Depuis quelques jours, une curieuse campagne médiatique est en cours sur la responsabilité de Cina Lawson, ministre des Postes et de l’Economie numérique, dans la coupure de l’Internet au Togo lors des manifestations des 6 et 7 septembre, et des 20 et 21 du même mois.
 
Ces journaux qui ont presque les mêmes titres et les mêmes arguments de fonds veulent faire croire à l’opinion que dame Cina Lawson, l’autre égérie de la République, n’en est pour rien dans les coupures intempestives de l’Internet. Pour ces apprentis avocats, la coupure de l’Internet relève de l’exécutif et serait motivée par des raisons sécuritaires. En d’autres termes, ce n’est pas Cina Lawson, ministre de tutelle, qui a fait couper l’Internet, mais bien les « sécurocrates » de Faure Gnassingbé.
 
En jargon journalistique, on appelle cette campagne médiatique « articles commandés moyennant espèces sonnantes et trébuchantes ». Mais diable pourquoi dame Cina Lawson trouve-t-elle nécessaire de soustraire sa responsabilité de ces coupures qui constituent de graves violations des droits de l’Homme, si on s’en tient à la résolution du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies du 1er juillet 2016 qui condamne les restrictions de l’accès à l’information sur Internet? Les représentations diplomatiques à Lomé étaient en colère contre ces mesures dignes d’une autre époque qui non seulement n’ont pas pénalisé les manifestants qui ont contourné la censure, mais ont eu d’énormes répercussions sur une économie déjà placée sous perfusion.
 
Le régime de Lomé s’est immédiatement vu recaler au programme Treshold du MMC qui vient d’octroyer plus de 264 milliards de francs CFA à la Côte d’Ivoire. Pourquoi les néo-avocats de Cina Lawson tentent-ils, désespérément, de soustraire la responsabilité de leur bienfaitrice dans la coupure de l’Internet au Togo? N’est-elle plus solidaire dans le mal ou les dérives ? De toute façon, d’une manière ou d’une autre, la responsabilité pénale des uns et des autres sera située un jour. Ceux qui sont aujourd’hui déférés devant la CPI et même des tribunaux africains ne sont jamais allés tuer de leurs propres mains. Mais c’est sous leur responsabilité que ces crimes ont été commis. Il n’en sera pas autrement pour le Togo.
 
Ceux qui pensent abuser aujourd’hui de leur pouvoir au sein de ce régime pour tuer, violenter, torturer, poser des actes ignobles, répondront demain, surtout qu’à l’heure des nouvelles technologies, les images et témoignages sont immédiatement consignés. Si vous êtes soldats et on vous voit dans une vidéo rentrer dans les domiciles privés violenter des gens vous répondrez demain. Vous avez dirigé une expédition punitive contre les populations de Mango, Bafilo, Sokodé, tabasser les gens, brûler les boutiques, fesser les femmes, fusiller les enfants, etc. vous répondrez demain de même que votre chef corps. Vous êtes directeur de la CEET et vous coupez le courant à Deckon à 22 h pour que la Police puisse charger les gens dans le noir, votre responsabilité relevée un jour. Cina Lawson l’a-t-elle déjà compris ? Peut-être oui, mais il est bien tard pour elle et pour tous ceux qui, avec un excès de zèle, continuent de poser des actes ignobles, croyant aveuglement que ce régime ne tombera pas.
 
Le fameux Yahya Jammeh n’a pu embarquer au moment venu que 15 personnes dans son avion. Il s’est d’ailleurs débarrassé de 5 « sécurocrates » à Conakry avant de prendre la route de Malabo. Tous les autres sont aujourd’hui aux mains de la Justice et devront répondre de leurs crimes, comme c’est d’ailleurs le cas des tout-puissants Gilbert Diendéré et Djibril Bassolé à qui personne n’imaginait cette triste fin lorsque Blaise Compaoré était encore aux affaires.
 
Au Togo, ceux qui se permettent de tuer leurs frères et sœurs comme des animaux pour le règne à vie d’une seule famille n’auront même pas cette chance. A l’heure venue, il sera bien tard pour eux. Comprenne qui pourra.
 
Source : L’Alternative
 

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