agboyibor

Candidature unique de l’opposition

 
Candidature unique de l’opposition. C’est l’option partagée à l’unanimité au sein de l’opposition, et c’est la finalité du conclave tenu depuis le 29 juillet par le Collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc-en-ciel. Mais le défi qui se pose aux responsables de ces deux regroupements est de composer avec les ennemis, mais aussi pouvoir rallier toute l’opposition à cette cause. Car il existe dans ses rangs des pêcheurs en eau trouble comme l’inusable Apollinaire Yawovi Madji Agboyibo.
 
Candidature unique, l’option de sagesse
 
Que soit dit en passant, la candidature unique de l’opposition n’est pas la solution au problème des élections au Togo et à l’alternance au pouvoir, comme une certaine opinion tente de le faire croire. Le vrai problème, c’est le refus de la transparence, la volonté du régime de Père en Fils de verrouiller les processus électoraux par la définition de règles de jeu iniques, la caporalisation des institutions électorales, les fraudes et les hold-up. C’est sur ces paramètres qu’il faudrait agir, et c’est ce que les forces de l’opposition ont tenté de faire en poussant le pouvoir Faure Gnassingbé à opérer les réformes. Mais tout le monde connait le sort de ces réformes constitutionnelles et institutionnelles recommandées par l’Accord politique global (Apg). Devant l’obscurantisme du pouvoir, l’opposition est condamnée à trouver des recettes pour contourner l’obstacle. Et c’est ici que la candidature unique se révèle comme la panacée.
 
C’était le vœu le plus ardent des populations qui avaient marre de voir l’opposition aller aux différentes compétitions électorales en rang dispersé. Ce qui limitait ses chances de victoire. Aujourd’hui, le peuple assoiffé d’alternance ne peut que se réjouir que cette option de candidature unique de l’opposition soit partagée par toutes ses composantes. C’est simplement le choix de la sagesse, face à l’obscurantisme du Prince de la République, décidé à briguer un 3e mandat au pouvoir, contre vents et marées. Avec une bonne campagne électorale commune du Cst et de la Coalition Arc-en-ciel autour d’un candidat unique, les électeurs qui avaient perdu goût aux élections parce qu’aboutissant toujours à la victoire du pouvoir, pourraient bien retrouver l’envie de se rendre aux urnes en 2015. Cette option enlèverait aussi au pouvoir l’argument massue souvent brandi pour justifier ses victoires (sic) ou plutôt les échecs de l’opposition, la multiplicité des candidats et l’émiettement des voix. Les calculs aux législatives de 2007 et 2013 ont donné l’opposition réunie l’emporter en terme de suffrages sur le pouvoir. Il y a là une bonne carte à jouer.
 
Composer avec les ennemis, rallier toute l’opposition à cette cause
 
Diviser pour mieux régner. Voilà une politique séculaire utilisée par le clan Gnassingbé pour se pérenniser au pouvoir. Et elle lui a réussi jusqu’à présent, l’opposition elle-même prêtant parfois le flanc. Il va donc de soi que la dynamique unitaire enclenchée par le Collectif « Sauvons le Togo » et la Coalition Arc-en-ciel fasse faire les dignitaires du pouvoir dans leurs frocs et qu’ils cherchent à la casser. C’est ce qui était manifeste dans la révélation par des organes acquis au pouvoir de supposées divergences entre les deux entités au sujet du partage des places réservées à l’opposition à la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Une manipulation à laquelle a concouru tacitement le Bélier noir, l’opposant has been qui a du mal à s’offrir une retraite politique, en étant bavard sur les médias.
 
Il faudra donc composer avec l’ennemi qui cherchera à corrompre, à manipuler certains leaders de l’opposition qui seront transformés en taupes, à opposer les deux entités, à utiliser ses caisses de résonance pour intoxiquer l’opinion, l’objectif étant de casser la dynamique. Les expériences passées devront donc instruire beaucoup. Mais l’autre défi sera aussi de rallier toutes les composantes de l’opposition à cette candidature unique. On fait ici allusion aux ambitions présidentielles tous azimuts qui s’expriment déjà et qui se sont même concrétisées par des choix formels ou déclarations de candidatures à cette échéance. Les leaders du Cst et de la Coalition Arc-en-ciel devront les convaincre de rallier une éventuelle candidature unique. D’ailleurs toute démarche solitaire serait conçue, dans le contexte actuel, comme une tentative de sabotage, et le peuple togolais qui est très observateur et sait réserver le traitement idoine aux traites avisera au moment opportun. C’est ce qu’a souligné Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson, la Secrétaire générale par intérim de la Convention démocratique des peuples africains (Cdpa) et personne ressource de la Coalition Arc-en-ciel, dans l’interview accordée à notre confrère « afreepress.info ». « Je ne pense pas, de toute façon qu’un parti, dans le contexte actuel, oserait prendre position contre cette candidature. Même si dans nos efforts pour les réformes, nous arrivons à obtenir les deux tours de scrutin, la position correcte à avoir, c’est de se dire que nous irons quand même ensemble, nous aurons un seul candidat. Parce que dans la situation actuelle, il est clair que celui qui oserait faire route tout seul, celui-là est dans une logique de faire perdre l’opposition et de faire gagner le pouvoir. Il est dans la logique que le pouvoir doit demeurer après 2015, et par conséquent, il cherche à pouvoir coopérer avec lui. Mais je suis convaincue que les Togolais sont des gens qui réfléchissent, analysent, voient les actes que chacun pose, les populations sauront sanctionner. En tout cas, la Cdpa appellera à ce qu’ils soient sévèrement sanctionnés. Tout le monde reconnaît aujourd’hui que la candidature unique de l’opposition est la seule issue que nous avons », a-t-elle déclaré.
 
