Des miliciens RPT-UNIR qui semaient la zizanie à Lomé, le 18 octobre 2017 | Photo : DR


Après sa tournée poudrière sur les réformes, le Haut Commissariat pour les Réformes, la Réconciliation et l’Unité Nationale vient de rendre publique, la première liste des victimes 1958-2005 qu’elle va indemniser. Mais il se trouve qu’au Togo politique de Faure Gnassingbé, tout donne l’impression qu’on est dans un perpétuel recommencement. Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, le pays semble encore loin de retrouver une situation normale, tant les injustices et violations des droits humains à la base des différents remous sociaux restent impunies.
On indemnise…
En décidant, au terme des travaux de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (Cvjr) d’indemniser les 7057 victimes des violences politiques identifiées de 1958 à 2005 au Togo, avec 35 milliards CFA budgetisés a cet effet, le gouvernement prenait ainsi le ferme engagement de tourner définitivement les pages sombres de l’histoire commune au cours de laquelle des togolais ont eu à s’ériger en bourreaux contre des Togolais, juste pour des intérêts partisans. D’ores et déjà, quelques 2475 victimes seront indemnisées lors de la première phase qui s’ouvre dans les jours qui viennent et qui couvre les événements sociopolitiques de 2005. Malheureusement, plus les jours passent, plus les événements confortent la position de certains critiques pour qui, rien ne change dans le pays en matière de gouvernance politique.
On recommence le crime…
Les togolais avaient cru au serment «plus jamais ça» de Faure Gnassingbé prononcé en juillet 2007 à Atakpamé. Mais depuis le 19 août dernier, tous ont dé- chanté. Alors qu’on croyait à l’expression de la liberté de manifestation prescrite par la Constitution togolaise, le pouvoir de Faure, visiblement menacé, n’a pas hésité à faire recours à la vieille méthode. Les milices et la répression aveugle. De Lomé à Sokodé en passant par Mango et Bafilo, le sang des togolais a encore coulé. Seize (16) morts au total. D’autres s’en sortent avec de graves blessures, tant physiques, morales que psychologiques. Des déplacés politiques, l’on en a encore enregistrés. Au total, quelques 500 togolais, fuyant les répressions policières et militaires n’ont eu de choix que de franchir la frontière ouest pour trouver refuge au Ghana. Triste réalité sur la Terre de nos Aïeux. Pourtant, Faure Gnassingbé avait promis que plus jamais, aucun togolais ne perdra la vie à cause de la politique. Peine perdue, d ira-t-on aujourd’hui. Le chef de l’Etat n’a mieux trouvé que de se muer, lui-même, en chef d’orchestre.
On fait pire…
La pire des démarches qu’un chef d’Etat puisse entreprendre, c’est de jouer à la division de ses concitoyens. Si ce n’est un dictateur sanguinaire. Malheureusement, c’est à ce jeu malsain et indigne que s’est prêté le Président togolais pourtant «simple» et «très démocrate» en tentant d’opposer, tout récemment à Temedja, les militaires aux opposants, leurs militants et sympathisants qu’il a pris vertement pour responsables des violences dans le pays. Pis, de la mort de deux des frères d’armes des militaires lynchés à Sokodé lors d’une des manifestations violentes ayant secouée lad ite ville, fief de l’opposant Tikpi Atchadam. Ces propos du chef de l’État à Temedja ont fondé certains à croire que les dernières voies de fait enregistrées contre les manifestants de l’opposition ont été bel et bien ourdies par Faure Gnassingbé lui-même, si tant est qu’il peut, si maladroitement vouloir dresser certains togolais contre d’autres.
Aujourd’hui, de toute analyse faite, il est à croire qu’on pouvait espérer une réussite des travaux du Haut-Commissariat pour la réconciliation et le renforcement de l’unité nationale (Hcrrun) si l’on avait fait économie de l’expression vile de la force brute. Les dernières évolutions de l’actualité sociopolitique nationale, avec leur corollaire de violences et barbaries, avec la clé, des morts et des blessés, ont malheureusement contribué à envenimer la situation et rompu le lien social entre gouvernants et gouvernés. Et dans un pays où règne l’impunité, on indemnisera certes. Mais l’on recommencera toujours le crime et ainsi de suite… mais jusqu’à quand ? Jamais deux sans trois, « adviendra que pourra »… le pire !
Source : Fraternité No.252 du 06 décembre 2017
 

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