communiquées dans les prochains jours », a souligné le chef du gouvernement, d’un ton rassurant.
« Le gouvernement reste toujours ouvert au dialogue », a rappelé le Premier ministre avant d’inviter les enseignants grévistes à « saisir la balle au bond pour que chacun puisse redoubler d’ardeur dans un sursaut de patriotisme ».
– Les enseignants et les mesures incitatives –
« Apparemment, les enseignants sont les +enfants gâtés+ de la fonction publique », commente un jeune volontaire au milieu de ses collègues, à la fin de l’intervention du Premier ministre. D’aucuns diront que M. Klassou a été plutôt le premier à « saisir la balle au bond » pour étaler les mesures prises en faveur des enseignants ces dernières années.
« Mais, c’est de bonne guerre », a estimé un journaliste.
« Par exemple au sujet de la grille salariale, à diplôme égal… », a démarré le chef du gouvernement, avec des exemples précis.
« Le citoyen qui choisit la profession enseignante, est recruté et classé dans une catégorie supérieure par rapport à un autre qui est recruté dans l’administration générale. A titre d’illustration : avec le diplôme de maîtrise obtenue la même année, dans la même discipline, l’enseignant est surclassé dans la catégorie A1, indice 1300, tandis que son collègue de même diplôme (qui travaille dans l’administration générale), est classé dans la catégorie A2, indice 1.100 », a-t-il indiqué.
A l’instar des autres fonctionnaires, les enseignants ont bénéficié d’amélioration substantielle de leur salaire au cours des dix dernières années, avec en moyenne une augmentation de plus de 70% pour les enseignants en début de carrière et de plus de 90% d’amélioration pour leurs aînés en fin de carrière (pour les catégories supérieures, c’est-à-dire les catégories A).
Mieux, dans les catégories inférieures, ces améliorations se situent en moyenne entre 130% (en début de carrière) et plus de 200% (en fin de carrière. Cas de la catégorie D).
A ce traitement salariale, s’ajoutent d’autres avantages spécifiques en faveur des enseignants : des primes de rentrée et de bibliothèque, des primes d’incitations à la profession, et le volume horaire très allégé eu égard aux contraintes de la profession.
« Par ailleurs, alors que dans l’administration générale, le volume horaire de l’agent est de 40 heures/semaine, l’enseignant du primaire fait 28 heures/semaine, celui du premier cycle du secondaire fait théoriquement 22 heures/semaine et l’enseignant du second cycle du secondaire, fait théoriquement 18 heures/semaine », a dévoilé M. Klassou.
Pour l’instant, les enseignants grévistes n’ont pas encore réagi, aux mesures prises par le gouvernement. Sont-ils vraiment satisfaits ? Vont-ils continuer leur mouvement de grève ?
« Seule la base peut décider », a lancé Atsou Atcha devant des micros et caméras des journalistes.
Cette « base » se prononcera ce samedi ou dimanche. FIN
Edem etonam EKUE
source : savoir news