Yawovi Agboyibo, l’autre énigme à résoudre
 
« Me Yawovi Agboyibo, entre retraite politique et ambitions présidentielles inavouées…/ Une présence permanente bien suspecte dans le débat politique », titrions-nous un article dans la parution N°1745 du 23 juillet 2014 où nous suspections (légitimement) les sorties intempestives du président d’honneur du Comité d’action pour le renouveau (Car), curieusement assez bavard depuis un moment, et des desseins inavoués. « Cette présence permanente de Me Yawovi Agboyibo répond-elle à des desseins secrets ? Est-ce une rentrée politique tacite effectuée par l’homme ? Cette immixtion permanente vise-t-elle à lui permettre de garder une certaine présence sur la scène politique et dans l’esprit des Togolais ? Autant de questions qui se posent, les indiscrétions l’ayant dit manœuvrer pour se porter candidat du Car ou de la Coalition Arc-en-ciel en 2015. L’homme n’a d’ailleurs jamais caché ses ambitions de sortir de son terreau pour jouer ce rôle. Et comme par hasard, certains médias qui ont eu à l’interviewer le présentent comme « potentiel candidat unique de l’opposition à la présidentielle de 2015 » (…) Des sources rapportent que l’homme tablerait sur une mésentente entre Jean-Pierre Fabre et Me Dodji Apévon, les deux pions dégagés, dans le cadre du choix du candidat unique de l’opposition pour la présidentielle de 2015, et se présenterait comme l’alternative. Il ne ferait pas grand-chose d’ailleurs pour que les deux présidentiables s’entendent, et ses ambitions créent une scission au sein du parti des déshérités », révélions-nous.
 
C’est un secret de Polichinelle, Yawovi Agboyibo un as de la roublardise, des manœuvres politiciennes, et il se révèle un véritable obstacle à cette dynamique de candidature unique. Parlant de manœuvres, il est loisible de noter l’agitation d’une certaine association dénommée « Jeunes Libéraux Républicains (JLR) » dite affiliée au Car et qui a cru devoir porter sur la place publique de pseudos divergences lors du conclave entre le Cst et la Coalition Arc-en-ciel, à travers un communiqué publié dimanche. A en croire cette association sortie de nulle part, le conclave aurait donné lieu à deux courants ; d’abord celui d’inspiration libérale républicaine (où se retrouve sûrement son mentor) qui « a soutenu que la seule façon pour l’opposition de gagner les élections à l’horizon, c’est de s’entendre pour mobiliser les populations en vue de contraindre le régime en place à procéder, avant toute chose, aux réformes prévues par l’Apg, notamment celles concernant la limitation du mandat présidentiel, le mode de scrutin, le statut de l’opposition, la composition de la Céni et de la Cour Constitutionnelle », et l’autre dit « marxiste orthodoxe » qui aurait défendu de son côté, l’idée que les réformes institutionnelles n’étaient pas nécessaires et que l’opposition pouvait gagner la prochaine élection présidentielle si elle s’entend pour une mobilisation forte des populations. De simples manœuvres derrière lesquelles des sources voient la main du roublard devant l’Eternel qui cherche simplement à saboter les efforts du duo CST-Arc-en-ciel.
 
« Ton ennemi n’est pas loin, il est dans ta propre maison », dit-on souvent. Les pêcheurs en eau trouble, il y en a forcément dans les deux regroupements de l’opposition qui se retrouvent en conclave. Il faudra donc les faire rentrer dans les rangs. A commencer par Yawovi Agboyibo, qui se pose comme une épine aux pieds des leaders de ces deux entités et qu’il faudra ramener à la raison. C’est en cela que les observateurs apprécient le fait que Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson ait relevé dans son interview le choix du candidat de la Coalition en la personne de Me Dodji Apevon ; car cela aura le mérite de couper l’herbe sous les pieds à l’opposant has been qui refuse de prendre le train de la retraite.
 
Tino Kossi
 
Liberté Togo
 

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