L’équation, a priori ne semble pas évidente. Maîtriser un virus aussi capricieux qu’énigmatique, essayer de sauvegarder une année scolaire après 3 mois d’arrêt « forcé » et satisfaire les lobbies religieux : il faut être « Faure » pour y parvenir. En cette période de crise, l’on a assisté à des  tâtonnements. Mais à chaque fois, le gouvernement a su reprendre la main. Les efforts sont à féliciter. Le chemin est encore long. Il va falloir corriger très vite les manquements afin que ce qui est juste soit priorisé, que l’utile soit considéré et que l’agréable suive après la satisfaction des autres !

Un combat juste…

Les dernières informations en provenance du CHR Lomé-Commune semblent rassurantes. Si l’on ajoute à cela les dernières mesures prises en vue d’alléger les restrictions imposées entre-temps, l’on a presque envie de jubiler. Mais hélas, le Coronavirus n’a pas livré tous ces secrets. Ce virus capricieux circule toujours et la vigilance doit être de mise.  Mais fait notable, plus de 65% des cas sont guéris au Togo.

Encore au-dessus de la barre des 200 cas il y a 24 heures, le nombre total de cas actifs a continué sa décrue progressive, passant désormais loin sous la barre des 200 cas ce mardi. Cette baisse confirme la thèse de la stabilisation de la pandémie au Togo.

A la date du 17 juin,  le Togo ne compte plus que 180 cas actifs de coronavirus contre 211 le 15 juin dernier. 36 personnes ont été déclarées guéries de la maladie pour la seule journée du 16 juin portant le total des cas de guérison à 344. On note toutefois une légère poussée du nombre de cas confirmés. Le Togo totalise 537 cas confirmés pour 13 décès. Le pays reste également parmi ceux qui effectuent le plus de tests. Depuis le premier cas déclaré le 06 mars jusqu’à ce jour, 26.020 tests de coronavirus ont été effectués.

Bien évidemment si les nouvelles sont rassurantes, les autorités jouent toujours la carte de la prudence. On ne peut pas dire que le virus est vaincu, avertissent-elles, il faut continuer par appliquer les gestes barrières.

C’est dans ce sens qu’il faut saluer le fait que le  port du masque ait été rendu obligatoire dans l’espace public.Toutefois, il faut inviter le gouvernement à veiller davantage au respect scrupuleux de cette mesure.

Les relâchements observés ici et là peuvent se révéler assez préjudiciables pour le pays tout entier. C’est en cela il faut mettre en exergue la prudence et le discours des premiers responsables dans la lutte contre ce virus. Le médecin-Colonel Djibril, coordonnateur national de la Gestion de la riposte contre la Covid-19, rappelait d’ailleurs à juste titre que la  levée du couvre-feu et la fin de l’isolement du Grand-Lomé et de la Préfecture de Tchaoudjo des autres villes du pays ne signifient nullement la fin de la pandémie. «La levée du couvre-feu ne veut pas dire que la maladie est derrière nous»,.

 «Notre système de santé ne peut pas supporter un trop grand nombre de cas positifs au coronavirus», avait-il prévenu.

Ce qu’il faut retenir, c’est que le combat contre le virus est loin d’être terminé. Cela doit rester et demeurer la priorité du gouvernement. Pas question de transiger avec le respect des mesures barrières. Le gouvernement devra se remobiliser davantage pour inciter les uns et les autres à ne pas céder au relâchement.

Sauver l’année scolaire : le combat utile

Bon gré mal gré, les élèves en classe d’examen ont repris le chemin de l’école ce 15 juin après plus de 3 mois de récréation imposée par le Covid 19. La mobilisation pour que cette reprise soit effective a été remarquable. A tous les échelles, les acteurs ont mis la main à la pâte. Tout se passe dans le strict respect des mesures barrières. Seulement, quelques jours après, les apprenants restent néanmoins inquiets et l’on observe quelques écarts condamnables de part et d’autres. Mais ce pari en valait le coût !

 «Je souhaite que élèves et enseignants respectent rigoureusement les mesures barrières et que les cours se poursuivent jusqu’aux examens. Je me suis déjà assez ennuyée à la maison», a affirmé une  élève en classe de 1ère. Cette réaction illustre bien le désire légitime des élèves à retrouver les bancs. Mais à quel prix ?  «La présence du coronavirus sur le sol togolais m’a fait craindre une année blanche. Or depuis le début de l’année scolaire, j’ai toujours été assidue à l’école parce que je me suis fixée comme objectif de réussir le probatoire », renchéri-t-elle, cité par le confrère l’Union.

La grande crainte avec cette reprise timide, c’est bien évidemment  l’incivisme, l’indiscipline et les comportements déviants en milieux scolaires et estudiantins pourraient favoriser la propagation du coronavirus. Et mettre la vie de tout le monde en danger. «J’ai peur que les enseignants ne puissent pas être à la hauteur de gérer cette pandémie dans les établissements. Il y aura un relâchement dans les prochains jours du fait de l’incivisme, de l’irresponsabilité et de la délinquance des apprenants. Du coup, les salles de classes peuvent devenir les nouveaux foyers de contamination », lâche une élève en classe de Terminale D. Et de poursuivre : «même si on scinde les classes à raison de 25 élèves, pour mieux respecter la distance entre élèves, ce n’est pas une garantie. Je suis contente d’être de nouveau en classe, mais très inquiète». Cela s’observe déjà. Il suffit de voir les images défiler sur les réseaux sociaux.

Il faut d’ors et déjà faire le point de la situation afin de voir ce qui a fonctionné et ce qui ne l’a pas été afin de corriger le tir. Sinon, malgré quelques dysfonctionnements, l’essentiel y est et l’on peut s’en réjouir même si les appréhensions demeurent.

