cari_hypocrite


Hypocrites, c’est le seul terme qui convienne à l’état du monde de nos jours. Sur un même continent, des pays aspirant à plus de démocratie sont traités selon leurs potentialités dont l’extérieur peut tirer profit. Pendant que des présidents affichent leur mépris de la constitution et gèrent leurs citoyens comme ils l’entendent sans que dame France ou une autre superpuissance ne veuille lever le petit doigt, certains dirigeants se sont vu signifier un congé d’aller voir ailleurs. D’autres ont été carrément zigouillés, et le monde a continué sans gémir. Pendant qu’on s’assoie sur des réserves des pays ayant en commun le franc CFA et qui ont un besoin incommensurable de ressources pour soutenir leur développement, on ferme les portes de l’Europe aux citoyens de ces pays pour des raisons d’immigration choisie.
 
Deux jours avant le drame à Paris, 44 vies ont été fauchées dans la banlieue de Beyrouth. Tous les jours que Dieu fait, dans d’autres parties du monde, des atrocités se commettent. Mais Martin Gray, un des derniers survivants de la 2è guerre mondiale, n’a-t-il pas écrit : « un enfant vaut un enfant ; une vie, une vie, peu importe l’endroit de la terre où il nait et où elle éclot » ? Ceci pour dire que nous naissons égaux et si des gens doivent manifester leur solidarité en fonction de la provenance des drames, alors nous sommes devenus tous des hypocrites. Au Togo, certains des morts de Mango ont été écrasés parce qu’ils voulaient manifester. Et pourtant, les manifestations sont désormais placées sous le régime de l’information et non de l’autorisation.
 
Mais des soldats se sont permis de tirer sur une foule à mains nues. Aucuns des grands de l’extérieur n’a jugé ces actes barbares. Et les citoyens togolais vont manifester dans plusieurs villes samedi prochain. Peut-être que les autorités voudront interdire ces manifestations dont le but est de dire : « ça suffit ». Et en cas de résistance, des coups de feu pourraient partir encore. Seulement, l’amoncellement de frustrations, le cumul de brimades finissent par durcir des cœurs et par en faire des révoltés n’ayant plus rien à perdre. Le monde est devenu un village planétaire et toute injustice est vite relayée. Ayons la même compassion pour l’Africain, l’Asiatique, l’Oriental, l’Américain ou l’Européen. Parce qu’avant tout, un humain reste un humain. Arrêtons un peu l’hypocrisie. « Je suis Dapaong », en mémoire d’Anselme et Douti ; « je suis Mango », pour que les morts de cette ville aussi ne soient pas oubliées.
 
Le reste, on verra.
 
Caricature (adjustée) : Donisen Donald / Liberté
 
Source : [16/11/2015] Liberté
 

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here