Le demi-frère du président togolais Faure Gnassingbé, accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat déjoué en 2009, a appelé lundi à la réconciliation avec le chef de l’Etat, clamant de nouveau son innocence devant la Cour suprême de Lomé.
Monsieur le président, si vous me condamnez, vous condamnez un innocent. Je n’ai jamais tenté de faire un coup d’Etat, a déclaré Kpatcha Gnassingbé au président du tribunal.
Je demande pardon aux accusés, car c’est une affaire très familiale. Je demande au Seigneur de toucher le coeur de tout le monde, notamment de mon frère Faure. Il faut une réconciliation. Que la volonté de Dieu soit faite, a-t-il poursuivi.
Trente-trois personnes sont poursuivies dans cette affaire de tentative présumée de putsch alors que le chef de l’Etat s’apprêtait à effectuer un voyage en Chine, en avril 2009.
Le parquet, qui avait jusqu’ici fait état de 32 inculpés, a précisé lundi qu’un trente-troisième prévenu était en fuite et n’assistait donc pas au procès qui s’est ouvert le 1er septembre.
Ancien ministre de la Défense âgé de 41 ans, Kpatcha Gnassingbé est l’un des nombreux fils du général Gnassingbé Eyadema qui régna d’une main de fer sur le Togo pendant 38 ans. Il est accusé d’avoir voulu renverser Faure Gnassingbé, à la tête du pays ouest-africain depuis la mort de leur père en 2005.
Vendredi, l’avocat général Komlan Aworou Missité a requis contre lui et sept autres inculpés la réclusion criminelle à perpétuité, estimant qu’ils étaient coupables de crimes de complot contre la sûreté de l’Etat.
Parmi les sept figurent le général à la retraite Assani Tidjani, ancien chef d’état-major des forces armées togolaises et ex-ministre de la Défense, ainsi qu’un cousin du président, Esso Gnassingbé.
L’avocat général a requis 12 mois d’emprisonnement dont deux avec sursis contre un neuvième accusé. Contre les 24 autres, le ministère public n’a pas trouvé de charge. Parmi eux, un autre demi-frère du président, Essolizam Gnassingbé, et encore deux cousins.
Onze avocats de la défense, dont le Français Mario Stasi, ont plaidé lundi, après les représentants de l’Etat vendredi, et tous les inculpés ont de nouveau affirmé être innocents.
L’accusation est fragile, aucune démonstration ne nous a été faite, a jugé l’un de leurs avocats, Djovi Gally. Inutile de condamner ces accusés parce qu’ils ont trop souffert pendant plus de deux ans. Nous demandons leur relaxe pure et simple.
Le président de la Cour suprême Abalo Pétchélébia a annoncé qu’il rendrait le verdict jeudi à 10H00 locales et GMT.
Kpatcha Gnassingbé a dénoncé la semaine dernière une machination pure et simple.
Dans la nuit du 12 au 13 avril 2009, un raid avait été mené contre son domicile à Lomé, officiellement pour arrêter des personnes soupçonnées d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Le 15, il était arrêté devant l’ambassade américaine où il tentait de trouver refuge.
Deux jours plus tard, le président, qui n’a jamais cité le nom de son demi-frère dans cette affaire, avait remercié des pays étrangers et amis pour avoir prévenu Lomé de l’imminence du coup d’Etat.
Certains observateurs se sont demandés s’il y avait réellement eu une tentative de coup. Soulignant des rivalités entre le président et Kpatcha, des analystes ont estimé que l’affaire s’apparentait avant tout à des règlements de compte familiaux.
source : romandie.com