fredo_attipou


Le reporter togolais Fredo Attipou a été l’objet d’une agression de type « hit-and-run » ce mercredi 3 Avril 2013 à Sanguéra, dans le Nord-Ouest de Lomé. Il circulait à moto quand il a été pris en sandwich par deux voitures aux vitres noires qui ont tenté de l’écraser. Lorsque le reporter s’est retrouvé pris en sandwich entre les deux véhicules, un individu à bord d’un des véhicules l’a menacé : « C’est toi qui envoies les images à l’extérieur, n’est-ce pas? « . Suite à sa chute, Fredo a été blessé au menton, aux bras et aux jambes, sa moto et son matériel ont été endommagés. Les agresseurs n’ont pas été identifiés et ont pris la fuite ; une des voitures était immatriculée au Togo, l’autre au Nigéria.

Fredo travaille comme reporter freelance, fournissant des photos aux journaux l’hebdomadaire Le Canard Indépendant et Sika’a, et des vidéos à la chaîne de WebTV Togovisions. Son travail sur le terrain lui a déjà valu d’être agressé en 2012, plus précisément le 5 Mars 2012, lors d’une manifestation des Organisations de Défense des Droits de l’Homme (ODDH) qui protestaient contre la torture et l’impunité. Fredo avait surpris des gendarmes en train d’emporter sans autre forme de procès la moto d’un manifestant. Visiblement mécontents d’être pris en flagrant délit, les gendarmes s’en sont violemment pris à lui en lui assenant des coups de poing et de matraques, résultat, des côtes froissées et un œil au beurre noir. Le ministre de la sécurité de l’époque, le Colonel Gnama Latta l’avait rencontré et lui avait donné une somme de 50000 francs CFA (76 euro) pour ses soins, mais aucune suite n’a jamais été donnée malgré les plaintes et les protestations de plusieurs organisations nationales et internationales de défense des journalistes. Les gendarmes coupables étaient identifiés mais n’ont fait l’objet d’aucun jugement ni d’aucune sanction disciplinaire.

Cette fois-ci, les agresseurs ont procédé autrement, à visage couvert et à bord de voitures banalisées fort probablement munies de fausses plaques d’immatriculation. Ils resteront encore plus impunis que dans le cas précédent. Mais la question fondamentale est de savoir pourquoi cette agression : pourquoi veut-on la peau d’un jeune homme, passionné par la photo, le chant et ardent militant de la démocratie et des droits de l’homme dans son pays. Pour tout élément d’explication, nous n’avons que la phrase prononcée par les agresseurs « C’est toi qui envoies les images à l’extérieur, n’est-ce pas ? ». Quel caractère ont ces images pour justifier une telle cruauté de la part des agresseurs ? Les seules images envoyées récemment à l’extérieur sont les reportages diffusés sur togovisions.com que Fredo a contribué à lancer depuis Janvier 2013. La particularité de cette chaîne est d’aller au-delà du militantisme béat qui consistait à filmer les manifestations de l’opposition togolaise. Fredo a commencé à faire des reportages plus poussés impliquant des journalistes, des citoyens et des hommes politiques pour des analyses de l’actualité sociopolitique et culturelle mais aussi pour apporter des témoignages sur la vie des gens et sur leurs opinions. Ainsi, pendant le mois de mars, Fredo a accompagné pendant une dizaine de jours des leaders politiques de l’opposition dans une tournée dans la région des savanes au nord du Togo. De là, il a envoyé des reportages sur les problèmes liés au recensement électoral en cours mais aussi sur la vie des femmes et des hommes de cette région délaissée du pays. Voici quelques uns de ces reportages.

Les braves femmes des savanes: des petits riens, des petites joies dans une zone délaissée

La région des savanes au nord du Togo est une zone de désolation, délaissée par les autorités du pays (manque des infrastructures de base) et frappée par l’exode rurale. Les femmes vivent de petits riens mais respirent une joie de vie communicative.

