L’exclusion de 137 enseignants du secteur éducatif par un arrêtée du ministre de la Fonction publique mercredi dernier a exacerbé la tension déjà existante entre le gouvernement et le Syndicat des Enseignants du Togo (SET). Conséquence, les activités pédagogiques sont fortement perturbées sur fond de violence des élèves dans les Savanes et à Lomé.

Plus rien ne va entre le gouvernement et le SET. Pour avoir observé des grèves que le gouvernement qualifie « d’illégale », 137 enseignants membres du SET ont été exclus de la fonction enseignante et sont mis à la disposition de la Fonction publique. Un point de non retour dans les relations entre ce syndicat frondeur et le gouvernement. Dans un arrêté, le ministre Bawara de la Fonction publique justifie sa fermeté par le fait que le « Syndicat des Enseignants du Togo (SET), les enseignants visés ont continué à afficher ostensiblement un mépris des lois en vigueur », et « continué à faire montre d’une attitude de défiance envers l’autorité de l’Etat ». « Ces mesures administratives sont sans préjudice des autres dispositions applicables en cas de préavis ou de grèves illicites. Réponse du berger à la Bergère, le SET durcit le ton et appelle de nouveau cette semaine à 4 jours de grève : les 4, 5,6 et 7 avril. Dans ce nouveau mot d’ordre de grève, le Syndicat a rappelé sa plateforme revendicative, notamment : « une prime mensuelle de logement (50.000 F au moins) pour tout enseignant sans distinction en référence à la réforme de l’enseignement de 1975 » ; « une prime annuelle d’éloignement par rapport au MEPSTA (minimum 300f/km) ; « le recrutement d’enseignants volontaires exerçant ou ayant exercé dans un établissement public pendant 3 ans au moins et disposant des qualifications professionnelles requises » ; « une allocation de mutation (100.000 F minimum pour les interrégionales et 60. 000F pour les intra régionales » ; « le respect et la considération dus à notre rang et statut ». Le ton des hostilités entre le SET et le gouvernement avait été donné par le ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, le Prof. Dodzi Kokoroko qui supposait le 26 mars avoir tiré des missiles depuis les bords du fleuve Oti où il se trouvait et qui feront d’après ses propos « des dégâts lourds ». Or la Région des Savanes d’où les missiles du prof. Kokoroko sont tirés, est confrontée à des grèves d’enseignants et des mouvements d’humeur des élèves. Ces derniers se retrouvent dans la rue depuis le jeudi dernier dans plusieurs localités du nord et du sud du pays notamment dans la région des Savanes, Kara et à Lomé pour empêcher le bon déroulement des activités pédagogiques en délogeant leurs camarades des autres établissements à coups de bâton et de pierre pour réclamer enseignants exclus du système éducatif par le ministre de la Fonction publique. Reçu hier sur une radio privée de la place dans une émission de grande écoute, le prof. Akodah Ayéwouadan, ministre de la Communication et porteparole du gouvernement a adopté la position de fermeté du gouvernement quant à une éventuelle discussion avec le SET. « Aujourd’hui, le SET n’est pas constitué légalement en syndicat. Et pour ces raisons là, le gouvernement ne saurait discuter avec un groupe de personnes qui n’est pas légalement organisé en syndicat. C’est tout » a-t-il martelé. Avant de conclure «le gouvernement ne discutera pas le couteau sous la gorge»

Eviter l’escalade par un dialogue franc

Comme on a pu le constater, ce conflit entre le gouvernement et le SET a atteint un point où le désescalade devient impérieux. Le SET a montré sa capacité de mobilisation en termes de suivi de ses grèves qui ont paralysé le bon déroulement des activités pédagogiques dans tout le pays. Et c’est pour cette raison le gouvernement même s’il ne reconnait l’existence légale du SET, devra discuter avec ce syndicat pour sauver l’année. Cette tension si elle est beaucoup plus exacerbée aura certainement des conséquences sur la fin de l’année scolaire et la formation des enseignants. Déjà 7 élèves dont une fille sont déposés depuis hier à la prison civile de Dapaong pour manifestations et mouvements entraînant une destructions des biens publics et privés. S’achemine-t-on encore vers les violentes manifestations de 2013 qui ont entrainées la mort de 2 élèves dans les Savanes ? Pendant les moments de crise, c’est le fort qui doit tendre la main c’est pour cela que le gouvernement devrait opter pour le désescalade verbal avec des tons beaucoup plus conciliateurs des ministres. C’est ainsi qu’un dialogue franc pourra être amorcé en vue de trouver une solution durable à cette crise qui secoue le système éducatif depuis plus d’une dizaine d’années déjà sans qu’aucune solution ne soit trouvée. Pour preuve, même le mémorandum d’entente signé entre le gouvernement et certains syndicats n’ont pas été une solution durable à cette crise de confiance entre les enseignants et le gouvernement.

Dounia le Monde: ni neutre, ni partisan N° 721 du mercredi 06 avril 2022

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