Adou Séibou, Pdt du MEET : « Soit ils nous éliminent tous, soit ils nous donnent ce que nous voulons »

 
Malgré l’ouverture du campus universitaire de Lomé jeudi dernier, la colère des étudiants ne retombe pas. L’Université de Lomé a de nouveau été le théâtre de heurts entre étudiants et forces de l’ordre hier en marge d’une Assemblée générale d’information qu’a organisée sur le campus, le Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (Meet), fer de lance des contestations. D’autres actions de ce genre sont annoncées pour les jours à venir.
 
Le campus universitaire de Lomé et ses environs ont été le théâtre hier de violents affrontements entre forces de l’ordre et étudiants. Ces heurts se sont  produits  en marge d’une Assemblée générale organisée par  le Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (Meet) pour  informer les étudiants des suites des discussions engagées avec les autorités togolaises, des discussions que le mouvement a qualifiées de duperies.
 
Ils étaient plus de quinze mille étudiants à répondre à l’appel d’Adou Séibou et son mouvement. Au cri de « Ahadzi démission ! », les étudiants ont crié leur ras-le-bol et exigé la démission du président de l’Université de Lomé pour sa gestion calamiteuse de la crise qui secoue l’UL. Selon les manifestants, le gouvernement a tant joué avec l’avenir des étudiants en les tournant en bourrique.
 

 
Les responsables du Meet ont présenté à la foule attroupée devant l’amphi 600, les termes du pseudo accord que le gouvernement dit avoir signé avec les mouvements estudiantins. Selon Adou Séibou, président du Meet, un procès verbal de réunion est fondamentalement différent d’un accord qui est une convention ou un arrangement intervenu entre plusieurs personnes.  « Ce matin, confie Adou Séibou, nous avons fait une AG, suivie de sit-in et nous avons décidé de nous rendre à la Primature pour rencontrer le chef du gouvernement et lui faire part de nos préoccupations. Nous disons au chef du gouvernement que nos revendications n’ont pas trouvé satisfaction. En tant que chef de gouvernement, il faut qu’il agisse, sinon les manifestations vont continuer jusqu’à nouvel ordre. Soit ils nous éliminent tous, soit ils nous donnent ce que nous voulons. Nous venons faire le compte-rendu à nos camarades étudiants et décider de la conduite à tenir aujourd’hui. Nous allons prendre de grandes décisions. Il s’agit de notre avenir, nous sommes prêts à mourir pour nos droits. Nous demandons qu’on nous donne une 5ème tranche, qu’on nous donne une garantie qu’à partir de la rentrée prochaine il y aura le retour de la bourse, que les primes de mémoire, de transport et de restauration soient assurées aux étudiants. Au problème de la session de rattrapage, ils ont trouvé un palliatif, mais les étudiants disent qu’ils ne sont pas satisfaits. Le seul point positif au tableau, concerne la question des prérecquis ».
 

 
A en croire les responsables de cette association, l’année universitaire, contrairement aux menaces des autorités, aura toutes les couleurs sauf blanche.
 
A la suite de cette AG, les étudiants ont convergé vers la Direction des affaires académiques et de la scolarité (Daas), située dans l’enceinte du campus universitaire où ils ont observé un sit-in de trente minutes avant de prendre la direction de la Primature. C’est en ce moment que tout dégénère avec l’entrée en scène des forces de l’ordre armées de grenades lacrymogènes. Ceux-ci n’ont pas hésité à faire usage des gaz à leur possession dans leur  tentative de disperser la foule qui devenait de plus en plus grande. Mais de guerre lasse, les étudiants prennent contrôle du boulevard Gnassingbé Eyadema, à la hauteur de l’Ambassade des Etats-Unis, empêchant la circulation. « Ces messieurs qui ont envoyé leurs enfants dans de grandes universités à l’extérieur du pays sont en train de nous tourner en bourrique sous prétexte qu’un accord a été trouvé, dit en sueur le président du Meet suivi d’une foule d’étudiants, mais quel accord ? Ce que nous demandons désormais, c’est qu’il y a une table ronde entre le Premier ministre en personne, les autorités universitaires et le Meet. C’est ce que nous venons dire aux autorités mais à notre grande surprise, nous avons rencontré des forces de l’ordre qui ont passé tout leur temps à nous gazer. Je ne peux pas comprendre aujourd’hui que le président de l’Université de Lomé, qui est le rapporteur de la Commission Justice et réconciliation (Cvjr), qui se dit défenseur des droits de l’Homme, envoie des gendarmes et des policiers nous gazer ».
 
Rendez-vous a été donné par le Meet aux étudiants pour ce matin en vue de la poursuite du mouvement entamé. « Demain, l’AG va être suivie de marche, nous n’irons plus à la Primature mais à la Présidence de la République directement. Si on nous empêche, nous changerons de stratégie. Nous allons appeler à une marche en ville et nous allons demander à tous nos parents, nos frères et amis qui ne sont pas sur le campus de se joindre à nous », annonce un membre du bureau du mouvement.
 

 
 
Olivier A.
 
source: liberté hebdo togo