Réouverture des lieux de culte…l’agréable peut attendre

Les lobbies religieux semblent prendre le dessus. Ils plaident pour la réouverture des lieux de cultes. C’est de bonne guerre certes. Mais est-ce vraiment l’urgence de l’heure se demandent nombres de citoyens. En effet, c’est depuis mars que  le gouvernement a procédé à la fermeture des lieux de culte. Mais la situation semble perdurer et cela n’arrange manifestement pas l’affaire des religieux. Depuis lors, ils  ont envoyé des doléances et propositions à la direction des cultes, pour faciliter l’ouverture des lieux de culte.

Aujourd’hui, après près de trois mois de fermeture, les regards sont tournés vers les autorités, le conseil scientifique et la coordination nationale de la gestion de la riposte contre le Covid-19, selon une précision du ministre de l’administration territoriale, Payadowa Boukpessi, en présence du directeur des cultes, à la fin d’une rencontre d’échanges avec les responsables religieux tenue le 11 juin 2020 dans la perspective de la réouverture des lieux de culte. «Nous allons remonter l’information au niveau des autorités, du conseil scientifique et de la coordination où ces propositions seront examinées par les spécialistes pour voir si elles sont suffisantes pour garantir la reprise des activités de culte. Dans le cas contraire, nous reviendrons vers eux pour voir ensemble ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. L’essentiel, c’est d’être sûrs que, s’il y a réouverture, qu’elle sera faite dans le respect des mesures barrières dans l’intérêt de tout le monde et particulièrement des fidèles», a souligné M. Boukpessi.

Ces propositions, les voici. Et les organisations et associations religieuses se disent déjà prêtes pour rouvrir. On cite, par exemple, une désinfection des lieux de culte au moins deux fois par mois ; un dispositif de lavage des mains avant et après les cultes pour toute personne qui participe au culte ; le port obligatoire des masques avant de participer au culte ; la limitation du nombre des fidèles en fonction de la capacité du lieu de culte ; la distanciation d’un mètre entre les chaises disposées pour le culte ; la réduction possible des heures de culte, si possible 1 h 30 mn ; la multiplication des cultes et un écart raisonnable entre deux cultes pour faciliter l’accès aux fidèles et éviter les contacts, si possible prévoir deux sorties pour les églises qui le peuvent ; des mesures pour éviter les contacts humains lors des louanges et quêtes et autres activités cultuelles. Les organisations et associations religieuses doivent aussi disposer d’un groupe de suivi pour veiller à l’application des propositions qui vont sous-tendre la réouverture. En cas de non-respect des mesures, les églises se verront encore fermées et d’autres sanctions pourront suivre pour les récidivistes, prévient déjà le ministre. Ajoutant que la police anti-pandémie fera son inspection sans toutefois rentrer dans les lieux de culte. Et ça risque de coincer dans les églises réveillées où on tombe à mourir avec la poussette d’un Esprit, on s’oublie facilement à cause de la quête du miracle… «Il serait nécessaire qu’on ouvre les lieux de prière et de culte dans la mesure où le peuple de Dieu sera sensibilisé, formé. Et les mesures, on les connaît. Ce sont les mesures que les commissions scientifiques ont déjà proposées. En ce qui nous concerne à l’église catholique, nous aurons à faire des marques à l’intérieur des paroisses et des chapelles et sur le sol pour le respect de la distanciation sociale au cours des célébrations, pour la procession de la communion ainsi que pour les quêtes», a indiqué Mgr Bénoît Alowonou, président de la Conférence des Evêques du Togo.

 L’Union Musulmane du Togo aussi rassure : «Désormais, le nombre de fidèles entrant dans la mosquée va diminuer et cette police sera formée au cours d’un atelier. Nous avons déjà choisi un certain nombre de jeunes pour cette formation», a déclaré au confrère l’Union,  El Hadj Inoussa Bouraïma. «Les églises sont prêtes», réitère le Révérend Djakouti Mitré, président du Conseil chrétien du Togo. Avant d’ajouter : «nous avons pensé, selon la grandeur de l’espace de la chapelle, faire plusieurs cultes. Si une église a de l’espace à l’extérieur, elle peut s’organiser pour faire en sorte que lorsque certains fidèles seront à l’intérieur, d’autres pourront suivre le culte de l’extérieur. Par ailleurs, certaines églises font leurs quêtes par tige ou des paniers disposés devant, mais toujours dans le respect de la distanciation sociale. Nous sommes aussi en train de sensibiliser les fidèles pour qu’ils fassent leurs quêtes par mobile money ou par banque ou encore qu’ils passent en semaine du moment où certaines églises font des permanences». Et du côté des traditionnels, on se dit prêts avant l’heure. Selon Togbui Assiongbon Gnagblondjro 3, pour chaque couvent, il a été exigé à chaque fête traditionnelle de mettre des dispositifs de lave-mains, le port obligatoire de cache-nez et la désinfection de tous les lieux de culte ; il a été demandé aux prêtres de libérer momentanément les prêtresses qui restent régulièrement dans les couvents pour qu’elles rejoignent leurs familles ; désormais, les cérémonies doivent être restreintes à au plus 20 personnes.

Tout ça est beau. Mais l’opinion reste assez divisée sur le sujet pour la majorité des gens, l’heure n’est visiblement pas à la réouverture des lieux de cultes. Pour eux, il faut surtout se concentrer sur l’utile qui est la lutte contre ce virus, au lieu de vouloir prendre des risques inutiles.

La Rédaction

Source : Le Tonnerre

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