L’on savait depuis très longtemps que l’année 2020 sera marquée par l’organisation de l’élection présidentielle devant permettre d’élire le prochain Président de la République. C’est ce processus qui concentre toutes les attentions, tant des acteurs politiques, de la société civile que des citoyens. Mais tout porte à croire que ce ne sera pas le seul scrutin organisé cette année. En tout cas, à en croire le candidat raté à la présidentielle du 22 février prochain, Gerry Taama. 2020 verrait également se tenir les élections régionales, précisément en avril-mai. Mais le pouvoir entoure la chose d’un secret d’Etat, comme d’habitude…

Des régionales prévues en 2020, selon Gerry Taama

La renonciation à la candidature formelle auprès de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) alors qu’il était le tout premier à officialiser ses intentions et même se faire investir par son parti, le Nouvel engagement togolais (NET), continue d’alimenter la polémique et susciter des conjectures. A tort ou à raison, beaucoup voient derrière cette décision un marchandage (sic) de sa candidature contre…Ces conjectures justement fâchent l’homme qui a tenu à réagir aux commentaires malveillants à son encontre sur la toile. Et c’est dans cette réaction publiée sur les réseaux sociaux qu’il a révélé l’information au sujet des élections régionales.

« Le 24 août 2019, en décidant de participer à l’élection présidentielle avec un candidat investi, une seule consultation électorale était prévue pour se dérouler en 2020 : les présidentielles. Avec l’implication de la communauté internationale, notamment la CEDEAO, c’est désormais deux élections nationales que nous aurons en 2020. Les présidentielles et les régionales », a révélé Gerry Taama, et de tenter de justifier le retrait de sa candidature : « Deux élections en un semestre, le NET ne peut pas competir avec efficacité sur les deux fronts. Il fallait faire un choix. Le comité national a pris celui des régionales qui peuvent vous apporter des conseillers régionaux, voire des sénateurs. C’est aussi simple que ça. Représentant environ 6% de l’électorat suite aux municipales, le NET tablait sur 10 à 15 % lors des présidentielles. Il fallait donc s’appuyer sur les autres candidats pour espérer un second tour qui permettra de battre Unir et avoir l’alternance. Sauf que les autres ne bougent pas. Depuis que Faure est officiellement candidat, on le voit au moins sur le terrain en train de faire tout ce que tout candidat sérieux doit faire, c’est-à-dire aller vers les populations car la campagne est courte, 15 jours. Pendant ce temps, ceux qu’on appelle les cadors de l’opposition font la cigale à Lomé. Bref, c’est notre stratégie politique. Les présidentielles, c’est juste un candidat. Les régionales, c’est des centaines de candidats qui vont contribuer à renforcer notre parti sur le terrain. Nous avons donc affecté nos ressources de la campagne présidentielle pour les régionales. Nous n’avons jamais été dans l’incapacité de participer à cette élection. Tout était presque prêt avant que nous ne découvrions l’existence et l’imminence des régionales. Le gouvernement à dessein, ne communique pas dessus pour nous surprendre. (…) Notre objectif immédiat, c’est les élections régionales d’avril-mai 2020 ».

L’information gardée secrète

Diversion de Gerry Taama pour brouiller les pistes au sujet du retrait-surprise de sa candidature ? Difficile de prendre ces arguments pour argent comptant. Mais l’intérêt de sa réaction est la révélation des intentions du pouvoir d’organiser les élections régionales aussi prévues, dans le cadre de la décentralisation…

Si l’information selon laquelle le pouvoir prévoit d’organiser les élections régionales en avril-mai 2020 est avérée, cela induit qu’il veut la garder secrète. Ce ne serait pas vraiment surprenant car cela fait partie des nouvelles stratégies du régime pour gruger l’opposition. En effet, cette tactique consistant à entourer le processus électoral de secret d’Etat, a pour dessein de maintenir les adversaires politiques dans le flou, les empêcher de se préparer en conséquence au scrutin et les surprendre au dernier moment par l’annonce. Pendant ce temps, le pouvoir lui-même s’y prépare dans l’ombre. Avec l’impréparation, l’opposition est donc prise de court et cela affecte ses performances à ce scrutin. Cette stratégie a été inaugurée avec les dernières législatives et surtout les locales où la simple fixation de la date a été entourée de secret d’Etat. Tout porte à croire que le pouvoir ne saurait gagner une élection organisée dans la transparence et avec équité, honnêteté…

Des élections régionales

Les élections régionales, faut-il le rappeler, sont inscrites dans le cadre de la décentralisation enclenchée avec l’organisation, le 30 juin dernier, des élections municipales. Ce sont en fait deux types de collectivités territoriales qui sont prévues : la commune et la région. « Le territoire national est divisé en collectivités territoriales dotées de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Ces collectivités territoriales sont : – la commune ; – la région », indique l’article 2 de la loi du 25 juin 2019  portant modification de la loi n° 2007-011 du 13 mars 2007 relative à la décentralisation et aux libertés locales modifiée par la loi n° 2018-003 du 31 janvier 2018. « La région est une personne morale de droit public dotée de l’autonomie financière. Elle est composée de préfectures » ; « Les organes de la région sont : – le conseil régional ; – le bureau exécutif du conseil régional », précisent les articles 48 et 49. La région et son organe principal, le conseil régional  ont presque les mêmes attributions que le conseil municipal, des compétences propres, des compétences partagées et des compétences transférées, mais ici à l’échelle régionale…

            « Le nombre de conseillers par région est fixé comme suit : – vingt et un (21) pour les régions dont la population est inférieure ou égale à 1.000.000 habitants ; – trente et un (31) pour les régions dont la population est comprise entre 1.000.001 et 1.500.000 habitants; – quarante et un (41) pour les régions dont la population est supérieure à 1 500 000 habitants; L’élection s’effectue conformément aux dispositions de la loi », indique l’article 236. Selon les deux suivants, « Un décret en conseil de ministres précise le nombre de conseillers par région en tenant compte de la population de chaque région », « La durée du mandat des conseillers régionaux est de six (06) ans, renouvelable deux fois ».« Les fonctions de conseiller régional sont gratuites. Toutefois, celles du président, du vice-président et du rapporteur donnent droit à une indemnité. A l’exception du président, du vice-président et du rapporteur, les fonctions de conseiller de région donnent droit à une indemnité de session et de déplacement. Les conseillers chargés de missions spéciales par le conseil perçoivent une indemnité. Les membres des commissions consultatives non permanentes perçoivent également une indemnité. Un arrêté conjoint des ministres chargés de la décentralisation et des finances détermine le régime indemnitaire qui fixe la grille de ces indemnités », informe le 258.

Les municipales ont été organisées le 30 juin dernier et le pouvoir hésite encore à donner tous les moyens aux maires élus déjà supplantés par un gouverneur dans le Grand Lomé, afin qu’ils accomplissent leur tâche. Mais il veut manifestement tenir aussi les régionales… Les semaines et mois à venir nous permettront d’être situés.

Tino Kossi

source : Liberté

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