Yark_avril2013

Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile Yark Daméhame était hier face à la presse. L’objectif, entretenir et éclairer l’opinion sur les récents incidents meurtriers qui se sont déroulés à Dapaong. Bien que l’initiative soit louable et noble, cette sortie médiatique a été un non événement, en ce sens que rien de nouveau n’en a filtré. Pis, le ministre s’est complu durant toute la séance à esquiver les questions des journalistes, qu’il n’a pas pu convaincre d’ailleurs.

Ainsi, il ressort de ce point de presse qu’il est établi que l’élève Sinandare Gouyano Anselme a succombé des suites d’une blessure par balle imputable à des éléments des forces de l’ordre qui tentaient de contenir les manifestants ; que les trois fonctionnaires de police ainsi que le commandant de l’unité qui ont exécuté les tirs de sommation ont été formellement identifiés et mis aux arrêts de rigueur ; et que l’auteur du tir mortel sera traduit en justice conformément à la procédure en vigueur. Tout en précisant que la procédure en cours est différente des procédures normales, le Ministre Yark Daméhame a laissé entendre que « les auteurs ne seront pas présentés à la presse, mais seront livrés à la justice ». De quoi offusquer les responsables de la Synergie des travailleurs du Togo (STT) et les syndicats des enseignants qui réclament la présentation publique des responsables des bavures. A la fin de la conférence, un confrère qui a réussi à arracher, à coup d’insistances, quelques détails au directeur de la Gendarmerie, le Cdt Akpovy rapporte : « Le tueur sera d’abord présenté devant une commission qui, à la suite d’une enquête, décidera de la punition à lui donner. Il s’agira d’une mise en taule qui peut s’étaler sur trois mois, dans une garnison. Après ça, il sera radié de la Police et mis à la disposition de la Justice qui prendra le relai… » Comme quoi, pour voir l’agent indélicat devant le juge, il faut compter encore des mois.

S’agissant des circonstances exactes qui ont conduit au décès du jeune Douti Sinanlengue, Yark Demehane a indiqué qu’ils sont en possession d’éléments nouveaux qui leur font remettre en cause la thèse défendue par le ministre du Travail, Yacoubou Hamadou et le Procureur de la République près le tribunal de Dapaong, thèse selon laquelle le jeune Douti n’est pas mort des coups qu’il a reçus au ventre, mais d’une contusion de l’abdomen. Contradictions au sein du gouvernement, dites-vous ? « Les investigations se poursuivent afin de déterminer les circonstances dans lesquelles son décès est survenu. Dès que les conclusions de ces investigations seront disponibles, elles seront communiquées sans délai », s’est voulu rassurant le ministre. Les jours à venir nous apporteront surement des éclaircissements.

Au sujet de l’enveloppe financière envoyée aux parents des enfants décédés, Yark Daméhame répond énergiquement : « celui qui dit que c’est de la corruption, ça le regarde, lui et sa conscience ! Dans quelle partie du Togo, ça ne se fait pas ? ». Quant à la question de savoir s’il n’a jamais songé rendre son tablier suite à toutes les crises qui secouent son département ministériel, le ministre a martelé : « Je suis moralement affecté, mes éléments ont commis une faute grave, mais je suis soldat ; et un soldat ne démissionne pas ! ».

Il faut dire que les journalistes sont repartis insatisfaits de ce point de presse. Comment des armes de guerre ont-elles pu se retrouver comme cela dans une manifestation d’enfants ? Comment un tir de sommation a-t-il pu atteindre mortellement un enfant ? Pourquoi les versions diffèrent-elle d’un Ministre à un autre au sein du même gouvernement ? Pourquoi les enquêtes sur les agressions des journalistes et des citoyens sont-elles toujours déclarées ouvertes, et on n’a jamais de fin ni de conclusions ? Quand est-ce-que les vrais rapports sur les incidents meurtriers de Dapaong seront rendus publics ? Autant de questions qui sont restées sans réponses.
Pascal Sewa


source : Liberté Togo

Voici la déclaration de Yark Damehane

Suite aux violentes manifestations enregistrées à Dapaong le 15 avril 2013, une commission mixte d’enquête Police-Gendarmerie a été mise en place, conformément aux instructions du Gouvernement pour faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles le décès de l’élève SINANDARE Gouyano Anselme est survenu.

Il ressort des différents témoignages, des auditions et des recoupements effectués en vue de la reconstitution des faits ce qui suit:

1- Il est établi que l’élève SINANDARE Gouyano Anselme a succombé des suites d’une blessure par balle imputable à des éléments des forces de l’ordre qui tentaient de contenir les manifestants;

2- Acculés par des jets de pierres, le forces de sécurité ont tout d’abord procédé à des tirs de sommation;

3- Malheureusement un tir tendu a dans la foulée atteint mortellement la victime;

4- Trois fonctionnaires de police ont été formellement identifiés comme ayant exécuté les tirs de sommation;

5- Le fonctionnaire de police responsable du couloir où la victime a été fauchée a également été identifié.

MESURES PRISES

1- Les trois fonctionnaires de police ainsi que le commandant de l’unité ont été immédiatement mis aux arrêts de rigueur;

2- ont été formellement identifiés.

Pour ce qui concerne DOUTI Sinanlengue les investigations se poursuivent afin de déterminer les circonstances dans lesquelles son décès est survenu. Dès que les conclusions de ces investigations seront disponibles, elles seront communiquées sans délai.

Le Gouvernement saisit l’occasion pour renouveler ses sincères condoléances aux familles éplorées.

Fait à Lomé, le 23 avril 2013


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