Le débat enflamme la toile et  déchaîne les passions.  Ces derniers jours, les Togolais sont, malgré eux, amenés dans un débat très délicat concernant la place de l’ethnie dans la sphère politique. Au cœur de cette polémique crée de toute pièce par certains compatriotes aux desseins inavoués ; se retrouve les Kabyè (ethnie du clan Gnassingbé). Seulement, des esprits lucides lèvent la voix pour recadrer ce  débat malsain qui n’apporte rien à la construction de l’édifice commun (le Togo) ni n’apporte rien à la lutte démocratique pour l’alternance. C’est le cas de l’ancien ministre François Boko.

L’ancien ministre de l’intérieur qui a tiré sa révérence en 2005 a, depuis son lieu d’exil mis les pieds dans les plats. Il affiche sa position qui est sans ambigüité. « Ma position est très claire. La responsabilité des atrocités commises pour maintenir le système contre lequel nous luttons est individuelle. Elle n’est pas collective. Le régime sait bien instrumentaliser les différentes ethnies pour atteindre son objectif de conservation du pouvoir. Le processus par lequel ce régime utilise les ethnies pour commettre les atrocités est bien connu. Il y a les indicateurs et la plupart de ces indicateurs sont recrutées dans les ethnies dans lesquelles le régime croit  trouver la base populaire supposée ou réelle de la contestation. Ces indicateurs sont appâtés par le gain facile. Une fois les cibles identifiées grâce à l’action des indicateurs,  il y a les exécuteurs donc les tueurs. Ils sont recrutés parmi la ou les ethnies à qui le régime fait croire qu’elles sont les bénéficiaires directes de son règne. Mais au sommet de la pyramide il y a la minorité qui tire réellement profit de ce système. Dans cette minorité on y trouve les membres cooptés non pas en fonction de leur appartenance ethnique mais en fonction de leur détermination à faire perdurer le système. C’est leur action d’instrumentalisation et de professionnalisation ethnique dans le processus de commission de crimes qui aboutit aux atrocités qui maintiennent le système », a-t-il rappelé.

Pour cet ancien officier de la Gendarmerie nationale et natif de Tchitchao (Kara), la  problématique est donc et avant tout systémique. Pour lui, elle  pose clairement la responsabilité individuelle des donneurs d’ordre, des indicateurs et des exécutants des basses besognes. « J’observe le rôle que le système fait jouer à chacune des ethnies en surfant habilement sur leur supposée ou réelle fragilité. Notre lutte ne doit pas être détournée.  Elle doit définir la meilleure approche pour renverser le système en évitant de culpabiliser les ethnies qui sont instrumentalisées », a-t-il précisé.

Pour finir, l’ancien bras droit de feu Eyadema, rassure. « Enfin je tiens à le redire, je n’ai rien contre aucune de mon pays encore moins contre celle à qui j’appartiens contrairement à ce qu’affirme le régime. L’acte que j’ai posé en 2005, je l’ai posé en citoyen. Je ne me suis jamais déterminé ni en fonction de mon groupe familial encore moins en fonction de mon groupe ethnique. Les ethnies sont pour moi un espace d’épanouissement culturel sans plus. Je me détermine uniquement en fonction de mes convictions. Elles sont mues par des valeurs d’humanisme. Je crois en notre capacité à sortir nos sociétés de l’allégeance ethnique pour les conduire vers une allégeance citoyenne indispensable à consolider la république. La construction de cette dernière aussi laborieuse qu’elle soit, ne doit pas nous amener à envisager des raccourcis dangereux ».

La Rédaction/ togoactualite.com

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