Le représentant permanent de la Cedeao au Togo, Garba Lompo est en fin de mission. Contrairement au satisfecit qu’il affiche, c’est durant son séjour au Togo que les populations ont vécu l’une des périodes les plus obscures de l’histoire du pays. Il s’est montré plutôt complaisant et complice du pouvoir. 

Après cinq années passées à Lomé, le représentant permanent de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Togo, Garba Lompo fait ses valises. Dans le cadre de son départ en cette fin de mission, il a été reçu par les autorités togolaises comme le recommande la tradition.

Ce 21 juillet 2020, il a eu un entretien avec le Premier ministre, Komi Selom Klassou. Et comme le font souvent les diplomates, Garba Lompo s’est laissé aller à l’exercice du bilan de son séjour au Togo. « Le Togo est aujourd’hui un modèle. Avec, les nombreuses réformes réalisées dans le domaine de la démocratie et de la bonne gouvernance, le Togo a une place prépondérante dans le concert des nations. La voix du pays est forte et elle porte », a-t-il déclaré. Il a aussi félicité le gouvernement pour la mise en œuvre du Plan national de développement (PND) et « l’architecture institutionnelle du développement » qu’il a décrits comme des modèles dont peuvent s’inspirer de nombreux pays africains. Garba Lompo a également vanté « la stabilité politique, le respect du principe de libre circulation et les programmes sociaux » du Togo.

Que des propos élogieux à l’endroit du Togo. En tout cas, certains en seront ravis et mettront même la main dans la poche pour souhaiter un chaleureux retour au bercail au diplomate nigérien. L’hospitalité légendaire du Togo, c’est aussi les cadeaux d’adieu dont sont friands les diplomates. Mais les esprits avisés diront que le représentant de la Cedeao au Togo a fait dans le griotisme pécuniaire en présentant ce bilan satisfaisant de son séjour au Togo.

En réalité, rien de ce qu’a baragouiné Garba Lompo ne peut se vérifier sur le terrain. Un modèle de démocratie, le Togo n’en est pas un. Les réformes réalisées sous Faure Gnassingbé ne concourent guère à l’enracinement de la démocratie, mais empêche toute action susceptible de promouvoir les valeurs démocratiques. La limitation du mandat présidentiel avec une remise à zéro du compteur pour l’actuel chef de l’Etat qui a déjà fait 15 ans de pouvoir et qui, en cas de départ du pouvoir, ne serait inquiété pour aucun crime commis lors de son mandat est un frein à la démocratie. Les réformes réalisées ont aussi trait à la confiscation de la liberté d’expression avec un nouveau code pénal des plus répressifs et une loi sur les manifestations publiques pacifiques qui interdit de facto tout regroupement qui dénonce la mauvaise gestion du pays. Difficile de comprendre dans les réformes ce qui contribue à la démocratie.

Par contre, ce qui est constant au Togo, c’est que le pays a fait l’option de la « démocratie du plus fort ». Ce qui est déjà contraire à l’idéal de la démocratie et aux valeurs qui la constituent. Pire, le Togo sous le règne du « Messi » du RPT/UNIR est devenu un champion de la gestion approximative, un promoteur de violations des droits de l’Homme et un chantre de l’impunité vis-à-vis des auteurs de crimes de tout genre. C’est aussi un modèle de la longévité au pouvoir et du règne à vie.

Garba Lompo, s’il n’a pas eu le courage de dénoncer les dérives dont s’est rendu coupable le régime durant son mandat, doit au minimum s’abstenir de propos qui alimentent la polémique. L’excuse selon laquelle le diplomate ne dénonce les mauvais agissements de son pays hôte est révolue. Les Etats-Unis d’Amérique l’ont démontré dans le cadre de l’élection présidentielle du 22 février 2020 en demandant le recomptage des voix. Ce que le désormais ex-représentant permanent de la Cedeao feint d’oublier, c’est que l’histoire a retenu que c’est sous son mandat au Togo que le pays a falsifié, impunément, les recommandations issues du 53ème sommet de la l’organisation ouest-africaine à Lomé. On retient aussi que c’est sous le magistère de Garba Lompo à Lomé que le régime a organisé une élection législative à la hâte et sans la participation de la vraie opposition, et proclamé Faure Gnassingbé réélu pour un 4ème mandat à la tête du pays, à l’issue d’une mascarade électorale.

Pendant cinq années, Garba Lompo n’a pas eu l’honnêteté ou le courage de faire comprendre au pouvoir de Lomé II que le Togo est une curiosité dans la région ouest-africaine et que l’avènement d’une démocratie véritable est inéluctable. Face aux violations massives des droits de l’Homme, il est resté inactif et s’est muré dans un silence complice quand le régime a envoyé dans la rue ses miliciens sous la protection et la bienveillance des forces de défense et de sécurité pour réprimer ceux qui osaient dénoncer la mauvaise gestion du pays. Peut-être que les nombreux morts enregistrés ne suffisent pas pour démontrer que le Togo a reculé en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme. Rien qu’entre juillet 2017 et juillet 2018, il y a eu 22 morts dans la répression des manifestations contre le pouvoir, selon un rapport de la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH).

Nous passons sous silence le rôle néfaste attribué à Garba Lompo dans l’enlisement de la crise sociopolitique au Togo. Il peut se satisfaire d’avoir été du côté de la dictature. C’est en réalité son bilan pour les cinq ans passés au Togo.

G.A./ Liberté Togo

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