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C’est sans doute un moment que personne n’attendait. Et qui a foutu un bordel monumental. Le genre de moment où les organisateurs ont bien envie de faire couper le micro mais c’est trop tard.
Lors de la seconde journée du congrès, la voix de l’activiste Bissau-Guinéen Siphiwe Ka Baleka Bel El, figure connue des milieux panafricains radicaux, a brisé le vernis consensuel, rappelant que derrière les discours officiels sur l’avenir de l’Afrique se cachent des réalités politiques douloureuses.
« Comment peut-on parler de renaissance africaine quand le pays qui nous accueille maintient encore des dizaines de prisonniers politiques dans ses geôles ? »
Sans détour, il a poursuivi :
« Ce congrès est organisé sur le dos du peuple togolais. Beaucoup de ses fils et filles sont en exil, d’autres croupissent en prison pour avoir simplement exprimé une opinion différente, et certains subissent encore des traitements inhumains. »
En dénonçant la situation des prisonniers politiques au Togo, l’orateur a mis en lumière une contradiction fondamentale. Sa charge n’était pas seulement dirigée contre Lomé, mais également contre une tendance plus large : celle d’un panafricanisme institutionnel qui peine à se confronter aux pratiques autoritaires persistantes sur le continent.
Siphiwe Ka Baleka a replacé son propos dans une perspective historique, rappelant l’assassinat du premier président togolais, Sylvanus Olympio, le 13 janvier 1963. Présenté comme l’un des pères fondateurs du panafricanisme moderne
aux côtés de Kwame Nkrumah et Patrice Lumumba, Olympio incarne, selon lui, « le crime originel » qui aurait détourné le Togo de la voie de la dignité et de la justice.En convoquant cette mémoire, il visait à inscrire la critique actuelle dans une continuité historique, celle d’un pays qui, selon lui, n’a jamais retrouvé le chemin de la dignité.
Fixant le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, qui présidait la séance, l’activiste a formulé une demande solennelle :
« Je demande humblement, ici, devant vous tous, que le Togo prenne l’initiative, durant ce congrès même, d’une résolution forte pour une amnistie générale et immédiate de tous les prisonniers politiques. Ce serait le plus beau cadeau que Lomé pourrait offrir à l’Afrique et à son propre peuple. »
Dans un climat déjà électrique, Siphiwe Ka Baleka a ajouté, non sans inquiétude :
« Franchement, je me demande si je vais être ciblé après avoir dit cela. Est-ce cela, la renaissance africaine que nous célébrons ? Un panafricanisme où l’on doit encore parler la peur au ventre ? »
L’interpellation directe au ministre, avec la demande d’une amnistie générale, a en effet donné à ce moment une portée symbolique forte.
Si Franklin Nyamsi et Claudy Siar étaient cohérents, voilà le type de discours qu’ils auraient dû tenir.
Bref. Qye pensez vous de cette intervention. Vos avis m’intéressent.
Gerry Taama