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Dr Kampatibe: il faut que les fils de chaque région se lèvent pour son développement

En tournée dans les villages de la préfecture de l’Oti, Dr Kampatibe, membre de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) est interpellé sur la stratégie de « régionalisation » des parties politiques membres du Collectif Sauvons le Togo, à ne pas confondre avec le terme « régionalisme » dont le parti au pouvoir se sert pour discréditer l’opposition. Il explique qu’il faut que les fils de chaque région se lèvent pour aider au développement de la région, et l’ensemble va contribuer au développement du pays.

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Paroles d’ancien militant du système RPT: « y a pas de vérité dedans! »

Rencontré à Dapaong lors d’un meeting de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI), cet ancien « farouche » militant du RPT (parti au pouvoir) n’y va pas par quatre chemins: « il n’y a pas de vérité dedans! ». Il raconte son expérience du RPT et les raisons pour lesquelles il milite aujourd’hui pour l’opposition.

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=fFTe7WNz2ow]
Les populations de Kpendjal ne veulent plus du sodabi RPT/UNIR mais le CHANGEMENT!

En tournée de sensibilisation dans le nord du pays, les leaders de l’Alliance des Démocrates pour un Développement Intégral (ADDI) sont allés à l’écoute des habitants de Kpendjal (au nord de Dapaong). Le message des militants locaux est clair: ils en ont assez d’être trompés avec le sodabi du RPT/UNIR (parti au pouvoir), ils veulent le changement. Les populations de cette région qui manque des infrastructures élémentaires (accès à l’eau potable, aux routes, au système de santé, à l’enseignement et à l’information), sont victimes des mensonges des agents du régime qui leur font croire que l’opposition organiserait des règlements de compte si jamais elle prenait le pouvoir.

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Gilchrist Olympio en meeting à Dapaong avec les méthodes du RPT

C’est dans la pure tradition du régime RPT, jadis combattu, que Gilchrist Olympio et son actuelle Union des Forces de Changement (UFC) étaient en meeting ce 23 mars 2013 à Dapaong. En deux ans de « partage de pouvoir », les méthodes du RPT semblent avoir été bien assimilées: import-export de militants, distribution de t-shirts et de petites sommes, utilisation abusive de véhicules administratifs, etc.

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Dapaong: le recensement électoral est en panne

Le processus de recensement électoral lancé en précipitation par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) semble en panne. Ici à Dapaong, certains kits ne fonctionnent pas et les citoyens qui se sont déplacés pour se faire enrôler, observent dubitativement ces étranges machines puis repartent. Reviendront-ils? Autre phénomène étrange, certaines cartes d’électeurs portent la signature de l’ancien président de la CENI, Taffa Tabiou, alors que le poste est maintenant occupé par Angèle Dola AGUIGAH. Beaucoup d’éléments qui ne tendent pas à crédibiliser le fichier électoral qui en ressortira. Les partis de l’opposition ont boycotté la CENI à cause de sa composition déséquilibrée en faveur des partis au pouvoir (UNIR-RPT et UFC), mais ils ont néanmoins invité les populations à aller se faire enrôler et ont déployés des militants sur le terrain pour contrôler le processus.

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A chacun d’en juger, ces reportages qui ont donné la parole aux sans-voix, mettent à nu les pratiques d’un régime dictatorial qui profite de l’éloignement et l’inaccessibilité de ces régions, l’absence des médias privés et la négligence des partis de l’opposition pour asseoir son règne. Tout n’a pas été publié, car Fredo a aussi surpris des agents du RPT/UNIR venus manipuler le personnel chargé des opérations de recensement, mais ces prises n’ayant pas été jugées suffisamment probantes pour être diffusées. En somme, ces reportages peuvent donc avoir mis en furie les tenants d’un régime qui veulent garder cette région dans l’obscurantisme et l’ignorance. Peut-être, ne tiennent ils pas à voir étalés à la face du monde la misère et l’asservissement de cette population. A l’heure de l’internet et des réseaux sociaux, il est vain de vouloir abattre un seul homme pour l’empêcher de contribuer à dire la vérité, car comme le dit le slogan des anonymous « We are legion, we are many ! Nous sommes une légion, nous sommes nombreux ! »
 
Source : koaci

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