« La solitude et le sentiment de n’être pas désiré sont les plus grandes pauvretés » (Mère Theresa)

Le président ivoirien Alassane Ouattara doit-il se mordre les doigts ? Dans quelle posture doit-il se trouver depuis quelques jours ? Beaucoup n’aimeraient pas être à sa place actuellement. Surtout avec un autre « front » qui s’est ouvert, la candidature annoncée de son ex-ministre des Affaires étrangères démissionnaire, Marcel Amon-Tanoh. Alassane Ouattara donnerait beaucoup pour se faire épargner ce « coup de poignard » dans les côtes.

Plus de Premier ministre depuis le 8 juillet 2020, ni de Vice-président de la République. Mais avant ces deux malheureux évènements, c’est le président du Sénat qui s’était envolé pour l’Allemagne avant de se voir diagnostiquer positif à la Covid-19. Et comme si ça ne suffisait pas, le président de l’Assemblée nationale s’est aussi envolé, mais pour Paris lundi dernier. C’est à croire que les dieux sont tombés sur la tête en Côte d’Ivoire, ou que le ciel veut s’écrouler sur celui qui aime à étaler dans une litanie, ses fonctions postérieures pour bluffer son entourage.

« Préservez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m’en occupe », dit-on souvent. Il est loisible de voir l’actuel président ivoirien rassembler ses fidèles derrière lui, en ordre de bataille lorsqu’il s’agit d’affronter les camps Gbagbo-Bédié-Soro. Mais quand ce sont des pro-Ouattara d’hier qui se portent aussi candidats à la présidentielle d’octobre prochain, alors là, il y a problème. Parce que des partisans au sein du RHDP, Marcel Amon-Tanoh doit en disposer assurément. Tout comme Daniel Kablan Duncan, même si ce dernier n’a pas –encore-fait acte de candidature. Aussi, des défections en plein processus électoral n’ont jamais porté bonheur.

Ah, qu’il est loin, ce temps où la France avait prêté main forte à Ouattara pour déloger Laurent Gbagbo. Si c’était possible de rappeler la Légion française pour agir et faire gagner d’un coup de baguette magique l’ami de la France, certainement que le pays n’hésiterait pas. Mais le temps a passé, de l’eau a coulé sous les ponts. Que Alassane Ouattara se déclare candidat à l’élection présidentielle doit être un épiphénomène ; c’est lorsqu’il maintiendra d’autres candidats hors de la course, ou qu’il voudra user de subterfuges pour blaguer le monde que ça risque de se corser. Car s’il est vrai que les Ivoiriens veulent fermer définitivement la page des traumatismes passés, il est encore plus vrai que la décision de l’Union Africaine et de l’Union Européenne au moins de superviser le prochain scrutin devra se traduire dans le degré de transparence de ladite élection.

Un malheur ne vient jamais seul. Plus précisément, il est des malheurs qui sont des signes annonciateurs, et on n’a pas forcément besoin de lire dans une boule de cristal pour comprendre certains messages divins. La Côte d’Ivoire en général et Alassane Ouattara doivent se sentir bien seuls en ce moment.

Godson KETOMAGNAN / Liberté Togo