L’opposant Agbéyomé Kodjo n’a pas dit son dernier mot sur la dernière présidentielle de 2020 au Togo. Il refuse de tourner la page. L’homme continue de s’autoproclamer “président légitime des Togolais”. Dans une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron, Dr Kodjo revient sur la crise politique au Togo au lendemain du scrutin présidentiel du février 2020. Le champion de la DMK demande à L’Elysée de prendre des dispositions pour un transfert pacifique du pouvoir au Togo. « Il est temps que par devoir de clarté, de vérité et d’honnêteté vous rendiez au peuple togolais sa souveraineté confisquée et sa liberté. Nous sommes prêts à vous rencontrer pour des échanges en vue d’une solution pacifique de sortie de cette crise », a-t-il écrit. Bonne lecture.

LETTRE OUVERTE A EMMANUEL MACRON PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, PRÉSIDENT DU CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE

TOGO : Champ d’honneur ou cimetière de l’Europe !

Monsieur le Président,

Je viens par la présente vous interpeller au sujet de la situation politique au Togo au lendemain de la présidentielle du 22 février 2020.

Après avoir épuisé tous les recours auprès de la CEDEAO qui reste étrangement silencieuse pour des raisons que j’ignore, et après une lettre ouverte aux Chefs d’Etat et de Gouvernement de cette institution publiée le 3 Février dernier, je voudrais m’adresser à vous pour une seconde fois au nom du peuple togolais, qui m’a élu Président de la République Togolaise dans les urnes, SEULE voie légitime et démocratique de dévolution du pouvoir politique. Que deviennent les valeurs de justice, de liberté, de démocratie, de souveraineté des peuples ?

Le droit international ne peut-il pas être appliqué et respecté au Togo comme en France et dans l’espace de l’Union Européenne ? Le dernier scrutin présidentiel fut un plébiscite en faveur de l’Alternance, et AUCUN des ambassadeurs des pays occidentaux ne peut prétendre le contraire.

Le département d’Etat a vainement rappelé à Faure Gnassingbé l’urgence d’une publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, au lendemain du Hold Up Electoral, comme les protagonistes s’y étaient engagés lors de la préparation du scrutin.

Désespéré devant son résultat et à la quête absolue d’un 4ième mandat à tout prix après 53 ans de règne de sa famille politique et biologique, Faure Gnassingbé m’a avoué sa défaite, et me proposa un poste de Premier Ministre aux pouvoirs élargis avec une dotation financière importante.

Mon refus absolu de son offre, m’a valu toute une série de répressions de pressions, de violence qui m’ont conduit dans la clandestinité depuis de longs mois.

Mon domicile fut l’objet d’un siège de 70 jours et a subi des actes de vandalisme, et les habitants et supporters ont connu des voies de fait. Ma femme et mes enfants molestés et menottés les bras au dos, couchés dans le sable chaud face contre terre devant moi.

Ma vie fut plusieurs fois menacée. Le Prélat fut obligé de s’installer en mon domicile pour servir de bouclier humain.

Prétendant être le vainqueur du scrutin par inversion des chiffres, il n’eut aucune reconnaissance des corps intermédiaires qui confessent volontiers sa défaite, et par cette belle sentence implacable venant d’un autre candidat du scrutin : « Depuis 1998 jusqu’au dernier scrutin de père en fils, Faure Gnassingbé occupe le fauteuil présidentiel illégalement et sans légitimité » au mépris des règles internationales avec la complicité de certains Etats et institutions. « On devra envisager autre chose pour le faire partir. »

A contrario de la Victoire de l’Alternance qui fut abondamment saluée, les témoignages de ce triomphe sont en possession de l’ensemble du corps diplomatique accrédité au Togo dont certains du G5 (Groupe des Ambassadeurs des pays occidentaux) furent intimidés et humiliés quand ils ont voulu élever des protestations contre cette forfaiture.

Désemparé face à la colère populaire, Faure GNASSINGBE décréta l’état d’urgence encore en cours et interdit les manifestations publiques jusqu’à ce jour et déroule une politique de terreur, procède à des arrestations arbitraires à des kidnappings et à des actes de torture, faisant ainsi plusieurs prisonniers politiques, y compris nos partisans dont certains sont encore dans les liens de la détention, s’ajoutant à la centaine de prisonniers politiques du soulèvement populaire de 2017-2018, dont plusieurs sont morts en détention.

Il fabriqua de faux messages de félicitations au nom de la France, de l’Allemagne, et de l’Union Européenne et trouve des complicités au sein de la Radio Internationale Française pour leur diffusion, provoqua ainsi la colère et la frustration des populations relayées par le Front Citoyen Togo Debout « FCTD » dans un communiqué de protestation.

Vous-même vous saviez personnellement, que c’était une véritable supercherie et vous l’avez-vous-même confirmé à un Ancien Ministre Socialiste français.

Le Député de Haute Garonne Membre de la Commission Affaires Etrangères Sébastien NADOT, le sait aussi après enquête et vous avait demandé, de procéder à un démenti solennel. Votre Ministre des Affaires Etrangères, ne fut pas en capacité lors des questions au Gouvernement de produire une copie du courrier de courtoisie que vous auriez envoyé au naufragé des urnes, à la demande du Député NADOT et il a dû même avoir recours, au fameux et si pratique secret d’Etat pour masquer sa menterie.

