L’Office togolais des recettes cherche à augmenter les recettes du budget, ce n’est un secret pour personne. Mais si, pendant que le citoyen lambda trime pour être en règle avec le fisc, des haut placés de par leur fonction se permettent de rouler dans des véhicules non dédouanés et ceci, pendant des années, alors il y a problème. Le Procureur général de la cour d’appel de Lomé roule depuis des années sans immatriculation.

Si la fonction doit toujours conduire certains à des excès, ce sont les finances du budget qui en pâtiront. A la cour d’appel de Lomé, il y a un véhicule haut de gamme qui est souvent garé devant le parvis. Avec comme plaque d’immatriculation « WBEAUCIEL3 ». Depuis des lustres.Et quand nous sommes allés aux informations, il est ressorti que le propriétaire du véhicule n’est autre que le Procureur Général près la Cour d’appel de Lomé, GnambiGarbaKodjo. Curieux tout de même que cette personnalité se permette derouler sans immatriculation conventionnelle pendant si longtemps.

Pour en savoir davantage, nous sommes allé à l’OTR et, sous le couvert de l’anonymat, un agent nous assuré que la douane aurait aussi remarqué la situation et se serait adressé au garage en question. Autrement dit, la plaque appartiendrait-elle à un garage ? Affirmatif, nous a-t-on assuré. Dans ses explications, l’agent de l’OTR précise qu’en temps normal, les plaques d’immatriculation des garages ne font pas plus d’une semaine sur les véhicules, le temps pour eux de s’occuper des formalités douanières. Mais alors, est-il possible qu’un garage passe autant de temps à faire ces formalités alors que le propriétaire du véhicule lui aurait versé la totalité des frais requis ? « Impossible », nous a-t-on assuré. Et qu’est-ce qui pourrait expliquer la situation du Procureur général ?

Apparemment, l’OTR aurait souvent été confronté à ce genre de situation ; du moins c’est ce qui ressort des explications que l’agent nous a données. « Vous savez, quand certains hommes en uniforme, magistrats et autres sommités sont investis de certains pouvoirs, ils en usent et en abusent. Analysez vous-même, un garage peut-il harceler le Procureur général ou même le menacer de retirer sa plaque au cas où celui-ci fait semblant d’avoir oublié de régler les frais de douane ? Dans ces genres de situation, ce sont souvent les garages qui sont harcelés, alors que tout le monde sait que le garage n’y est pour rien ».

Et quand nous avons cherché à faire le lien avec les recettes de l’OTR, l’agent, toujours sous le sceau de l’anonymat, n’a pas fait dans la dentelle. « Supposez par exemple qu’une trentaine de haut placés soient dans la situation du Procureur général et roulent pendant des années sans régler les frais de douane qui, soit dit en passant, se renouvellent chaque année. Vous imaginez le manque à gagner de l’OTR ? C’est ainsi que notre cher pays fonctionne », a-t-il chuchoté avant de nous fausser compagnie.

Tous les jours, du moins à des périodes régulières, des agents du Transport routier envahissent les routes pour vérifier et verbaliser les véhicules non en règle. Mais au nom d’une force à lui conférée par son rôle de Procureur Pénéral, Gnambi Garba Kodjo roule sur les routes sans penser à immatriculer sa voiture de marque LINCOLN. Et pourtant, ce n’est pas faute de moyens financiers. Et l’OTR, par crainte de froisser les susceptibilités d’un « homme de la maison », préfère mettre la pression sur le garage.

L’équité sociale, c’est le fait de faire payer plus ceux qui gagnent plus ; mais dans la situation décrite plus haut, c’est celui qui est parmi les nantis, qui refuse de payer les frais de douane pour son véhicule. Que se serait-il passé si la plaque d’immatriculation du garage s’était retrouvée sur la voiture d’un citoyen lambda pendant autant d’années ?

Le magistrat devrait être celui-là en qui les autres citoyens devraient se retrouver, de par sa droiture. Mais au Togo, du fait des agissements de certains d’entre eux, il vaut mieux être fier en étant un simple anonyme que de s’identifier à certains juges. Mais heureusement que tous ne sont pas pareils !

« Les besoins de financement des Etats sont de plus en plus importants pour assurer les nombreux projets de développement. La mobilisation optimale de recettes douanières constitue un impératif pour réaliser durablement les dépenses nécessaires inscrites dans les plans nationaux de développement et les stratégies de réduction de la pauvreté. Le contexte international en perpétuelle mutation met les administrations douanières devant des défis énormes… », a publié hier le site du gouvernement, republicoftogo.com à l’occasion de la Journée mondiale des douanes. Alors Monsieur le Procureur général, faites votre devoir fiscal.

Abbé Faria

source : Liberté

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