La corruption, ce fléau qui ne laisse pas de trace, qui fait des ravages. La presse s’en méfie de parler, sous le farfelu prétexte qu’il est impossible de prouver, et pourtant. Oui, le mal traine ses preuves partout où il passe, au Togo, il n’est pas seulement dans le monde des affaires. Dans une monarchie qui n’a plus rien à prouver, il a naturellement élit domicile dans le monde politique. Achat de conscience dans le bas peuple qu’on prend soin de garder pauvre pour bien contrôler, achat de conscience dans l’élite politique, surtout dite de l’opposition. Ici on attribue des rôles aux leaders d’opinion qui se disent de l’opposition afin de jouer pour la dictature. Tout récemment, l’actualité a démontré que pour sortir du bourbier politique qu’il traverse, monsieur Faure Gnassingbé et ses ouailles doivent aller au-delà des quatre murs du Togo pour mouiller tous ceux qui ont un rôle à jouer dans la résolution de la crise togolaise. Fonctionnaire de la CEDEAO, chef d’Etat de la CEDEAO, diplomates et autres porteurs de costumes cohabitent chacun avec la tentation dans l’exercice de leur métier.

La dictature est bien dans son biotope, et en 51 ans de règne sans partage, sur une foire aux intérêts, monsieur Faure et ses hommes ont de quoi s’acheter chaque ‘’mouton’’ quel que soit sa tête. Au plus fort de la crise où la CEDEAO jouait le premier rôle entre dialogue et médiation, quand on parlait de l’impossibilité d’acheter tout le monde à la CEDEAO, un baron zélê a cru voir juste en avançant que « avec la monarchie de Lomé, même à la CEDEAO, chaque acteur politique a son prix ». C’est bien logique de penser ainsi si on sait que le régime togolais est géré par des hommes d’affaires. Des hommes d’affaires qui vivent de prébendes entre les lignes de crédits douteuses dans des banques obligées d’obéir, les retro commission sur les travaux publics si petits soient-il, le détournement sur les projets financés par des bailleurs, voire des fonds vautours assignés à des projets qui n’ont jamais existé. L’exception a remplacé la règle, quand on est prêt à faire les prestations de quelques natures qu’elles soient, dans une direction, un ministère ou à la présidence, on doit être prêt à un retour à l’ascenseur. Les hommes d’affaires y sont habitués. C’est au nom de cette politique que certains fonctionnaires de la CEDEAO sont en train de devenir méconnaissables. Si ce n’est les mallettes, qu’est-ce qui peut justifier qu’un Béhanzin, général de surcroit se plie en deux devant Alpha Condé pour défendre la cause d’une dictature togolaise dont la mauvaise foi et la délinquance portent les preuves. Un Garba Lampo qui ne jure qu’au nom de Faure Gnassingbé alors qu’il est ici pour représenter 15 pays. Les exemples de ces petits fonctionnaires qui implorent Dieu pour être affecté dans les dictatures en fin de règnes afin de préparer la retraite sont vivants. En aval, ils brouillent les cartes de la transparence dans la gestion des crises comme on le vit présentement au Togo. Mais en amont les chefs d’Etat savent distinguer le vrai de l’ivraie pour faire la part des choses. La machine à corruption de Lomé a très vite oublié que tout le monde ne se résume pas à l’argent, même si des comportements peuvent prêter confusion.

Ce comportement pollue l’atmosphère et on finit par se demander à qui la dictature fait allusion en soutenant que tout le monde a son prix dans cette crise togolaise ? Des chefs d’Etat ? Nous n’avons pas de scanner pour les passer tous au rayons X mais on peut se permettre de parler de certains. Si M. Faure Gnassingbé compte s’acheter la complicité des chefs d’Etats, il est mal barré.

Qui sont-ils, ces acteurs?

