Sept des codétenus de Kpatcha Gnassingbé « enlevés » et transférés à l’intérieur du pays
Le gangstérisme d’Etat continue avec le pouvoir de Faure Gnassingbé. Sept (7) des détenus de l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat ont été pratiquement kidnappés à la prison civile de Lomé et conduits aux geôles de l’intérieur du pays. Un « enlèvement » qui est intervenu à l’aube du samedi dernier, au grand dam des agents de l’administration pénitentiaire.
Il sonnait 5h ce samedi 24 septembre quand des éléments des forces de sécurité sont allés annoncer à sept des détenus de l’affaire d’atteinte à la sûreté qu’ils étaient demandés à l’administration pénitentiaire. S’étant réveillés à peine, ces détenus ont juste mis les habits qui leur sont tombés sous la main pour répondre à l’invitation. Arrivés devant les responsables de l’administration pénitentiaire, il leur a été signifié qu’ils allaient être transférés sur le champ à l’intérieur du pays et qu’il était hors de question qu’ils retournent chercher leurs affaires. Malgré leurs supplications, ils ont été embarqués pour des destinations inconnues. Interpellé par certains détenus, le directeur de l’administration pénitentiaire aurait déclaré que la décision de leur transfèrement n’émane pas de lui mais de ceux qui gèrent directement cette affaire.
Ce n’est que plus tard qu’on apprendra que le capitaine Casimir Dontéma et Sassou Sassouvi, employé à l’ambassade des Etats-Unis jusqu’au fameux « putsch de Pâques », sont transférés à la prison civile de Sokodé alors que Tchinguilou Sondou, Pali Aféïgnidou et le commandant Abi Atti sont envoyés à Atakpamé où règne le tristement célèbre major Kouloum. Quant aux deux autres, Essozimna Gnassingbé (Esso) et Kouma Towbeli, ils sont à la prison civile de Tsévié. Il ne reste donc à Lomé que Kpatcha Gnassingbé, le capitaine Lambert Adjinon, l’adjudant-chef Ogbakiti Séidou, Esso Kassiki et le général Assani Tidjani toujours hospitalisé au pavillon militaire du CHU-Tokoin. Des transfèrements qui se sont déroulés derrière les avocats qui ont rendu public un communiqué pour s’insurger contre le gangstérisme d’Etat (lire la déclaration ci-dessous).
« Ce qui s’est passé à la prison civile de Lomé samedi dernier est ni plus ni moins un kidnapping. Je n’ai jamais vu ça nulle part. Et C’est la preuve que le Togo est un Etat voyou. Ceux qui croient que Faure Gnassingbé a fait condamner son frère et ses compagnons d’infortune à de lourdes peines d’emprisonnement pour les gracier plus tard, doivent commencer à se raviser », affirme un magistrat.
Même jugés et condamnés par la justice aux ordres, les détenus sont l’objet de persécutions jusqu’à la prison. D’abord, le gouvernement veut leur mener la vie dure en les éloignant de leur famille. « L’objectif de ces transfèrements est de leur saper le moral. La stratégie a été toujours ainsi : les affaiblir sérieusement avant une quelconque libération. Souvenez-vous de Narcisse Djoua, qui est sorti de la prison totalement groggy. Déjà, certains détenus ont déclaré lors du procès qu’ils développent aujourd’hui certaines maladies à cause des traitements inhumains et dégradants qui leur avaient été infligés à l’Agence nationale de renseignement (ANR) et au Camp général Gnassingbé Eyadema (RIT) », explique un gendarme à la retraite.
En outre, certains observateurs voient en ce transfèrement forcé des détenus une volonté de saborder les enquêtes de la CNDH sur les allégations de torture. « Jeudi dernier, une délégation de la CNDH est allée rencontrer des détenus en présence de leurs avocats. Certains ont déjà fait leur témoignage sur tout ce qu’ils avaient enduré lors de la détention préventive. Le rendez-vous est pris sur aujourd’hui lundi afin que les autres aussi puissent témoigner. De sources proches de la CNDH, des confrontations seraient prévues entre les victimes et les tortionnaires pour la manifestation de la vérité. La Commission envisage également de commander des expertises médicales. En prenant cette décision de transférer des détenus à l’intérieur du pays, les autorités togolaises veulent tout simplement compliquer la tâche à Koffi Kounté et son bureau. Comme quoi rien n’est sincère avec ceux qui prétendent nous diriger », confie un responsable d’une organisation de la société civile.
