Le début de la fin de l’idylle RPT-UFC ?
Le « Leader nouveau » qui courrouce l’ « Opposant historique », ce n’est plus arrivé depuis le 26 mai 2010, date de la signature de l’accord « historique » entre le Rassemblement du peuple togolais (Rpt) et l’Union des forces de changement (Ufc). Depuis lors, les désirs, et mieux, les caprices du « Leader charismatique » étaient des ordres. Ils sont satisfaits pour ne pas susciter son courroux. Mais apparemment les choses ne seront plus ainsi. Faure Gnassingbé vient de franchir le pas, et on peut oser dire qu’il s’est ou commence à s’affranchir du joug Gilchrist Olympio.
La 8e session des discussions au sein du Cadre permanent de dialogue et de concertation (Cpdc) tenue hier était consacrée au nombre de mandats du président de la République, Selon le compromis qui s’est dégagé, ce mandat, de 5 ans, ne devrait être renouvelé qu’une seule fois. Mais la précédente cession organisée le jeudi 24 novembre dernier à été consacrée aux conditions d’éligibilité à la présidence de la République. Au-delà des dispositions de nationalité, résidence et santé physique et morale, la grande « nouveauté » est relative à l’âge des candidats, et surtout au plafond. Selon la proposition qui emporte l’adhésion des parties prenantes aux discussions, pour briguer la magistrature suprême, il faut avoir au moins 40 ans, et au plus 75 ans. Avant que ces dispositions ne prennent la forme de loi, elles doivent être avalisées par l’Assemblée nationale ou par référendum, et on n’en est pas encore là. Mais ce plafonnement de l’âge pose problème. Il écarte de facto un candidat potentiel, et pas des moindres : son Excellence Gilchrist Olympio.
Comme un scandale à l’Ufc
Il y a de quoi faire couler de la bile à l’Ufc. Si ces propositions sont validées – ce qui va forcément arriver -, cela signifie que « Fo Gil » ne sera pas de la course en 2015. D’autant plus que l’homme compte déjà trois quarts de siècle derrière lui, et en 2015 aura connu 79 moussons et 79 harmattans. Il faut craindre même que le plus grand parti de l’opposition (sic) n’ait pas de représentant pour la compétition, quand on se rappelle le feuilleton de la candidature de Jean-Pierre au scrutin du 4 mars 2010. C’est un sacrilège d’oser remplacer le « vieux », même grabataire, et le président de l’Alliance nationale pour le changement (Anc) l’a appris à ses dépens. D’ailleurs au sein de ce qu’il reste de l’Ufc comme ressources humaines, on ne voit pas de présidentiable, à part le « maréchal ». Et ce n’est certainement pas le diplômé de la Fondation Konrad Adenauer qui ferait l’affaire.
Cette proposition impromptue est vécue comme un scandale et on a tenu à le signifier au travers d’un communiqué gribouillé juste au lendemain de cette séance au Cpdc, signé de son Secrétaire Général, Dr. Pierre Sambiani Jimongou. Le parti trouve inopportune une telle proposition « dans la mesure où tout candidat éligible doit présenter un état général de bien-être physique et mental, dûment constaté par trois (3) médecins assermentés désignés par la Cour Constitutionnelle comme le stipule l article 62 en son alinéa 4 ». L’Ufc « réitère, comme lors des débats, que cette proposition de plafonnement d’âge n’a donc pas sa raison d’être et invite, par conséquent, le CPDC à poursuivre la réflexion sur la question dans l’intérêt supérieur de la Nation ». Si c’était une époque, on parie que cette manœuvre d’exclusion aurait fait l’objet d’une marche suivie de meeting au cours duquel le pouvoir en place serait passé à la tronçonneuse.
Nous voyions en cette agitation une petite mise en scène, juste pour entretenir l’ambiance, mais nous avons dû déchanter au regard de tout le sérieux qui est mis dans l’entourage du grand gourou. Des émissaires du parti sont déployés sur les médias pour fustiger la chose. Avouons qu’à la place de Gilchrist Olympio, tout homme serait courroucé, d’autant plus que les relations qui lient l’Ufc au pouvoir Rpt qui oriente les travaux au Cpdc sont privilégiés. C’est un traitement de faveur qui devrait être réservé à l’ « Opposant historique », au nom de l’accord du 26 mai 2010. On a toutes les raisons à l’Ufc de se fâcher parce qu’il y en a en Afrique qui préside aux destinées de son pays à…87 ans, et qui n’est pas repu et manœuvre pour rempiler. Allusion faite au papy momie du Sénégal, le démocrate (sic) Abdoulaye Wade. C’est d’ailleurs l’argument massue brandi à l’Ufc.
La fin d’une époque ?
Doit-on voir en cette mésentente le début de la fin de la cohabitation entre Gilchrist Olympio et Faure Gnassingbé ? La crainte est bien légitime, d’autant plus que jusqu’ici le « vieux » a été choyé. Ses caprices étaient satisfaits, car la menace était constante de le voir claquer la porte à tout moment s’il est contrarié. Un comité de suivi de l’accord a été spécialement mis en place, et la présidence confiée à son Excellence Gilchrist Olympio. Le « terroriste international » est devenu cet industriel hors pair et cet homme d’affaires international qui visitait désormais des entreprises togolaises, suivi dans tous ses mouvements par les médias d’Etat, tel une star…Il se raconte même que le refus du pouvoir en place de réintégrer à l’Assemblée nationale les neuf députés Anc serait l’effet de pressions exercées par l’ « Opposant historique », qui menacerait de quitter le foyer si Faure Gnassingbé donnait suite à cette requête de la Cour de justice de la Cédéao.
Gilchrist Olympio a toutes les raisons de se fâcher, d’autant plus qu’il a tout sacrifié pour suivre Faure Gnassingbé : ses proches collaborateurs et parents qui l’ont fait (Jean-Pierre Fabre, Patrick Lawson, Isabelle Ameganvi, Eric Amerding et autres), son aura (le mythe de l’opposant historique adulé par tout un peuple ) et sa carrière « prometteuse » qui aurait pu le propulser à la présidence de la République – hum… Mais son « époux » ne lui rend pas la pareille.
Il nous revient que l’Ufc aurait fait une proposition de 80 ans comme âge plafond, tenant donc compte de l’âge qu’aura son président national en 2015. Il fut un temps, le pouvoir Rpt se serait aligné sur cette suggestion qui passerait au Cpdc comme une lettre à la poste, même la sachant inappropriée. Mais cette fois, on a osé dire non à Gilchrist Olympio, et sur la place publique, c’est-à-dire au Cpdc. Et si cette disposition était savamment dirigée contre l’ « Opposant historique » ? La question reste posée, vu que de tous les opposants datables au carbone 14 – suivez les regards- , c’est lui seul que cette mesure met sur le carreau. Le confrère « koaci.com » y voit justement une volonté du Rpt de « pousser Gilchrist vers la retraite ». A tort ou à raison ?
Au demeurant avec cette disposition, c’est un grand pas que vient de franchir Faure Gnassingbé. Il faut croire que tous les désirs de Gilchrist Olympio ne seront plus des ordres. Apparemment il a déjà servi et le « Leader nouveau » n’a plus besoin de lui. Autant que l’accord du 26 mai 2010 scellant la cohabitation, en réalité dirigée contre Jean-Pierre Fabre et les siens. Faure aura réussi à démythifier Gilchrist Olympio et à s’en défaire, tout comme le Rpt dont il cherche à s’affranchir, avec la création de son propre parti.
Tino Kossi
source : liberté hebdo togo

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