C’est inacceptable qu’en ce 21ième siècle cette pratique honteuse et indigne que constitue le viol de la souveraineté populaire qui seule confère la légitimité.

Mgr Fanoko Philippe KPODZRO, Archevêque Emérite de Lomé, Doyen du Corps Episcopal togolais âgé de 92 ans, parrain de la Dynamique éponyme qui porta ma candidature, après son passage à la Commission de l’Union Européenne à Bruxelles, s’est rendu à Paris, notamment au Parlement Français, pour attirer l’attention des élus de la Nation, et pour dénoncer la prise en otage d’un peuple par la même famille biologique et politique, qui s’agrippe au pouvoir depuis maintenant 55 ans, malgré sa dernière bérézina électorale. Il est contraint à l’exil comme moi-même.

Je viens par la présente attirer votre attention sur la poudrière que représente le Togo, où aucune arme ne sera invincible le moment venu contre notre jeunesse, qui vit un cauchemar et dont l’horizon semble définitivement bouché. Les togolais n’acceptent pas cette énième forfaiture, et le pays peut exploser à tout moment, en raison de la démission de Faure Gnassingbé face aux problèmes de la Nation.

Le Togo est un terreau fertile au terrorisme et à l’immigration, fléau auquel se trouvent exposés l’Europe et le continent africain, et qui constitue un défi commun à relever ensemble.

Monsieur le Président il est de votre responsabilité, en cohérence avec vos postures antérieures sur ce régime dictatorial coutumier des fraudes électorales et liberticide, et de votre déclaration au lendemain de la diffusion des messages de félicitations apocryphes, tendant à faire croire à un scrutin transparent, libre et honnête’, sur RFI le 31 mars 2020 selon laquelle « ni la France, ni l’Allemagne encore moins l’union Européenne ne l’ont reconnu », pour votre crédibilité et celle de la France patrie des droits de l’homme de tout mettre en œuvre pour trouver une solution pacifique à cette crise qui permettra de faire justice au peuple togolais et d’honorer les valeurs démocratiques qui sont des biens communs universels.

A l’heure où vous impliquez dans la résolution des tensions entre La Russie et L’Occident il est temps que par devoir de clarté, de vérité et d’honnêteté vous rendiez au peuple togolais sa souveraineté confisquée et sa liberté. Nous sommes prêts à vous rencontrer pour des échanges en vue d’une solution pacifique de sortie de cette crise pour laquelle nous avons été reçus à Bruxelles le 9 décembre 2021 pour des discussions qui ouvrent la perspective à une rencontre avec le pouvoir illégitime de Lomé pour une sortie de crise définitive.

A votre première rencontre avec le Président togolais à la faveur du dernier sommet Union Africaine – Union Européenne à Abidjan les 29 et 30 novembre 2017, vous-même aviez reproché à l’héritier du pouvoir héréditaire togolais qui règne sans partage sur la République Togolaise depuis plus d’un demi-siècle, les fraudes électorales à répétition qui permettent à ce régime de se maintenir au pouvoir sans aucune légitimité démocratique. Avant de dérouler le tapis rouge à l’Élysée au Président illégitime togolais les 9 avril et 17 mai 2021, vous-même aviez déclaré avec fierté au micro d’un militant démocratique togolais qui vous avait interpellé à la faveur du sommet du G7 de Charlevoix au Canada le 9 juin 2018 que vous n’avez jamais reçu le Président controversé togolais depuis votre élection à la présidence française.

Permettez-moi d’attirer votre attention sur les faits historiques suivants. Le Général de Gaulle après son appel du 18 juin 1940 avait rappelé au Général Pétain le célèbre adage latin qui dit : “se tromper est humain, mais persister dans l’erreur est diabolique”. Votre autre prédécesseur à l’Élysée, le Président Giscard d’Estaing, aimait citer le proverbe chinois qui dit : “celui qui a commis une faute et qui ne la répare pas en commet un autre”.

Conformément à cette éthique politique rappelée par vos illustres prédécesseurs, pour réparer à temps les fautes démocratiques que vous avez commises dans la gestion de la crise politique togolaise héritée du Général de Gaulle lui-même depuis l’assassinat du Père de l’indépendance togolaise, le Président Sylvanus Olympio, le 13 janvier 1963, permettez-moi pour terminer de vous interpeller en votre qualité du Président du Conseil de l’Union Européenne au nom du droit international d’engager l’Europe à rendre justice au peuple togolais pour mettre fin à cette politique du déni de droit, de la terreur et de la corruption à tous les étages et de la division.

L’expérience dans les relations franco-maliennes doit être une source d’inspiration et de leçons pour nous tous pour des relations diplomatiques apaisées et respectueuses de la souveraineté de chaque Etat fondé sur la légitimité démocratique. Depuis deux ans nous avons privilégié l’arme diplomatique pour une sortie pacifique de crise, nous avons constaté que le monde regarde ailleurs indifférent à la souffrance d’un peuple depuis plusieurs décennies.

Que personne ne s’insurge demain, si le peuple trouve les moyens dans une région agitée, pour déposer le tyran qui est mauvais exemple, pour la démocratie et le continent africain. Revêtu de la légitimité démocratique, je vous prie de prendre la mesure de cette ultime interpellation dans une Afrique consciente des enjeux géostratégiques, et d’agréer Monsieur le Président l’expression de mes considérations distinguées.

14 février 2022

SIGNÉ

Dr Gabriel Agbéyomé KODJO

Président Démocratiquement Elu

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