. Ce que célèbrent Faure et la minorité pilleuse

Demain samedi 27 avril 2019, cela fera exactement 59 ans que le Togo arrachait son indépendance des mains du colon français. Un anniversaire qui, sous d’autres cieux, serait dignement célébré. Mais manifestement, ce n’est vraiment pas la peine, car cette indépendance qui devrait profiter aux populations est confisquée par une horde de gens depuis un demi-siècle. Et le 27 avril continue d’être travesti…

52 ans de dépendance

Ce samedi 27 avril 2019 marque le 59e anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté nationale et internationale. C’est ce qui est censé être célébré demain. Et qui dit indépendance, doit penser tout de suite à ces héros de la lutte, ces hommes qui ont investi des moyens de tous ordres, sacrifié leur vie pour arracher l’indépendance des mains du colon. Si la tête de pont est évidemment Sylvanus Olympio, celui qui a incarné cette lutte audacieuse contre le colon français pour l’accession du Togo à l’indépendance dans tous les domaines, ce qui lui coûtera la vie, il y a derrière lui de grands hommes qui accompagnaient le combat avec beaucoup de sacrifices, à l’instar d’Augustino Pa de Souza. L’Histoire rapporte que ce dernier vendait des noix de coco pour financer la lutte…Mais ces combattants de la liberté sont royalement ignorés et mis dans la corbeille de l’Histoire par Gnassingbé père et fils.

En lieu et place de ces héros, c’est Faure Gnassingbé qui se met en lumière à l’occasion de ce 27 avril, pour des dividendes politiques. Ses sorties pour procéder aux inaugurations sont comme des occasions de campagne électorale où il profite pour se mettre en vedette, avec des haies bien organisées des populations en sa faveur, l’ovationnant comme s’il vient de décrocher la lune pour le Togo. On peut légitimement évoquer ici le fameux cheval blanc reçu en cadeau de la part des populations à Timbou près de Cinkassé. Les observateurs avisés ont vite fait d’établir un lien avec le Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam dont l’emblème est un cheval blanc sur fond rouge. Récupération politicienne, dites-vous ?

Dans les faits, ce n’est pas le 27 avril qui est célébré par Faure Gnassingbé et la minorité pilleuse, mais un autre événement. Ce qui est donc fêté, c’est le 52e anniversaire de l’accaparement formel du pouvoir par le clan RPT/UNIR. On pourrait parler même de 59e anniversaire car les Togolais n’ont jamais joui de cette indépendance, contrariée juste au lendemain de sa proclamation solennelle par les ennemis de la Nation instrumentalisés par le colon…L’Histoire retient que c’est en avril 1967 qu’Etienne Eyadema est monté personnellement au pouvoir pour débuter la dynastie, après plusieurs coups d’Etat et le placement de présidents faire-valoir à la tête du pays. Sylvanus Olympio a été assassiné par ses soins – il s’en était réclamé fièrement à la face du monde -, et c’est avec lui que la dynastie Gnassingbé a commencé…Comme par hasard, c’est en avril 2012 que le sosie du RPT, l’UNIR est né à Atakpamé. Les coïncidences (sic) sont assez frappantes. Ce mois d’avril semble béni pour la monarchie qui se pérennise bien, avec Faure Gnassingbé qui manœuvre pour tailler des réformes en sa faveur et ainsi briguer un 4e mandat en 2020…L’indépendance est manifestement confisquée.  « C’est l’histoire du lion qui, tapi dans l’ombre, bondit et arrache le gibier de la bouche du chien qui a lutté pour l’attraper », caricature un observateur avisé, pour illustrer le dévoiement ou l’accaparement de l’indépendance par le clan Gnassingbé.

Le travestissement se poursuit

Sous d’autres cieux, exemple typique du Ghana, la fête de l’indépendance est appropriée par les populations et prend des allures de fête nationale. Les principales rues et places publiques sont peintes aux couleurs du drapeau national, la fièvre monte à l’approche du jour J et les différentes festivités s’en ressentent assez bien. Mais les populations togolaises ne se sentent nullement concernées par le 27 avril tel que conçu et célébré par le pouvoir.

En effet, les Togolais se tiennent à l’écart de cette célébration. Ils n’ont d’ailleurs aucune raison de célébrer cette accession à la souveraineté internationale, ne profitant en rien des libertés qui devraient y être liées. Pas de réjouissances populaires, comme on en voit sous d’autres cieux. C’est d’ailleurs le même scénario depuis plusieurs années ou plutôt décennies. La chose est telle que le Mouvement Martin Luther King, la Voix des sans-voix a lancé un appel au pouvoir à donner une allure nationale à cette célébration en lui proposant des pistes à suivre…

Durant son règne, Eyadema a enlevé au 27 avril toute sa substance et l’a supplanté par le 13 janvier (1960), jour de l’assassinat de Sylvanus Olympio.  Le 27 avril était alors devenu un jour ordinaire. Il a fallu la Conférence nationale pour lui redonner sa valeur, du moins sur le papier…Cette fête n’a jamais reçu des Gnassingbé la valeur méritée. Et le travestissement bien organisé pour la faire oublier et effacer de l’Histoire les héros de la lutte pour l’indépendance se poursuit allégrement avec Faure Gnassingbé. Fidèle à sa politique de travestissement de l’Histoire, il a trouvé la curieuse idée, depuis plusieurs années, de mettre en lumière à la Fontaine Lumineuse tous les chefs d’Etat ayant dirigé le Togo, alors que la plupart n’ont rien à avoir avec la lutte pour l’indépendance. En tout cas l’Histoire réelle ou celle tronquée enseignée ne les a cités nulle part. Le plus cocasse, c’est la présence d’Etienne Eyadema alors même qu’il était au front en Algérie aux côtés des troupes françaises pour combattre les Algériens qui luttaient pour arracher leur indépendance, pendant que Sylvanus Olympio et ses lieutenants souffraient le martyre face au colon…

Pour donner une certaine importance à l’événement, le Prince de la République a trouvé l’astuce, de gonfler le programme de la célébration du 27 avril avec des inaugurations tous azimuts d’infrastructures ou lancements de chantiers. Le tour a débuté depuis mardi…Signe de la confiscation et de la récupération de cette indépendance à des fins politiciennes, on s’est arrangé pour peindre la plupart des infrastructures inaugurées en la couleur fondamentale du RPT/UNIR, le bleu… En tout cas, cette couleur était curieusement dominante s’agissant des usines inaugurées… Difficile de croire à de simples coïncidences…

Au demeurant, face à la situation politique actuelle et à l’état de la démocratie et aux difficultés à jouir des libertés qui vont avec, on en vient à regretter d’avoir arraché l’indépendance des mains du colon, pour se la voir confisquer par les colons locaux, les fils du pays… Tout porte même à croire que le Togo n’a jamais été indépendant, même si cette indépendance a été proclamée solennellement le 27 avril 1960, et c’est maintenant qu’il faille l’arracher…

Tino Kossi

 
source : Liberté
 

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