francis_ekon
 

Interview : Débat sur l’Union de l’Opposition

 
La convergence patriotique Panafricaine, CPP, est d’accord pour une opposition unie dans la perspective des prochaines élections aussi bien législatives, locales que présidentielles. Mais à condition que cette union ne soit pas contre nature et qu’elle ne soit dirigée contre quelque Togolais que ce soit.
Le président national de la CPP, M. Francis Ekon, se veut bien clair en rappelant qu’en général, leurs méthodes ne sont pas les mêmes, les objectifs à atteindre ne sont pas les mêmes, et souvent il y a tellement de querelles de personnes. Conséquence, même si l’idée l’enchante à nouveau comme un label, il ne cache pas que c’est extrêmement difficile de se mettre ensemble au Togo. Lire

 
pa-lunion.com : Monsieur Francis Ekon, bonjour !
 
Francis Ekon : Bonjour !
 
pa-lunion.com : A la CPP, est-ce que vous êtes aussi dans la logique de l’Union de l’Opposition pour les prochaines élections ?
 
Francis Ekon : Je voudrais d’abord dire que l’Union de l’opposition est un souhait d’une partie non négligeable de l’opinion nationale et une exigence même de raison, face à UNIR qui a aujourd’hui une force dans le pays. Toutefois, l’expérience de vingt ans de lutte politique, où des alliances de circonstance de toute nature ont été expérimentées sans grand succès, et souvent sans lendemain. Il ne sera pas responsable de faire aujourd’hui, l’économie des leçons avant de savoir si on doit s’engager ou non, dans une union. D’abord, il faudrait accepter une chose au Togo. L’opposition est plurielle. Les unions contre nature sont sans lendemain.
 
pa-lunion.com : Mais vous le savez, votre parti s’est déjà engagé dans plusieurs unions pour des occasions, soit électorales ou des occasions de dialogue, mais vous avez toujours été pluriels en matière d’opposition…
 
Francis Ekon : Oui, c’est pourquoi nous disons que les unions contre nature, de circonstance, juste pour enlever quelqu’un, sont des unions sans lendemain. Le minimum pour définir l’opposition aujourd’hui, c’est des partis politiques qui acceptent l’alternance apaisée au pouvoir. C’est comme ça que je vois une opposition dans laquelle on peut s’inscrire. Parce que ce n’est pas l’absence de programme seulement qui fait que nous échouons ! C’est parce que en général, les méthodes ne sont pas les mêmes, les objectifs à atteindre ne sont pas les mêmes, et souvent il y a tellement de querelles de personnes, qu’il est extrêmement difficile de se mettre ensemble. La motivation de l’union, bien entendu est importante pour la CPP. Si l’union est dirigée contre des personnes, contre d’autres Togolais, nous ne sommes pas preneurs. Parce que si vous vous mettez ensemble juste pour chasser quelqu’un, attendez-vous que ces entreprises ne réussissent, il n’y a plus de raison que vous restiez ensemble. Et c’est le plus fort d’entre vous qui chassera les autres pour appliquer son propre programme sans être gêné. On aura juste aidé un parti à se hisser au pouvoir et sans aucune garantie.
 
pa-lunion.com : L’objectif est pourtant l’alternance, n’est-ce pas ?
 
Francis Ekon : L’alternance, nous y ajoutons l’alternance apaisée. C’est le problème fondamental chez nous. Nous sommes d’accord, pour qu’il y ait une alternance dans notre pays. Mais l’alternance genre, ce que nous avons au Congo Zaïre, ou bien que nous avons en Libye, ou bien que nous avons en Egypte, etc., ce n’est pas le genre d’alternance que la CPP peut soutenir. Nous sommes faux patriotes pour soutenir ce genre de chose.
 
pa-lunion.com : Aujourd’hui il y a deux regroupements de partis politiques ou d’association, le CST et Arc-En-Ciel, les deux tentent de se rapprocher. Est-ce que ça vous vient à l’idée à la CPP, de vous associer à l’un ou l’autre groupe, dans l’optique toujours de cette union de l’opposition avant les prochaines élections ?
 
Francis Ekon : Nous avons, vous savez, nos idées qui sont très claires. Il y en a même ceux qui ne sont pas négociables. L’alternance apaisée n’est pas négociable. C’est-à-dire que la CPP ne peut pas se mettre dans un groupe qui voudrait avoir l’alternance par les armes. Nous ne le pourrons pas. Donc ça, c’est clair.
 
Francis Ekon : Deuxièmement, nous disons que nous devons mettre le travail au plan N°1 des efforts que nous allons faire dans toute union. Et troisièmement, nous pensons que on doit réaffirmer haut et fort que les togolais doivent vivre ensemble. De vivre ensemble et de travailler ensemble, sont pour nous extrêmement important. Si nous sommes d’accord là-dessus et que l’on se met encore d’accord pour une meilleur redistribution des ressources de notre pays et une lutte implacable contre l’injustice sociale, avec surtout un comportement démocratique que nous appliquons à nous même, qui suppose le respect de l’opinion de l’autre, alors, pourquoi on ne serait pas en union ? Mais si tout cela est absent, l’union devient extrêmement difficile. Parce que vous savez, dans le passé, vous allez vers une union, vous entrez dans un regroupement dans lequel vote opinion ne compte pas, vous avez l’impression d’être la cinquième roue de la charrette, et ça, nous l’avons eu dans le passé. Donc, chat échaudé craint l’eau froide.
 
pa-lunion.com : Aujourd’hui, à supposer que l’idée de l’union est acceptée de tous, quel doit être la marche à suivre ? Pour que vous vous retrouviez, aller main dans la main à ces élections.
 