Pour un diplomate qui a requis l’anonymat, Kpatcha Gnassingbé et ses codétenus continuent de faire peur au pouvoir, et c’est pour éviter que le pire ne se produise qu’on a décidé de les séparer.
Mais quelles qu’en soient les raisons, il est impérieux que la CNDH exige le retour à Lomé des sept détenus « enlevés » et transférés à l’intérieur du pays. Il y va de sa crédibilité déjà mise à mal par ses attitudes attentistes antérieures.
Coco Tchak
Les avocats de la défense dénoncent une mesure cavalière digne d’un Etat voyou, prise à leur insu
Le samedi 24 septembre 2011, les Avocats de la défense dans l’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat ont été informés par des sources proches de la prison civile de Lomé du transfèrement de certains de leurs clients à l’intérieur du pays, les uns à Tsévié, les autres à Atakpamé et d’autres encore à Sokodé.
Il ressort des vérifications faites par les conseils que ce samedi 24 septembre 2011 à 5 heures du matin, les agents des forces de sécurité se sont introduits dans les cellules de nos clients à la prison civile de Lomé et leur ont déclaré qu’en dehors de Kpatcha Gnassingbé, Kassiki Esso, Adjinon Kossi et Séidou Ougbakiti, les autres sont demandés par le directeur.
C’est ainsi que séance tenante, ils ont été sortis de leurs cellules et immédiatement embarqués pour une destination inconnue sans leur avoir permis de prendre leurs effets personnels.
Les conseils de la défense dénoncent cette mesure cavalière digne d’un Etat voyou, prise à leur insu pour les raisons ci-après :
1. Les avocats des condamnés n’ont pas été informés de cette mesure, il en est de même pour leurs familles ;
2. La plupart des détenus sont dans un état de santé précaire et alarmant dû aux actes de tortures et autres formes de traitements inhumains, cruels et dégradants par eux subis dans les différents lieux de détention et qui nécessite un suivi médical et psychologique approprié ;
3. L’enquête relative aux allégations de tortures et autres formes de traitements inhumains, cruels et dégradants diligentée par la CNDH n’est qu’à ses débuts avec des confrontations et des expertises médicales prévues ;
Les avocats de la défense tiennent à préciser que les droits de leurs clients tels que le droit d’être emprisonné dans un lieu proche de son domicile habituel, le droit de communiquer avec leurs avocats, le droit de visite de leur famille et amis, le droit d’être traité avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine etc. prévus par l’ensemble des principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, adoptés par les nations unies ont été violés.
Les avocats de la défense exigent que tous les détenus ainsi transférés soient ramenés sans délai à la prison civile de Lomé en vue de la poursuite de l’enquête diligentée par la Commission Nationale des Droits de l’Homme. Il y va du sérieux de l’enquête et de la crédibilité de la CNDH.
Fait à Lomé, le 24 septembre 2011
Pour les avocats de la défense
Me Zeus AJAVON
Me Jonas SOKPOH
Me Jérôme AMEKOUDI
Me Raphaël N. KPANDE-ADZARE
La sécurité des détenus de plus en plus menacée
Depuis le 1er septembre, il se passe beaucoup de choses bizarres à la prison civile de Lomé, faisant craindre le pire à Kpatcha Gnassingbé et codétenus. Leur sécurité serait bien menacée.
« Ma vie est entre vos mains ». Voilà ce qu’aurait dit Kpatcha Gnassingbé au directeur de l’administration pénitentiaire compte tenu de la présence dans l’enceinte de la prison de lugubres individus. Selon les informations en notre possession, la fameuse Agence nationale de renseignement (ANR) continue de marquer à la semelle les détenus dans l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Des éléments de cette agence seraient mués en prisonniers afin de suivre les faits et gestes des détenus et d’en rendre compte à qui de droit. Une présence qui inquiète fortement l’ancien ministre de la Défense et ses codétenus.
« Leur sécurité est menacée à cause des mouchards qui épient tout le monde. Connaissant les pratiques du régime, ils ont peur d’être empoisonnés ou tués après un accident savamment orchestré dans l’enceinte de la prison. Ce qui fait qu’ils sont toujours sur le qui-vive et dorment à peine », affirme une source proche des familles des détenus.
C. T.
source: grope liberté hebdo togo