Le ministre Kodjo Adédzé
Le ministre Kodjo Adédzé

Un désordre s’organise dans le secteur de la boulangerie au Togo. Sans en avoir le droit, des organisations de boulangers augmentent le prix du pain et contraignent leurs membres à s’y conformer. Une situation qui interpelle le gouvernement, dans cette période difficile de la crise sanitaire de la Covid-19.

Depuis le début de la semaine, les consommateurs ont été surpris par une hausse du prix de la baguette de pain. Cette augmentation, à en croire la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), est le fruit de la pression exercée sur les boulangers par leurs organisations de base. En plus, les producteurs de pains qui ne se plient pas à cette décision subissent des représailles. Et cela ne se passe pas qu’à Lomé. « Nous avons un souci avec les boulangeries qui nous livrent les pains. Ils nous ont dit qu’ils augmentent le prix de la baguette, sans nous concerter. Ils ont augmenté le prix et les gens refusent d’acheter le pain. Certains boulangers ont compris que la situation de boycott ne les arrange pas et ils sont revenus à l’ancien prix. Quand les organisations de boulangers l’ont appris, elles ont commencé à proférer des menaces. Certains ont même écopé d’amendes pour n’avoir pas respecté la décision de leurs associations », explique une revendeuse de pains dans la banlieue nord de Lomé.

La principale interrogation est de savoir pourquoi les organisations de boulangers ont pris cette décision qui n’est pas de leur ressort. Selon la législation togolaise et dans la pratique, l’initiative de la modification du prix du pain devrait provenir du ministre en charge du Commerce. Cela se fait sous la forme d’un arrêté ministériel. Cette décision doit d’ailleurs faire l’objet de discussions avec les organisations des consommateurs.

Pour avoir ignoré cette étape importante et pris une décision qui revient au ministre du Commerce, la LCT estime que les organisations à la base de cette augmentation sont ni plus ni moins dans la posture de défiance de l’autorité. Elle rappelle aussi que le contexte de crise socio-économique actuelle ne permet pas de procéder à une augmentation des prix. « La Ligue met en garde les auteurs contre les conséquences d’une hausse inopportune du pain (une denrée de grande consommation) dans un contexte de misère accentuée par la crise sanitaire de Covid19. Elle interpelle le ministre du Commerce dont l’autorité est ainsi usurpée à prendre la mesure de la situation et à rappeler à l’ordre les auteurs de cette augmentation », lit-on dans une déclaration publiée hier.

En réalité, le ministre du Commerce, Kodjo Adédzé ne devrait pas tarder à réagir face à une situation aussi alarmante. Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19 dans notre pays, le gouvernement a interdit l’augmentation du prix des denrées de première consommation. Le pain en faisant partie, les organisations de boulangers à la base de cette hausse tombent sous le coup de la loi, en violant la décision du gouvernement, en plus d’avoir outrepassé leurs prérogatives en fixant de nouveaux prix pour le pain.  

Dans nos recoupements pour comprendre les raisons qui peuvent soutenir cette augmentation, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y en a pas. D’après les informations, il n’y a pas eu une récente augmentation du prix des intrants. La farine de blé et les autres ingrédients utilisés dans la fabrication du pain sont toujours livrés aux mêmes prix. Rien ne justifie alors cette manœuvre qui nuit premièrement au consommateur.

Dans sa déclaration, la LCT est revenue sur l’utilisation toujours effective du bromate de potassium dans la fabrication du pain alors que ce produit est interdit d’importation, de commercialisation et d’utilisation au Togo du fait de son caractère cancérigène. Malgré ce constat, la LCT se dit toujours prête à les accompagner les professionnels de la boulangerie dans les reformes pouvant leur permettre de rentabiliser leurs investissements. « A condition, martèle la Ligue, qu’ils abandonnent l’utilisation du bromate de potassium ». 

G.A. / Liberté Togo

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