Gabriel Messan Agbeyomé Kodjo. C’est le candidat unique (sic) choisi par Mgr Philippe Fanoko Kpodzro pour représenter l’opposition – ou une partie – à l’élection présidentielle. Depuis l’officialisation de son choix dans les dernières heures de la Saint-Sylvestre, le sujet est au centre de toutes les conversations. A certains qui lui font des procès peu ou prou fondés de son passé politique, s’adjoignent d’autres qui préfèrent positiver et  appréhender son choix sous un prisme spirituel. L’intéressé même tente de se défendre à travers des interventions tous azimuts – à titre d’exemple, il nous a accordé une interview dans la parution de mardi – et de ratisser large. Mais au-delà de ce branle-bas manifeste, des questions légitimes se posent…

Jamais sujet n’aura divisé autant l’opinion. Depuis l’officialisation de l’identité du « candidat unique de l’opposition » version Mgr Kpodzro, c’est le sujet phare au centre de toutes les conversations. Il semble même ravir la vedette à la problématique de la candidature de Faure Gnassingbé entourée d’un véritable mystère. A côté, des émissions interactives se multiplient sur les chaines radios où la parole est donnée aux auditeurs. Et la divergence des avis est le constat implacable. Mais au-delà de la polémique, il y a de vraies questions à poser ou plutôt des appréhensions à nourrir…

De l’acceptation par les autres candidats

Le choix de Gabriel Messan Agbeyome Kodjo pour incarner la candidature unique de l’opposition est-il accepté par les autres aspirants à la magistrature suprême ? Au-delà du débat fou sur le sujet, voilà la première question qui devrait se poser et donc la première problématique à régler.

Ils sont une bonne dizaine de partis politiques de l’opposition et/ou candidats déclarés à l’élection présidentielle à s’être inscrits dans la dynamique initiée par Mgr Philippe Fanoko Kpodzro pour la désignation du candidat unique, la mutualisation des forces pour l’avènement de l’alternance en 2020 et se retrouver constamment à ses rencontres initiées. Le bon sens aurait voulu que tous les membres de cette coalition connue sous le nom de « forces démocratiques » brisent le silence suite à l’officialisation du choix Agbeyomé Kodjo. Les candidats déclarés particulièrement devraient monter au créneau et exprimer publiquement leur ralliement à ce choix et surtout le retrait de leurs candidatures. Mais depuis le 31 décembre, ils se font désirer, laissant leur candidat unique (sic) seul de débattre comme un beau diable pour se défendre, convaincre et ratisser large. Est-ce à dire que le choix du prélat ne les agrée pas ? Question pour plusieurs champions.

De tout le lot, seule la C14 qui constitue le phare de cette initiative de Mgr Kpodzro, a communiqué sur ce choix. Mais ici aussi, l’on ne sent pas vraiment une acceptation de ce choix et un soutien formel au « candidat unique ». La Coalition, à travers un communiqué rendu public le vendredi 3 janvier, a juste pris acte (sic) du choix. Pour la gouverne de ceux qui l’ignoreraient, cette expression (prendre acte) signifie simplement « retenir formellement une information, dans le but de pouvoir s’en prévaloir plus tard », son usage est une façon habile de ne ni avaliser, ni rejeter une mesure. Dans le cas présent, ce n’est nullement une validation de la désignation d’Agbeyome Kodjo. Tout porte à croire que la C14 en a à travers la gorge et la suite du communiqué édifie davantage. Tout en rappelant sa préférence pour le choix d’un candidat unique issu des rangs de la société civile, le regroupement dirigé par Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson a appelé «au sens patriotique de tous en vue de la constitution d’une union sacrée des Forces démocratiques autour d’un candidat consensuel pour la victoire et l’alternance ». A lire entre les lignes, ce fameux « candidat consensuel pour la victoire et l’alternance » n’est pas Agbeyome Kodjo, avec l’usage de l’article indéfini (un).

Si le choix n’est pas manifestement soutenu au sein même des forces démocratiques, ce n’est pas évident qu’il soit accepté au-delà par les autres candidats qui ne se sont pas inscrits dans la dynamique et toute l’opposition…

De l’attitude de l’électorat

Aucun débat n’est possible sur les compétences personnelles d’Agbeyome Kodjo. L’homme a eu le cursus politique des plus réguliers du Togo qui légitime son aspiration à la magistrature suprême. « De tous les Présidents connus par le Togo, s’il faut en juger par le cursus, Agbeyome Kodjo en offre le meilleur pour accéder à la magistrature suprême, à l’instar de ce qu’on trouve chez les Blancs. Le gars a été ministre, Président de l’Assemblée nationale, Premier ministre…La Présidence de la République n’est que la dernière marche », concède un de ses anciens détracteurs. Mais pour se faire élire Président de la République, Agbeyome Kodjo devra être adoubé dans les urnes par les électeurs. C’est justement ici que ce n’est pas garanti.

L’homme, on le sait, n’a pas une bonne image au sein de l’opinion. Et c’est son plus gros  handicap dans sa marche vers la Présidence de la République. A tort ou à raison, il est fait au « candidat unique » le procès de sa participation à l’implantation du régime cinquantenaire « humanicide » en place et surtout d’actes assimilés à des crimes contre le peuple togolais en lutte pour l’alternance dont les tueries de Fréau Jardin le 25 janvier 1993. Agbeyome Kodjo s’est plus d’une fois déjà défendu sur le sujet et dédouané, mais visiblement il n’aura convaincu que soi-même. Cet épisode semble lui coller à la peau et il aura du mal à s’en défaire. Il lui est également reproché ses inconstances politiques qui le voient flirter tantôt avec l’opposition, tantôt avec le pouvoir – pendant l’idylle avec le régime, il n’hésite pas à s’en prendre de façon véhémente à ceux qui maintiennent le flambeau de la contestation -, exemple de son appel aux populations à voter Faure Gnassingbé en 2015, entre autres.

