Pourquoi ne pas laisser les Maliens aussi embrasser la désillusion derrière le charme de l’espoir ?

Je vois beaucoup de personnes qui publient cette photo de 2013 où Monsieur François Hollande, alors président de la France, avait été reçu en héros à Bamako, après les premières réussites de l’intervention français au Mali contre l’avancée des terroristes islamistes.

Selon ces personnes, les autorités maliennes et les peuples maliens font preuve d’une ingratitude sans nom en renvoyant aujourd’hui l’ambassadeur français à Bamako.

Comprenons-nous. J’ai fait partie, en 2012, de ceux qui avaient invoqué et applaudi l’intervention française au Mali. Et jusqu’aujourd’hui j’assume ce choix et en suis fier. Parce que le Mali aurait vécu le pire si l’armée française (et les forces tchadiennes que nous ne devons pas oublier de mentionner) n’avaient pas intervenu au nord du Mali.

Mais aujourd’hui que disons-nous. Nous disons que devant une situation qui, après les réussites des débuts, s’est enlisée et s’est empirée, le Mali est en droit d’interroger la présence de la France sur ses terres et de se tourner vers les partenaires de son choix.

Ceci ne justifie en rien les mots peu diplomatiques voire grossiers par lesquels les autorités françaises ont traité, ces derniers temps, le Mali et ses représentants, fussent-ils issus d’un coup d’Etat.

Il est vrai qu’exiger d’un responsable français du respect envers les autorités d’un pays africain peut paraître une bonne blague de cabaret, mais sur le mépris, il est conseillé, pour la bienséance, de passer de temps à autre une couche d’hypocrisie, surtout dans l’arène politique où l’hypocrisie et le mensonge sont loin d’être des vices.

La situation actuelle du pays de Modibo Keita, dirigé par des militaires après un double putsch, n’est en rien reluisante et ne donne pas une bonne image d’un pays qui se veut moderne. Le respect des institutions d’un Etat n’est en rien négociable.

Mais on n’en serait pas là aujourd’hui si les différents régimes dits civils (qui ne sont en réalité, dans nos pays, que des diplômés en vestes trustés et protégés par ces hommes en treillis montrés comme des parias) portés par des suffrages douteux, n’avaient pas complètement échoué.

A un peuple qui a déjà presque tout tenté, pourquoi ne pas laisser le loisir d’embrasser la désillusion camouflée derrière l’irrésistible charme de l’espoir ?

Les peuples ne vivent, n’ont toujours vécu que de ça : les faux espoirs qui les poussent, à chaque fois, dans leurs pires désillusions. Laissons le peuple malien aussi jouir de ce privilège.

David Kpelly

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