« La pire des hypocrisies est de lutter contre ce qu’on nourrit soi-même, dans la complicité la plus irresponsable » (Patrick Louis Richard)

Durant plusieurs années, le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) de Me Yawovi Agboyibo -paix à son âme- s’était toujours plaint d’être le souffre-douleur d’abord de l’UFC originelle, quand Yovovia était apparu sur comme le messie, le Christ, le sauveur des Togolais. Yawovi Agboyibo était la tête de turc préférée des Togolais. Il nous souvient qu’il y avait un cartoon ou un message très prisé des Togolais dans lequel, en comparant Agboyibo à Gilchrist Olympio, le dirigeant du CAR était dépeint comme un buveau de Sodabi, un afro-man aux cheveux pignasses qui ne se peignait pas. C’est ainsi qu’il était moqué. Ensuite de l’ANC, au point qu’à la suite de la proclamation des résultats de la présidentielle de 2010, alors que Jean-Pierre réclamait la victoire, la rancune du CAR envers l’ANC était si tenace que Me Agboyibo  avait déclaré que selon les résultats dont il disposait, il était arrivé en 3ème position et qu’il ne pouvait dire celui qui était premier ni le deuxième.

En 2017, suite à l’arrivée fracassante de Tikpi Atchadam sur la scène politique, les joutes verbales et les attaques ont repris de plus belle, cette fois entre les militants du PNP, les fameux professionnels des audios sur le réseau social WhatsApp et ceux de l’ANC. Les deux camps s’étaient longtemps livrés à une guerre sans merci.

Aujourd’hui, c’est l’ANC qui se plaint à son tour d’être victime des attaques et des calomnies de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK). Et à longueur de journée, depuis la présidentielle du 22 février 2020, les révolutionnaires 2.0 perdent leur temps et leur énergie à s’entredéchirer. Dévoyant ainsi la lutte et lâchant ainsi la proie pour l’ombre. Pendant ce temps, l’adversaire commun, la vieille dictature cinquantenaire de père en fils  qui les martyse, qui les opprime tous, est délaissé et déroule tranquillement son agenda pour continuer à régenter indéfiniment les Togolais.

  Sous prétexte de menace sécuritaire et de lutte contre la pandémie de Covid-19, des restrictions sont imposées aux libertés publiques au Togo. Les partis politiques, les Organisations de la société civile, bref les citoyens n’ont plus accès aux moyens d’expression républicains. Le jeu politique est fort verrouillé. Toujours au nom de la lutte contre le djihadisme, la France d’Emmanuel Macron encense et apporte désormais ouvertement son soutien à l’une des plus vieilles dictatures en Afrique.

Le président français qui, interpellé en 2018 par des compatriotes de la diaspora au temps fort de la crise sociopolitique au Togo, se défendait de n’avoir jamais reçu Faure Gnassingbé, même en voyage bilatéral, va lui dérouler le tapis rouge à l’Elysée dans les semaines à venir à l’Elysée. Les courtisans et autres griots du régime vont pousser le cri d’ofraie de la victoire diplomatique de leur chef.

Pendant ce temps, l’opposition, comme si elle était sous l’emprise des forces obscures, continue ce qu’elle sait faire le mieux au monde : s’auto-détruire sur les réseaux sociaux. Avant, ce sont les communicants et activistes du régime qui inondaient les réseaux sociaux pour démolir les leaders de l’opposition. Aujourd’hui, ce travail est réalisé à perfection par  l’opposition elle-même. Au grand bonheur du régime de Faure Gnassingbé. Au pont que le citoyen lambda en arrive à se demander si la plupart des leaders n’auraient pas des agendas cachés que le militant ignorant ne réalisera qu’à la 25è heure.

Médard AMETEPE / Liberté N°3323 du 09-02-21

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