Luc Abaki
Luc Abaki

Le besoin, au plan mondial, d’organiser la société et de conscientiser aussi bien les gouvernants que les peuples sur l’importance de certaines professions, ont poussé  les nations-unies à adopter des journées dites mondiales dédiées à ces activités.

On parle ainsi de la journée mondiale des droits de l’homme, des droits de la femme, des handicapés, de l’eau, de lutte contre la famine etc. Ainsi, la journée du 03 mai est retenue comme celle consacrée à la presse et les organisations internationales de protection des droits des journalistes ainsi que les regroupements au plan national dans chaque pays, organisent des manifestations, font le bilan de leurs activités, dressent les cas de violations des droits de leurs membres etc.

Une manière sûrement de rappeler aux dirigeants, l’importance que revêt chacune de ces activités et l’intérêt de les protéger etc.

Mais depuis des décennies que, notamment, la journée de la liberté de la presse est retenue, je n’ai pas le sentiment d’observer une évolution manifeste  des conditions de vie et de travail des journalistes et encore moins en termes de protection réelle de leurs droits.

Cela cause malheureusement un préjudice grave sur le processus de régulation même de nos sociétés, en l’occurrence en Afrique et sur la perspective de leur évolution.

Car en effet, le métier de journaliste ne devrait pas être perçu comme un métier entre autres, mais une clé qui sert à ouvrir les portes du Vivre Ensemble. Pourquoi ?

Simplement parce que le journaliste est le chaînon essentiel dont l’action donne un sens à l’existence même de la société.

Du fait même qu’il ne peut exister de société humaine sans interchanges à travers l’information et la transmission de messages, et dès lors que le journaliste travaille exclusivement sur les faits et les principes qui régissent le Vivre Ensemble, il en devient nécessairement le moteur.

Prenons une image simple pour illustrer ce fait. Le 27 avril, le Président de la République du Togo, Faure Gnassingbé a fait une adresse à la nation. En quoi a consisté cette adresse?

Celui-ci s’est juste assis dans son bureau douillet, et a lu son message pendant qu’une caméra l’enregistrait. C’est tout. Comment le peuple, dans son ensemble, a-t-il été en possession d’un tel message ? Par le canal des médias dont les acteurs sont des journalistes.

Ceci signifie donc qu’il est impossible de gouverner un peuple, de le réguler et de lui infuser une vision et des valeurs s’il n’existe de journalistes qui en font le relai. Il suffit tout simplement d’observer le mécanisme même de fonctionnement d’une société organisée, pour comprendre que tout dirigeant réellement visionnaire sait, par pur bon sens et par intelligence, que son seul et vrai allié dans l’exercice de sa mission reste indiscutablement le journaliste.

Voilà pourquoi il est communément dit que ce sont les journalistes qui font et défont les hommes politiques.

Un dirigeant qui a compris ce principe n’a donc plus besoin que l’on lui rappelle chaque année le rôle primordial que joue le journaliste dans l’exécution de sa propre mission à lui.

Ainsi, brimer les journalistes, les clochardiser, les étouffer, les emprisonner pour des motifs liés à l’exercice de leur fonction, sont des actes qui rendent compte de l’ingratitude des dirigeants vis-à-vis de ces derniers, car eux-mêmes ne seraient ni connus ni compris par le peuple sans l’existence et l’action des journalistes.

Il est donc un acte d’intelligence pour les dirigeants, de travailler rigoureusement à épanouir les acteurs de la profession de journaliste dans leur pays, car de l’efficacité de celle-ci, dépend le regard que le peuple porte sur ses dirigeants, son niveau de confiance vis-à-vis d’eux et son apport dans l’oeuvre de construction des nations.

Si nos pays continuent autant de patauger dans le désordre et l’anarchie et les gouvernants éprouvent autant de peines à discipliner le peuple et à créer une conscience nationale autour des valeurs essentielles, c’est précisément parce qu’ils n’ont pas compris que le vrai raccourci pour réussir tout ceci reste les journalistes.

Les pays développés l’ont bien compris et ont construit intelligemment de grands médias ainsi que de grands journalistes en vue d’envahir le monde. Et ils ont réussi !

Luc Abaki

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