Nana Akufo ADDO du Ghana. Il était le premier à prendre la main dans cette crise, mais dès l’entame il a joué au sentiment en laissant la crise perdurer on ne sait pour quel raison et qu’est-ce qui l’empêchait de designer le chat par son nom. Même si des comportements laissaient planer du doute sur son intégrité, le niveau où il a hissé son pays ne permettait pas de l’associer à une mission de sauvetage pour un règne mourant. L’actuelle relation tendue entre lui et notre pays balaie davantage ses soupçons Alpha Condé de la Guinée: Il est aussi intéressé par notre crise, même si certains pensent qu’il ne peut aucun miracle au Togo, s’il n’a rien pu chez lui. Mais lui, c’est un chef de canton. Il n’a pas froid aux yeux, tu peux être en train de déposer un sésame à ses pieds pendant qu’il crache sur toi sans autre forme de procès. La dernière fois, en Guinée, il a tellement remis la délégation de Faure à sa place qu’elle était obligée de quitter son pays avant la fin des échanges. Quand sa personnalité est en jeu, il peut casser la baraque à tout moment. Faure Gnassingbé n’hésitera d’ailleurs pas à se plaindre du mauvais traitement réservé à ses hommes. Après cette rencontre houleuse, ses comptes rendus ici et là, permettront, quelques jours plus tard, de faire bouger les lignes. Au même moment, une partie de l’opinion, à tort ou à raison pense qu’il fait partie de ceux qui aident la monarchie togolaise.

Alassani Watara de la Côte d’Ivoire ?

Lui, il n’a même pas besoins de recevoir les mallettes pour accompagner la dictature de Faure. C’est le retour à l’ascenseur. Tout le monde a été témoin du rôle que Lomé a joué pour que l’Ivoirien de la Haute Volta soit là où il est. Son fonctionnaire Jean Claude Brou suit il ses pas ? Difficile de répondre. La seule certitude est que même si l’Ivoirien de la commission de la CEDEAO voudrait bien faire plaisir à son président, sa présence à cet endroit a dû avoir un soutien sans réserve de Buhari dont la détermination pour faire de la CEDEAO une CEDEAO des peuples, n’est plus à démontrer. Il est le premier président de la commission dont la présence à la CEDEAO a reçu le soutien sans faille du Nigérian, il a donc un compte rendu moral à lui faire, il n’a pas droit à l’erreur.

Buhari Muhamadu ?

Le dure à cuire, la racine du mal être de la monarchie. En bon peuhl, il a grandi dans la brousse, en bon militaire très tôt enrôlé, il est raide comme une aiguille sur les principes cardinaux de la vie. La corruption n’a pas de place sur son passage. Homme de principes, il est difficile de le déplacer de ses convictions s’il les croit bonne comme il croit bon de guérir le Togo de sa crise. Résoudre la crise togolaise est pour lui un défi et tout chef d’Etat qui pourra être tenté par la compromission pour aider le malade du pouvoir du palais de la marina est désarmé par l’invocation de son nom.

Georges Wear ?

Voici un autre cas. Un parcours exemplaire a fait de lui le président qu’il est. Il n’est pas venu pour s’enrichir de l’argent de la politique, le sport lui a déjà ouvert le tapis rouge. Mais dans le jeu des alliances, il a apporté un tordu coup de mains à son homologue togolais au plus fort moment où la dictature passe à tabac les populations des villes assiégées. Mais son action pour maintenir le fils du père est très limitée.

Talon Patrice:

Il est l’un des premiers à avoir demandé au prince de Lomé de se retirer. Il a beaucoup des investissements au Togo. S’il ne dit plus rien de notre crise pour sauver le partenariat dans certains milieux d’affaire avec Faure, ce n’est quand même pas la grande joie. Inutile de rappeler que la présence à Lomé d’une certaine Madugou Roukeya ne facilite pas les choses. Même si cette dernière claironne à qui veut l’entendre qu’elle n’émarge pas au Togo alors qu’elle n’a non plus signé un contrat de bénévolat, elle marche sur les avantages. Dans les moments avenir, elle sera obligée de se faire de moins en moins visible auprès du prince, voire lorgner vers un poste internationale qu’elle n’aura pas du mal à trouver, si elle ne l’a pas encore fait, afin de ne pas voir son image trop écornée par un long séjour dans une dictature puante. Ce n’est pas à nous de vous dire que son nom revient dans l’opposition béninoise comme une éventuelle candidate à la présidence. TalonFaure c’est donc une relation de ni paix ni guerre.

