Disparition imminente du Rpt, fin de la mandature du Parlement actuel…

Gilchrist saluant Hilary Clinton lors de son passage éclair à Lomé

Que vient chercher l’opposant antécambrien à la présidence de la République, lors d’une visite officielle d’une personnalité de haut rang ? Cette question, plus d’un Togolais se l’est posée, à la vue de Son Excellence Gilchrist Olympio sur les écrans au cours de la venue de Hillary Clinton sur les lieux. Le président national de l’Union des forces de changement (Ufc) a même serré la main à l’hôte américaine et conversé avec elle quelques secondes, à côté du maître de céans tout souriant. Cette question est assez légitime d’autant plus que le « Maréchal » n’a aucun rôle officiel à la présidence de la République et ne figure pas sur la liste des conseillers de Faure Gnassingbé.
En réalité Gilchrist Olympio n’avait rien à y faire. Mais sa présence est tout sauf anodine. Il a été invité juste pour donner à l’hôte américaine la preuve palpable de la politique d’ouverture et d’apaisement de l’ « Esprit nouveau ». Le détenteur du pouvoir qui s’acoquine avec son opposant historique autrefois très redoutable, c’est le paradis au Togo, devrait certainement se dire Mme Clinton. « Même si les pays occidentaux ont des représentants diplomatiques qui vivent au quotidien la vraie réalité et savent que c’est du pipeau, ils envoient tout de même des rapports réguliers à leur capitale, ces genres d’images qui ont tout de même l’effet de fausser le débat !…D’ailleurs seul Dieu sait ce qu’ils font d’ailleurs de ces rapports. Dans ces milieux, on considère plus ce qui est officiel, et le risque est grand que les cris des peuples martyrisés tombent dans des oreilles de sourds », s’est emporté un compatriote à la vue des images.
Avant la venue de Mme Hillary Clinton, le même rituel a été observé lors de la visite en août 2011 à Lomé de l’ex Secrétaire général de l’ONU, le Ghanéen Kofi Annan. Gilchrist Olympio et une brochette d’opposants « façon façon » ont été charriés à la présidence de la République pour faire « akwaaba » à l’hôte, en guise salutation. Lors du Sommet de l’UEMOA fin mai à Lomé, après son discours de circonstance, Faure Gnassingbé est allé faire des accolades au « leader charismatique », arrachant au passage un tonnerre d’applaudissements aux membres de son supporting club qui inondaient la salle. C’est un rituel observé depuis le 26 mai 2010, date de la signature de l’accord « historique » entre le Rassemblement du peuple togolais (Rpt) représenté par Esso Solitoki et le plus grand parti de l’opposition (sic) par Son Excellence Gilchrist Olympio, scellant la collaboration entre les deux princes de la République. Dans tous les discours et surtout à des tribunes internationales, cette collaboration est brandie comme un trophée de chasse, et Gilchrist Olympio lui-même exposé et vanté comme un objet de foire. Message de vœux à la Nation, allocution de circonstance lors de l’assemblée parlementaire paritaire Acp-Ue à Lomé, tribune des Nations Unies, toutes ces occasions sont mises à profit pour chanter le refrain de la main tendue à l’opposition et de la réconciliation. On parie que si le corps de l’« Opposant historique » pouvait encore supporter les voyages et si l’accident d’avant la présidentielle du 4 mars 2010 ne hantait toujours pas les esprits, on allait le trimballer dans tous les déplacements officiels, comme une mallette pour les besoins de la cause. Mais toute chose subissant l’effet du temps, cette récupération politicienne n’a vraisemblablement plus de longs jours devant elle, avec l’imminence de la dissolution du Rpt et la fin prochaine de la mandature de l’Assemblée nationale actuelle.
En effet, si au départ la disparition du parti au pouvoir, dont la révélation nous avait valu des traitements inhumains et dégradants, verbalement parlant, de la part de nos détracteurs – nos chers amis du site « Probo Koala » se retrouveront sans doute -, et pouvait être mise au registre des spéculations, aujourd’hui c’est un secret de polichinelle et cette éventualité est admise. Au sein même du Rpt et plus précisément dans les rangs des barons, où au début on se dressait sur ses ergots contre cette dissolution, le principe semble acquis aujourd’hui, et la dissolution du parti ou son changement de nom, c’est selon, n’est qu’une question de temps. De jours pour être plus précis. Les assises devant prononcer cette dissolution sont censées démarrer le samedi 21 janvier et aboutir sept jours plus tard, c’est-à-dire le 28 janvier. Et cette disparition aura des effets collatéraux, comme l’annulation des actes et autres engagements pris par le Rpt, l’accord du 26 mai 2010 particulièrement.
Nous le signalions tantôt, l’autre événement qui devra sceller le sort de la collaboration Faure-Gilchrist, c’est l’arrivée à échéance du mandat de l’actuelle Assemblée nationale. Au-delà de l’aura de Gilchrist Olympio, la représentativité de l’Ufc au Parlement, et mieux, le nombre de sièges acquis était l’autre atout présenté qui avait attiré Faure Gnassingbé et le pouvoir Rpt à s’enticher avec lui. C’était la 2e force de l’Assemblée nationale, avec à l’époque vingt-sept (27) députés, derrière le Rpt qui en avait cinquante (50), réduits à quarante-neuf (49) avec l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé qui n’a pas été remplacé jusqu’à récemment. Même si avec cette majorité relative, le Rpt pouvait faire passer ses desiderata, sur certains sujets importants en revanche, il avait besoin de la majorité des 2/3, soit cinquante-quatre (54) voix, et bien plus sur d’autres. D’où la nécessité de débaucher des élus d’autres partis, et ce pacte circonstanciel avec l’Ufc.
Dieu sait ce que cette collaboration a engendré comme dégât, au Parlement surtout. Des tas de misères ont été faites aux contestataires de Gilchrist Olympio qui ont dû aller créer leur propre parti, l’Alliance nationale pour le changement (Anc). Neuf (09) élus du peuple se réclamant de leurs rangs ont été exclus de l’Assemblée nationale le 22 novembre 2010 par décision de la Cour constitutionnelle, sur initiative de Gilchrist Olympio et d’Abass Bonfoh. Objectif, éviter que ces députés ne constituent une minorité de blocage pour certaines lois. Depuis lors, les groupes parlementaires Rpt et Ufc font un et les députés de Son Excellence Gilchrist Olympio accompagnent systématiquement le parti au pouvoir lors des votes des lois. Ce qui était impensable il fut un temps. Ce sont certainement les pressions extérieures qui ont retenu ce couple de faire passer, comme une lettre à la poste, les grandes réformes institutionnelles et constitutionnelles recommandées par l’Accord politique global (APG) du 20 août 2006.
L’Assemblée nationale actuelle étant élue en 2007, la mandature arrive à échéance cette année 2012. Ce qui rend de facto caduc l’accord du 26 mai 2010 et entraîne aussi la fin de la collaboration parlementaire entre les deux partis. Aujourd’hui avec le « mercato » politique opéré, pas sûr que l’Ufc bénéficie encore, lors des prochaines législatives, de la même confiance du peuple qu’en 2007 que son gourou a royalement trahie. Un euphémisme pour ne pas dire que ce parti est fini. Et le « Leader nouveau » sait qu’il n’a plus rien à en tirer, ni même de son icône Gilchrist Olympio. La cohabitation entre les deux princes de la République passe sans doute ses instants de vie.
Tino Kossi
liberte-togo.com

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