J’ai été arrêté par les militaires à Agoè. Je leur demande ce qui ne va pas, et à ma grande surprise ils ont sorti de leur poche, ma photo. D’un seul coup, ils m’ont administré une violente gifle, l’un de mes yeux a rougi. C’est de là qu’ils m’ont jeté dans le véhicule avec des coups de pieds. Dans le véhicule, ils m’ont demandé de me coucher sur le dos et deux d’entre eux sont montés sur mon ventre, un troisième a mis son pied sur ma tête. Ils m’ont conduit au camp FIR. Ils sont quatre militaires à me rouer de coups à l’aide des cordelettes. Ils m’ont demandé si je vais encore aller à la marche. Je leur ai bien dit que c’est maintenant que je vais m’y rendre, et s’ils veulent me tuer, qu’ils le fassent. Ils m’ont demandé si j’ai des enfants. Je leur ai dit que oui, j’en ai. Et ils m’ont demandé si je meurs, qui va les nourrir. Je leur ai dit que Dieu lui-même les nourrira. Ils m’ont violemment flagellé et se sont reposés.
Leur chef est venu, très géant et menaçant. Il m’a demandé si c’est nous qui sommes en train de marcher dans la rue, j’ai dit oui. Il dit très bien, et a fait venir sa propre cordelette. Il sonne 16h et ils ont fait venir la gendarmerie. A l’arrivée des gendarmes, ils m’ont conduit dans une cellule où ils m’ont mis une chaine à la main et aux pieds. Je suis ainsi amené à la gendarmerie où les bastonnades ont dépassé ceux du camp FIR. Avec le sang partout sur le corps, je suis enfermé dans une cellule pendant des heures avant de me faire mes empreintes digitales sur des papiers de plus d’une dizaine de pages. J’ai été déféré et conduit devant le juge d’instruction qui, après avoir lu les chefs d’accusation contenus dans un dossier de 16 pages, m’a libéré. A ma surprise, lorsque je sortais du bureau du juge, un gendarme a demandé que je sois de nouveau menotté, ce qui fut fait et je suis ramené au camp de la gendarmerie nationale. Après m’avoir encore roué de coups, ils m’ont libéré et je suis rentré».
Propos recueillis par Actu express
Actu Express N° 209 du 28 août 2012