On parlait depuis un moment de la cherté de la vie au Togo. De ses conséquences sur les populations. De l’incapacité de celles-ci à boucler leur fin du mois. De vivre tout simplement comme d’honnêtes gens. Beaucoup se sont écriés, récriminés, tout en espérant que les dirigeants trouveraient remède à la hausse inquiétante des prix de denrées alimentaires devenue la première cause du marasme social sans précédent due à la crise sanitaire.
Le peuple en étant là, comme essoufflé, plus démuni que jamais, quand, en début de semaine dernière, s’est ajoutée à la hausse des prix de denrées alimentaires celle du prix du carburant qui a connu une substantielle augmentation à la pompe. Une hausse tout aussi inquiétante qu’impopulaire, car cette augmentation décidée par le gouvernement, en la personne de Kodjo Adedze, ministre du Commerce, de l’industrie et de la consommation locale, a de quoi faire grincer des dents : 90 F de plus pour le super, 85 F de plus pour le Gas oil, 84 F de plus pour le mélange 2 temps et 150 F de plus pour le pétrole lampant.
Désormais, le super sans plomb est vendu à 595 F cfa au lieu de 505 F Cfa précédemment, le gasoil 605 F Cfa contre 520 F Cfa jusqu’à ce jour. Il faudra aussi débourser 550 F cfa pour acheter le pétrole lampant quand on sait qu’avant la semaine écoulée il s’achetait à 400 francs CFA depuis juin 2021. Une augmentation de 150 francs CFA. Le mélange deux temps se vend quant à lui désormais à 690 F Cfa, connaissant ainsi une hausse de 84 Francs par rapport à son prix d’avant la nouvelle augmentation, 606 francs.
De Charybde en Scylla
Cette augmentation du prix du carburant a sans surprise occasionné une revue en hausse des tarifs de transports. S’il faut débourser 200 francs pour se rendre à un lieu avant, il faudra dorénavant en rajouter 100 francs. On n’ose pas imaginer les spéculations que cette hausse entraîne déjà entre clients et conducteurs de taxi et autres transports en commun. Mais nous voilà bien mal lotis : quand les citoyens espèrent une embellie dans des temps aussi incertains, les dirigeants leur jettent en plein dans leur face de citoyens de seconde zone (juste bons à subir sans broncher)une augmentation de trop qui n’aura fait que les pousser plus avant dans l’abîme de la précarité la plus rance qui soit.
Les Togolais n’ont pas l’étoffe du héros de la guerre de Troie, mais tel Ulysse, les voilà qui s’engagent dans une odyssée dont les traversées n’ont rien à envier à celles qu’a eu à subir à son corps défendant le roi d’Ithaque. On comprend mal qu’en pleine crise sociale, un gouvernement oublie jusqu’aux plus basiques et élémentaires actions humanitaires qui voudraient que des mesures d’accompagnement concrètes soient prises, histoire de soulager des gens qu’on prétend gouverner.
Comme cela se fait partout ailleurs sur le continent. Justifier ces nouveaux prix par la continuité de l’approvisionnement du Togo en produits pétroliers alors que le plus grand nombre n’en finit plus de boire le calice de la précarité jusqu’à la lie, que les subventions du carburant claironnées ne profitent qu’aux riches, confirme la déconnexion de ce énième gouvernement des réalités socioéconomiques togolaises. Pitoyable.
Le Correcteur N° 1036 du Lundi 04 avril 2022