Kaboré du Burkina:

Il n’est plus à présenter, Lomé s’est tellement fourvoyé dans ses soutiens aux adversaires du Burkina que, aucun chef d’Etat de ce pays ne peut être en lune de miel avec les Gnassingbé et leur caste. Certes, sa première dame togolaise pouvait jouer un rôle mais apparemment, les bons offices entrepris par Lomé dès sa prise de pouvoir pour en faire un allié à travers sa femme togolaise n’ont pas accouché de grand-chose.

Le président du Niger ?

Depuis que la communauté commerçante de ce dernier vivant au Togo est devenue la cible d’un braquage systématiquement organisé et quasiment autorisé, ce président qui a d’ailleurs déjà goûté aux fruits amers de la dictature ne voit pas Lomé d’un œil tolérant.

Le Malien IBK

Son soutien pour Lomé II ne se démontre pas. Il avait la porte ouverte dans notre pays depuis le vivant d’Eyadema à travers ses amis comme les Natchamba. Mais il est tellement chargé de l’insécurité dans son pays pour s’occuper de notre barque qui tangue.

La liste est longue et chaque chef à son fichier, tous se retrouve à la CEDEAO, ceux qui soutiennent que devant eux chaque acteur à son prix doivent avoir leurs raisons. Mais les dernières évolutions venant de la CEDEAO prouvent que ceux comptent acheter tout le monde doivent prendre leur mal en patience. Quelques soient les mallettes qu’il croit avoir fait circuler au point de considérer les acteurs de la CEDEAO comme des coursiers à ses services, l’avenir de Faure Gnassingbé est en pointillés. Nous n’en voulons pour preuve que le dernier communique émanant d’Abuja. Oui, puisque la délinquance politique au Togo met tous les documents en doute, nous voudrions bien affirmer que ce document est authentique. Il dit tout. Faure et sa bande sont même obligés de retirer du parlement leur texte traficoté qu’ils voulaient faire passer pour prendre de cours le document du constitutionaliste sénégalais. Le document doit être voté en intégralité. De nos informations, l’expert sera présent pour répondre à ceux qui auraient des zones d’ombre à se faire expliquer. Pour la CEDEAO, pas question d’y toucher un iota, c’est parce que le Togo s’est montré incapable de le faire que la CEDEAO a lancé un appel d’offre. Suite à cela, ce spécialiste est retenu et payé pour la tâche. Après le vote de son texte, il veillera aussi à la mise en place de la Cour Constitutionnelle. La CENI n’est plus un problème, à leur prise de fonction les membres de l’opposition se feront le devoir de réclamer le président étranger promis par la conférence des chefs d’Etat le 31 juillet et confirmer par Alpha Condé la dernière fois.

La reprise du recensement:

Ce n’est que secret de polichinelle, elle aura lieu même si la dictature se bat contre comme un diable dans de l’eau bénite.

La date de l’élection:

Dans le document envoyé au parlement et retiré in extrémiste, le régime, au lieu de son 20 décembre 2018, parle du 10 janvier 2019, mais dans les arcanes d’Abuja, qui reprend son autorité dans notre crise, on s’en moque tout en avançant le mois de juillet 2019. Tout compte fait, la date des élections sera connue à la fin des reformes et de l’installation de tous les outils juridiques qui participent aux élections. Les jours à venir ne s’annoncent pas de tout repos pour ceux qui croient avoir fait un bail à vie sur le Togo. Quand tout ceci vient s’ajouter à une pluie qui s’abat déjà sur le pays de l’autre fils à papa, le Gabon d’Ali Bongo, à un moment où la rue reprend ses droits au Togo, l’incertitude politique reprend ses droits et la CEDEAO a intérêt à vite boucler le chapitre togolais. Les dernières actualités confirment que les acteurs politiques qui ont toujours soutenu que la CEDEAO n’est pas un adversaire ont raison.

source : ABI-ALFA/Le Rendez-Vous