« Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 » (Alassane Dramane Ouattara)
Alassane Dramane Ouattara à la croisée des chemins. La Côte d’Ivoire sur le fil du rasoir. Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) à la case départ. Que des affirmations qui, il y a encore quelques heures, n’auraient pas de sens. Mais avec le décès subit d’un seul homme, Amadou Gon Coulibaly, toute une série d’équations deviennent difficiles à résoudre, même avec une seule inconnue.
Relégué au second plan le projet de remplacement du franc CFA. Tous les ingrédients semblent réunis pour voir l’actuel Président ivoirien ravaler sa promesse. Comme pour confirmer la citation de Henri Queuille selon laquelle « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».
Amadou Gon Coulibaly aura lutté contre la mort, en vain. Et peut-être qu’il serait encore de ce monde si bien que malade, il n’est pas tiré à hue et à dia et n’avait pas été peut-être « contraint » à assister au conseil des ministres mercredi pour prouver aux Ivoiriens qu’il se porte comme un pont neuf. Mais que se passera-t-il après ce décès ?
« Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020… Cela a été un honneur de servir mon pays », avait juré Alassane Ouattara il y a quatre mois, plus précisément le 5 mars 2020 devant les quelque 352 parlementaires réunis en Congrès dans l’amphithéâtre de la Fondation Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. Il avait dans la foulée pesé pour que Amadou Gon Coulibaly soit son dauphin. Et avait exclu toute possibilité de prévoir un plan B au cas où. Nous y voilà !
Nous avons encore souvenance que ce choix n’avait pas réuni l’assentiment de tous. Mais contre mauvaise fortune, certains avaient fait bon cœur. Depuis mercredi, la donne a changé et la Côte d’Ivoire en général et le RHDP en particulier se demandent ce qui va se décider à trois mois de la présidentielle. Une élection qui pourrait rebattre toutes les cartes de la politique de ce pays.
Henri Konan Bedié s’est déjà positionné. Laurent Koudou Gbagbo frappe aux portes de son pays pour concourir. Et si Alassane Ouattara décidait d’ouvrir le jeu en autorisant le second à rentrer pour aussi tenter sa chance ? Ce qui pacifierait du coup biens des cœurs. Parce qu’une chose pourrait se produire, c’est de voir Ouattara se porter candidat tout en voulant empêcher Gbagbo de rentrer. Une ségrégation qui pourrait rallumer des rancœurs enfouies dans des cœurs.
La Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins. Et Alassane Ouattara, au-delà du décès dommageable de son dauphin, pourrait saisir cette occasion pour dessiner autrement la carte de son pays. En bien ou en mal. Le RHDP aussi est à l’épreuve de la vie. Ce parti reflète-t-il vraiment la démocratie et la paix ? L’avenir nous le dira.
Godson KETOMAGNAN / Liberté Togo