Francis Ekon : Oui, c’est ce que j’ai déjà dit ! A savoir que l’union est souhaitable autour d’un programme qui respecte ce que je viens de dire.
 
pa-lunion.com : Ca veut dire un programme commun à toute l’opposition ?
 
Francis Ekon : Un minimum de programme commun à toute l’opposition. Ce qui est difficile ! Très difficile. Ne serait-ce que le respect de l’autre, le respect de l’opinion de l’autre. Regardez ce qui s’est passé chez vous ces derniers temps, avec la loi que la HAAC a fait adopter. Les journalistes qui n’étaient pas dans la dynamique de ceux qui ont conduit le mouvement, regardez comment ils ont été traité par d’autres journalistes. Donc le respect de l’opinion de l’autre est quelque chose de très difficile au Togo. Chez les hommes politiques aussi. Hors, cela est fondamental.
 
pa-lunion.com : Alors, si je comprends bien, tant qu’on ne peut pas avoir un minimum de programme commun autour duquel, l’opposition dans son ensemble peut évoluer, l’union de l’opposition telle qu’on le pense, est une union difficile et ne pourra pas avoir lieu.
 
Francis Ekon : Oui, je pense que toute union qui est une union contre nature n’a pas d’avenir.
 
pa-lunion.com : Monsieur Ekon, si on vous comprend, en ce moment, il ne peut pas avoir d’union de l’opposition togolaise !
 
Francis Ekon : Si ! Il peut y avoir de l’union de l’opposition togolaise. Mais courageusement, les gens doivent se mettre ensemble, en fonction de leurs stratégies de lutte et en fonction des idées qu’ils défendent. L’union qui consiste à mettre tout le monde dans le même sac, mais aucune chance de réussir.
 
pa-lunion.com : On vous sent méfiant vis-à-vis des autres. Vous avez dit, chat échaudé craint l’eau froide. Qu’est-ce qui nourrit cette méfiance vis-à-vis des autres organisations ou regroupement de partis politiques qui existent aujourd’hui, et qui peuvent, si vous le voulez bien et s’il le veulent, être un départ de cette union ?
 
Francis Ekon : Vingt trois années de lutte effrénée. Depuis le COD 1, jusqu’au dernier regroupement, en passant par le COD 2, en passant par les mouvements patriotiques, tout ce que nous avons fait dans notre pays comme union, a échoué, parce que la confiance n’existe pas entre nous, parce que le fauteuil présidentiel est unique, il n’y en a qu’un seul et que chacun le veut pour lui, parce qu’il n’y avait jamais eu de programme véritablement consensuel, où chacun sait le rôle qu’il doit jouer après la victoire, tout cela a été absent, et c’est le KO aujourd’hui. L’union que l’on veut faire aujourd’hui, c’est pour faire quoi ? C’est pour aller aux élections législatives, gagner et ensuite procéder peut être aux réformes constitutionnelles et institutionnelles. Si c’est cela, tout le monde est d’accord là-dessus, ça serait bien. Mais en même temps, vous avez des gens qui vous disent, si telle personne rentre dans l’union, moi je ne peux pas y rester, je vais sortir.
 
pa-lunion.com : Qui a dit quoi ? Soyez plus concret.
 
Francis Ekon : Je ne serais pas plus concret parce que vous êtes journaliste vous le savez mieux que moi. Vous savez, si au Togo quelqu’un prône l’alternance apaisée et que dans le même pays, quelqu’un dit, je veux absolument l’alternance par tous les moyens, y compris les moyens militaires, les moyens de lutte armée, vous ne pouvez pas vous mettre ensemble, c’est évident.
 
pa-lunion.com : Mais Monsieur Ekon, personne aujourd’hui ne prône l’alternance par lutte armée !
 
Francis Ekon : C’est votre opinion !
 
pa-lunion.com : Je ne sens pas voir les partis qui l’ont déclaré ouvertement, à moins que vous le sachiez vous .
 
Francis Ekon : Est-ce que en politique, on déclare tout ouvertement ? Je ne le pense pas ! Mais ce que je sais, c’est que nous, nous voulons l’alternance apaisée. Alors que les autres avec qui on peut s’unir, aussi déclare ouvertement qu’ils veulent une alternance dans notre pays, une alternance apaisée, parce que le Togo est un et nous appartient à tous, et même si aujourd’hui il y a eu de grands écarts qui nous ont fait souffrir, que le Togolais reste le Togolais. Et que quand il y aura une alternance, d’autres Togolais ne prendraient pas le chemin de l’exil.
 
pa-lunion.com : Monsieur Francis Ekon, merci !
 
Francis Ekon : Merci beaucoup !
 
pa-lunion
 
 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here