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Une année finit, une autre commence. Chez nous, des rêves s’évanouissent, sans que d’autres s’éveillent. Imperturbable, le cycle du temps poursuit son œuvre, bloquant les voies praticables. Le climat politique se fane, les manipulations fleurissent, rendant tout pronostic impossible, toute prévision aléatoire. L’histoire, elle, continue de dérouler ses séquences, de prolonger l’attente.
 
Ce qui compte, c’est l’obstination de notre peuple à rester dans l’espérance car, même quand tout va mal, les prévisions les plus pessimistes finissent toujours par se réaliser ; même quand l’état ronfle, siphonné par les goinfreries du sommet, et que la majorité crève la dalle, l’avenir parvient à s’affranchir de ses parenthèses.
 
L’année 2012 s’en est allée sur un suspense, 2013 démarre sur un thriller : de Glidji à Kodjoviakopé, de Mandouri à Agoènyivé, en passant par Awandjélo, Kabou et foukotè, les forces du changement se heurtent à celles de l’inertie, le mouvement réformateur est talonné par les relents autocratiques. Est-ce donc une fatalité ? Les tragédies sont-elles le passage obligé de toute émancipation, de toute révolte contre l’oppresseur ? Est-ce forcément dans les douleurs extrêmes que se dessine l’avenir des peuples, que se concrétisent les soifs de liberté et de dignité ? Interrogations cruelles, lancinantes, alors que les partis de l’opposition sont toujours à la recherche de leurs repères, que la société civile, happée par différents courants, éprouve du mal à maintenir le navire à flot et que le Togo poursuit, inexorablement, sa descente aux enfers.
 
Le tableau ne porte aucune écriture de fierté, aucun motif d’espoir. Hormis ceux des togolais dont le monde se limite au petit univers de gadgets, ce que la majorité – celle justement silencieuse – souhaite est que le régime du RPT se saborde et coule. Une chute qui ne peut qu’avoir des répercussions, somme toute, bénéfiques. L’année 2012 a, comme les précédentes, refusé elle aussi de poser les jalons d’un nouvel ordre, d’esquisser les contours d’une démocratie en construction. Une situation qui se vit dans la douleur parce que les représentants du peuple foncent dans les rares brèches ouvertes par le régime en rangs dispersés. 2013 verra-t-il un aboutissement de ces « expériences de vie », de ces éveils à la liberté, après des décennies d’infâmes dictatures, d’atteintes aux droits de l’homme les plus élémentaires ?
 
Le cas togolais est, en Afrique de l’ouest, celui de toutes les complications et, bien malin est celui qui pourrait dresser, avec précision, le portrait du Togo de demain. Cela fait longtemps déjà que le bras de fer entre les forces rétrogrades et celles d’avenir trace les sillons de fractures irréconciliables, des années de traitements inhumains et de répression hors-norme qui ont généré, naturellement, un climat d’inapaisables adversités. Et les pays occidentaux, les vieilles démocraties, sans rien faire pour rapprocher les deux extrêmes, pour mettre fin aux manœuvres de suffocation du peuple, en sont toujours à tourner en rond, autour du pot, à se poser la question de comment aider, une question à laquelle ils ont la réponse. Les Français se creusent les méninges pour trouver l’issue qui préserverait leurs intérêts, l’UE et les Occidentaux s’arrachant les cheveux pour n’avoir pas compris, assez tôt, que trop d’attentisme et de louvoiements ne pouvaient aboutir qu’à la montée du péril.
 
La question, précisément, est là : qu’est-ce qui se passera après l’inévitable chute du régime RPT ? Tiraillements et affrontement entre différents intérêts de l’opposition ? Celle-ci, s’est-elle préparée au chamboulement ? Tous les scénario-catastrophe sont restés intacts, sur la table, quand 2012 s’est hâtée de passer le relais à 2013 comme pour se décharger d’une lourde responsabilité, se débarrasser d’un lourd fardeau, celui-là même qui accable le Togo, ce minuscule et beau pays qui pourtant porte en lui les atouts de son progrès.
 
Faure Gnassingbé et ses amis, auraient été assez modestes pour énoncer à travers des textes clairs, qu’ils vont remettre au peuple, en 2015, le pouvoir usurpé à coups de fusil et de hache, qu’on n’en serait pas là aujourd’hui. Mais tant qu’existera un silence sur cet aspect, les paroles du président sonneront étranges, ses discours entreront par une oreille pour aussitôt ressortir par l’autre. Serons-nous amenés, demain, à regretter 2012 ? Ce serait reconnaître que sur la voie du salut le pire nous pend toujours au nez, un mal nécessaire qu’il va falloir apprendre à apprivoiser. Ce sera mon mot de la fin. Bonne et heureuse année à tous et à chacun. Croisons bien les doigts!
 
Kodjo Epou
 
Washington DC
 
USA
 

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