« Une dictature est un pays dans lequel on n’a pas besoin de passer toute une nuit devant son poste pour apprendre le résultat des élections » (Georges Clemenceau)

Après 37 années au pouvoir, le dictateur congolais Denis Sassou Nguesso s’est octroyé le 21 mars, un nouveau mandat avec un score fleuve qui défie toutes les lois de la démocratie : 88,57% des suffrages. Si l’Empereur a fait mieux que son fils spirituel Faure Gnassingbé qui a été proclamé président pour un 4ème mandat avec 70,78% des voix, il est très loin d’Alassane Ouattara qui bat tous les records en Afrique francophone du nouveau millénaire : 94,27%. Les trois autocrates africains entrent dans le club très fermé des dirigeants les mieux élus au monde.

 Ce triumvirat fait partie de ces dirigeants africains que décrivait l’écrivain guinéen Tierno Monénembo : « Le dirigeant africain, lui, n’a peur de rien ni de personne. C’est le plus terrible de la planète. L’État, c’est lui ! (…) Le brouhaha électoral de ces dernières années ne saurait l’ébranler. Sous la tempête comme sous le vent du changement, il reste droit dans ses bottes. Les élections passent, lui, il reste ». Personne ne leur tient tête.

 Les élections dans le pré carré français sont toujours rythmées par des fraudes pyramidales. C’est le grand héritage que la France a légué à ses ex-colonies sur lesquelles elle a encore une mainmise. Sur fond d’une parodie de démocratie, ces dirigeants se maintiennent à la tête de leur pays par des élections frauduleuses dont ils se proclament systématiquement vainqueurs.

 A la veille de la présidentielle du 21 mars 2021 au Congo Brazzaville, des écrivains et intellectuels congolais de la diaspora ainsi que l’épiscopat avaient formulé de sérieues réserves sur la transparence et la crédibilité du scrutin. Pour eux, il ne s’agira pas d’une élection, mais d’une véritable mascarade électorale.  

« Tout le monde connaît déjà le nom du vainqueur : Denis Sassou Nguesso. Je parie qu’il s’attribuera une victoire au premier tour avec un score entre 60 et 70%», prédisait l’écrivain Emmanuel Dongola. Denis Sassou Nguesso a fait mieux. Il avait annoncé un coup KO dès le premier tour. Un second tour serait trop long pour lui. Comme tous ses homologues africains qui ont organisé des élections avant lui – Faure Gnassingbé, Alassane Ouattara, Alpha Condé, Yoweri Museveni, etc.-, l’Empereur a réalisé brillamment son coup KO en s’attributant environ 90% des voix. Surtout après avoir fait couper les connexions Internet avant le début du vote.

Dans la plupart des centres de vote, Sassou Nguesso a obtenu entre 90 et 100% des voix selon les résultats présentés par sa commission électorale. Sur des procès-verbaux qui ont fuité sur les réseaux sociaux, il n’y avait aucune correlation entre les chiffres qui présentent de monstrueuses incohérences. On pouvait apercevoir des écarts de voix entre les suffrages exprimés et la somme des voix attribuées aux candidats, c’est-à-dire que le suffrage total exprimé est différent de la somme des voix obtenues par les candidats.

On avait observé les mêmes anomalies et irrégularités lors de la présidentielle du 22 février 2020 au Togo. Faure Gnassingbé et son parrain Denis Sassou Nguesso vont sûrement à la même école de fraudes électorales. Comme son homologue togolais qui a fait reviser la constitution, l’Empereur pourra encore briguer un nouveau mandat en 2026… En attendant de voir.

Médard AMETEPE / Liberté

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