Il a beau se défendre, les Togolais gardent malheureusement d’Agbeyome Kodjo, bien au chaud dans leur subconscient, l’image d’un complice du régime cinquantenaire maléfique en place. Il est donc poursuivi par son passé ou plutôt ses fantômes politiques et il faudra plus que de l’exorcisme pour l’en défaire. Difficile dans ces conditions de se faire adouber dans les urnes par ces mêmes populations qui lui font des tas de reproches. Mais il y a également une frange qui, sans pour autant vouloir répondre aux critiques peu ou prou fondées sur la personne, préfère positiver ce choix de l’archevêque émérite de Lomé et même capitaliser l’origine politique de l’homme et ses compétences professionnelles. Agbeyome Kodjo, on le sait, est un produit politique du régime où il a fait ses armes, et ceux-ci appréhendent cela comme un atout (sic) pouvant convaincre le clan RPT/UNIR de lui céder facilement le pouvoir qu’à un autre bien connu dont on redoute une éventuelle vengeance en cas de montée au trône – suivez juste les regards – et surtout l’armée qui constitue le soubassement du régime à l’accepter…Bien plus, certains, plutôt superstitieux, appréhendent son choix comme un signe de la Providence…

Les jours et semaines à venir situeront.           

Tino Kossi

source : Liberté

1 commentaire

  1. De tous les Présidents connus par le Togo, s’il faut en juger par le cursus, Agbeyome Kodjo en offre le meilleur pour accéder à la magistrature suprême, à l’instar de ce qu’on trouve chez les Blancs. Le gars a été ministre, Président de l’Assemblée nationale, Premier ministre…La Présidence de la République n’est que la dernière marche »
    Ces propos font rire aux chaudes larmes.
    1- on connait tous la période à laquelle Kodjo a occupé tous ces postes, et de nous poser aussi la question sur quelle compétence particulière Kodjo a t il accédé aux dits postes? Nous savons tous comme ce qui continue d’ailleurs dans le pays qu’il faut savoir applaudir au chef pour avoir une place . Selon certains dires quelqu’un a été nommé ministre pour le seul fait d’avoir apporter au farfelu Eyadema des crabes pour sa consommation personnelle. …Dans un tel régime que vaut un ministre? Qu’est ce qu’un ministre???????? C’est très ridiculous de se bomber la torse en exhibant tous ces titres qui en réalité ne correspondent à aucune compétence particulière qu’au clientélisme de l’individu d’une part et à la médiocrité de l’ensemble du système de l’époque en général.
    2-Nous connaissons aussi la valeur des élections avec leur lot de fraudes à cette même époque, c’etait une pure nomination la députation à cette époque comme ce à quoi nous avions assisté au cours de la dite dernière election legislative.Par referent, la présidente actuelle de l’assemblée nationale, à part toute hypocrisie, je dis bien exclue toute hypocrisie malhonnêteté de la personne elle même, peut elle s’égosiller d’être à cette place par ses propres compétences??? Ou d’une par une compétence particulière faisant d’elle seule apte à occuper ce poste???????
    Bref il faut vraiment relativiser la posture de kodjo,qui en réalité n’ a été qu’un grand voleur du port autonome de Lome qui ne fesait que fêter des milliards chaque dimanche, le criminel de freau jardin qui n’a aucune popularité même dans son village. La preuve lorsque le système rpt-unir la rejeté lui qui a toujours gagné les élections législatives dans son propre village, tout juste les législatives qui ont suivi après sa déchéance a t il gagné?????
    Non ! Il a été rouler dans la farine par un petit candidat du CAR alors où sont partis d’un coup tous ceux qui votaient pour lui même dans son village de naissance??????
    3- Kodjo se trompe d’une chose et pense surtout que les Kabye sont des idiots. Je m’explique.
    En effet, vous allez écouter kodjo répéter à tout celui qui l’écoute qu’il est héritier d’eyadema; il arrive même qu’il y ajoute même le SEUL héritier politique d’Eyadema.
    Par ces propos il pense séduire qui????????l’électorat Kabye essentiellement je dirai même pas rpt. Or ce qu’il ignore dans sa tête, les Kabye ne sont pas des idiots-stupides qui donnent un blanc sain à Eyadema lui même.Il ya des Kabye qui acceptent Eyadema parcequ’il est des leur mais ils sont conscients des bêtises, des injustices ,maltraitances voire du tribalisme qu’exerce Eyadema sur leurs différents groupes( l’homme de pya haut n’a pas la même audience chez eyadema que l’homme de pya bas, l’homme de koumea aussi kabye n’a pas la même audience que l’homme de pya en général….).Les kabye sont aussi des hommes reflechis qui aspirent aussi bien au changement comme toute autre togolais fatigués tous d’un régime nauséabond et injuste qui maintient tout le monde dans les brides de la pauvreté et de la bestialité, donc dire qu’on est héritier d’eyadema en pensant récupérer le vote des kabye est non seulement insultant pour les Kabye mais aussi une illusion catastrophique.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here