En conférence de presse, ce mardi 18 janvier 2022, Nicodème Habia et Ouro-Djikpa Tchatikpi ont dressé un tableau sombre de la situation sociopolitique du Togo. Une situation caractérisée par des arrestations tout azimut et la vie chère. Les deux hommes politiques tirent donc la sonnette d’alarme « en conscientisant et en exhortant les tenants du pouvoir actuel pour les mesures d’apaisement, notamment la libération des détenus politiques et d’opinion que nous considérons tous comme membres de la famille des 8 ( huit ) millions de Togolais ».

DÉCLARATION LIMINAIRE

Togo : On encense les ivraies et l’on condamne les bons !

À l’aune du nouvel an 2022, l’honneur nous échoit, nous, acteurs de la vie sociopolitique togolaise, de présenter nos vœux, les meilleurs de changement du système politique de gestion de notre pays, le TOGO, et ceux de prise en compte de l’assentiment, de l’aspiration et de la volonté du peuple par les autorités en place.

Dans un contexte de crise permanente au  TOGO, dans différents pays de la sous-région dont le Mali ainsi que le climat pandémique à la Covid19 qui secoue la planète Terre, nous apportons notre soutien moral et psychologique aux Togolais, au peuple malien et son gouvernement de transition, à l’ensemble des Africains et à tous les citoyens du monde.

Nous ne saurons évoluer d’un cran sans pour autant rendre hommage à vous les journalistes, vous qui inlassablement accomplissez votre mission dans des conditions très difficiles et contraignantes marquées par des interpellations suivies d’emprisonnements tous azimuts. Nos respects et considérations vont à l’endroit du peuple togolais et sa diaspora de par le monde qui, depuis la date du 05 octobre 1990 jusqu’à nos jours, ne baissent point les bras dans cette véritable lutte qu’est la lutte de la libération du TOGO.

Au TOGO, tout se passe comme si nous étions au temps de “Les animaux malades de la peste” de Jean de la FONTAINE où le Lion, le roi, fait verser impunément le sang de tous, accusant à tort les herbivores d’être à l’origine de la peste qui a frappé la forêt.

Cette fable avait été conçue au XVII ième siècle, précisément en 1678 en France pendant le règne de Louis XIV qui fut une dictature longue et cruelle. Mais à voir de près les choses, cette fable sied au mieux le règne du père en fils au TOGO aujourd’hui. Raison pour laquelle nous avons écrit une lettre ouverte à Faure GNASSINGBÉ pour le lui signifier et exiger la libération des détenus politiques et d’opinion. En substance de cette lettre, nous avons attiré l’attention du chef de l’État togolais sur un certain nombre de considérations selon lesquelles :

. Au TOGO, toute l’opinion nationale et internationale d’hier et d’aujourd’hui connaît celui qui a revendiqué l’assassinat du 13 janvier 1963 de feu Sylvanus Olympio, le 1er Président démocratiquement élu du TOGO, le père de la Nation et de l’Indépendance ;

. Au TOGO, ladite opinion connaît bien ceux d’hier et d’aujourd’hui qui ont foulé au pied la LOI fondamentale de la IV ième République que le peuple togolais par référendum a votée à plus de 97% en 1992, en la taillant sur mesure nuitamment le 31 décembre 2002 aux fins de s’accrocher au pouvoir, en 2005 en la tripatouillant par lui-même la nuit du 05 février suite au décès de son père ;

. Au TOGO, il n’y a personne pour qui les Togolais sont battus, torturés, amputés et tués en nombre incalculable  si ce n’est pour les tenants du pouvoir du père en fils ;

. Au TOGO, on a l’impression que les criminels sont encensés, gradés et promus, tandis que d’honnêtes hommes et femmes croupissent dans les geôles du pouvoir.

Mais au-delà des éléments retenus dans la conception de ladite lettre, il est à relever pour la suite de notre réquisitoire que :

. Au TOGO, aucune région, religion ou couche sociale n’est épargnée : jeunes, enfants, adultes, vieillards, hommes et femmes, prélats, prêtres, adeptes de vodous, charlatans, chefs traditionnels, chefs de partis politiques, syndicalistes, sociétés civiles, journalistes, handicapés, tout y passe. Si on n’est pas tué, on est soit frappé  à mort, soit emprisonné, soit contraint à l’exil ;

. Le TOGO est devenu un laboratoire national/international où tous les coups de l’Afrique sont montés, une plaque tournante des basses besognes ;

. Au TOGO, les avocats et les juges ne sont pas là pour défendre la veuve et l’orphelin, le pauvre du riche, le faible du puissant, mais pour avoir leurs faveurs et être au service du pouvoir à qui ils restent dociles pour écraser tout le monde ;

. Au TOGO, l’avocat conseil,pour la plupart des cas,n’est jamais au service de son client,  mais travaille toujours pour son propre compte. Son client n’est qu’une marchandise qu’il vend à la première occasion. Les juges sont à la fois juges et parties, ils ont leurs propres réseaux d’avocats ;

. Au TOGO, le comptable n’est pas à son poste pour empêcher le détournement, la corruption, mais pour détourner et corrompre.

Quant aux douaniers, ils ne protègent pas les frontières pour la rentrée des taxes douanières au trésor public, mais pour favoriser la contrebande en vue de renflouer leurs trésors personnels ;

. Au TOGO, l’enseignant n’est plus libre d’exercer sa profession, mais sommé pour donner une éducation tronquée, qui abrutit l’élève ou rabaisse dangereusement le niveau national ;

. Au TOGO, le ministre de la santé n’assure pas la santé des populations : les hôpitaux sont devenus des mouroirs en puissance ;

. Au TOGO, le territoire national n’est pas un refuge sûr pour les citoyens, mais une jungle où les féroces dévorent force les zèbres qu’ils accusent de surcroît de terrorisme et d’extrémisme violents. Sacré régime du père en fils !

. Et comme tout ce qui précède ne suffit pas, le régime actuel décide, malgré la précarité dans laquelle végètent les populations, de gérer les Togolais sur la base de l’intimidation, la peur et la pression dans tous les sens.

. La pression étant trop grande sur les Togolais, tous les orifices du système respiratoire du peuple sont hermétiquement bouchés. Tous les indicateurs sociaux sont au rouge. Les risques d’implosion ou d’explosion à l’instar du 05 octobre 1990, du 12 juin 2012 ou du 19 août 2017 sont palpables.

Que faut-il faire alors pour désamorcer une crise dans une autre  déjà trop longue et profonde ?

La présente démarche des acteurs de la vie sociopolitique togolaise n’est donc point pour en rajouter, mais de tirer la sonnette d’alarme en conscientisant et en exhortant les tenants du pouvoir actuel pour les mesures d’apaisement, notamment la libération des détenus politiques et d’opinion que nous considérons tous comme membres de la famille des 8 ( huit ) millions de Togolais.

Fait à Lomé, le 18 janvier 2022

Pour les acteurs de la vie sociopolitique togolaise,

HABIA Ayao Nicodème

OURO-DJIKPA Tchatikpi

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