Il y a un peu plus d’un mois, un de mes collègues de l’université, militant du RPT, voulait savoir les raisons pour lesquelles je participais aux marches organisées par le Front Républicain pour le Changement (FRAC) chaque samedi à Lomé. Je me suis rappelé de ce qu’un de mes professeurs de lycée nous avait raconté. Un jour, sous l’époque coloniale, il a débouché sur un groupe impressionnant de manifestants qui scandaient à tue-tête : « Nous ne voulons pas ! Nous ne voulons pas ! » Et au professeur de demander à un de ces manifestants : « Que ne voulez-vous donc pas ? Est-ce que moi je sais, » lui répondit ce manifestant, qui sans perdre une seconde, rejoignit le groupe en scandant encore plus fort : « nous ne voulons pas, nous ne voulons pas. » Je sais que beaucoup de compatriotes posent la même question à beaucoup d’entre nous qui marchons, surtout que pour eux ces marches ne semblent pas donner de résultats. Alors pourquoi marchons-nous ?
 
Pour l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), nous marchons parce que Faure Gnassingbé et le RPT ont volé aux Togolais leur victoire aux élections présidentielles du 4 mars 2011. Nous marchons parce que nous voulons que les élections aient un sens au Togo. Nous marchons parce que, malgré le satisfecit accordé par la communauté internationale aux autorités togolaises au lendemain de l’élection présidentielle du 04 mars 2010, le pays se caractérise encore par une crise politique, économique et sociale profonde, une gestion opaque des finances publiques, une généralisation de la corruption confortée par la persistance de l’impunité, la politisation et l’ethnicisation de la justice et de l’administration publique. Nous marchons parce que les Droits de l’homme et des citoyens sont de moins en moins respectés. Pour preuve, l’emprisonnement depuis plus de deux ans du député Kpatcha Gnassingbé sans que son immunité parlementaire ait été enlevé et sans droit de visite de sa femme. Pour preuve l’exclusion de neuf députés de l’opposition appartenant au parti de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), prononcée le 22 novembre 2010 par la Cour Constitutionnelle, au mépris des dispositions de la Constitution et du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. Pour preuve l’emprisonnement après la torture de Monsieur AGBA et l’emprisonnement de Monsieur Essohamlon Sama initiateur de Redémarre. Pour preuve l’arrestation du député Robert Olympio sans autre forme de procès lors d’une manifestation du FRAC. Pour preuve la violence inouïe dont font usage les agents des forces de l’ordre pour réprimer les manifestations du FRAC et l’interdiction à l’opposition de manifester à l’intérieur du pays. Nous marchons pour que le Togo soit gouverné autrement. Nous marchons enfin surtout parce que trop c’est trop. Pour comprendre la suite de notre analyse, un rappel chronologique des évènements qui cristallisent la haine et la frustration méritent d’être fait.
 
RAPPEL HISTORIQUE DES FONDEMENTS DE LA CRISE
 
Le coup d’état du 13 janvier 1963, qui vit l’assassinat de Sylvanus OLYMPIO, premier président démocratiquement élu du pays ouvrit la voie aux années sombres de la vie politique au Togo. Le gouvernement dirigé par Nicolas Grunitzky mis en place après ce coup d’état militaire, a été à son tour renversé par un deuxième coup d’état militaire le 13 janvier 1967. Après une courte transition conduite par le Colonel Dadjo, le Lieutenant-Colonel Eyadéma Gnassingbé, fut porté au pouvoir qu’il ne quitta qu’à son décès le 5 février 2005. Son règne long sans partage 38 ans durant, qui a connu un bref intermède entre 1991 et 1993, fut marquée par une dictature implacable et par la création en 1969, du parti unique, le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) .
 

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