Il y a deux semaines exactement, le Directeur Général de l’entreprise Sogea-Satom a essayé de justifier la multiplication des accidents au carrefour Cassablanca par la vitesse au-delà des 40km/h qui en serait la principale raison.
 
Caricature : Donisen Donald / Liberté
Caricature : Donisen Donald / Liberté


Deux radars sont sortis de terre pour afficher des chiffres inexpliqués à ce jour. Mais rien n’a été dit sur la situation de la station d’essence CAP qui trône à ce carrefour. Et pourtant, une visite sur les lieux permet de voir la part belle que l’entreprise Sogea-Satom a concédée à cette station par rapport à l’implantation de la route à deux voies.
 
Les travaux de réfection de l’Avenue de la Victoire devraient durer 12 mois, ce que l’entreprise Sogea-Satom a essayé de respecter à sa façon. A sa façon parce que depuis la réouverture de cette voie, les accidents les plus spectaculaires se sont produits après que l’entreprise a obstrué la voie avec des blocs qui défient les automobilistes, pour des travaux qui ne se sont pas déroulés avant leur enlèvement. Dans les conditions normales de pression et de température, les usagers ne devraient plus subir de désagréments après la réouverture. Mais passons.
Et si la cause principale des accidents se trouvait dans le sol de la station d’essence CAP ?
 
Si on devrait établir une statistique de la fréquence des accidents sur les routes existantes et celles refaites, nul doute que l’avenue de la Victoire détiendrait la palme d’or, plus précisément le carrefour de la station CAP à Cassablanca. Non pas parce que des nids de pigeon obligent les conducteurs à des acrobaties sur la voie –pour l’instant, les 5cm de bitume tiennent-, mais du fait du sentimentalisme dont l’entreprise a fait montre à l’endroit de celui à qui appartient la station d’essence CAP.
 
Dès l’ouverture de la voie, nous avions relevé la dangerosité de ce carrefour. Il est vrai que la route part de trois voies pour déboucher sur deux voies avant de reprendre sur trois voies au niveau de l’hôpital, mais tout automobiliste ayant l’habitude de tenir le volant, doit ressentir un réel malaise au niveau de ce carrefour. Raison pour laquelle nous nous y sommes transportés la semaine dernière pour percer, tel le triangle de Bermudes, le « mystère de Cassablanca » qui cause autant d’accidents. Et nous avons vu.
 
L’essentiel est invisible aux regards, dit l’expression. Malgré toutes les analyses verticales – pour emprunter l’expression du code de la route- pour comprendre la situation, tout paraissait normal. Mais une analyse horizontale nous a permis de découvrir que sur le sol de la station, tout au bord du trottoir qui longe celle-ci, on aperçoit deux regards en fer qui seraient certainement ceux de citernes enfouies dans le sol par le propriétaire de la station. Or – et il revient aux services de la Cartographie et du Cadastre de le confirmer -, il apparaît clairement que la station n’est pas implantée dans le respect du plan de la zone. On a remarqué que l’aire accaparée par elle empiète fortement sur la voie publique. Et la conséquence directe est que l’élargissement de la voie et du trottoir en a pâti. Une visite sur les lieux vaudra mille explications. Pendant que les trottoirs environnants présentent un travail sans état d’âme, celui qui longe la station est si réduit alors que de la place, il en reste entre la chaussée et la station.
La position et le sol de la station d’essence CAP pourraient-être les causes principales de la multiplication des accidents à ce rond-point | Photos : La Nouvelle
La position et le sol de la station d’essence CAP pourraient-être les causes principales de la multiplication des accidents à ce rond-point | Photos : La Nouvelle
 
Il y a deux semaines, le Directeur Général de Sogea-Satom, Brice Chevalier reconnaissait sur le site du gouvernement republicoftogo.com, à la question « Comment expliquez-vous que cette avenue soit devenue si dangereuse avec plus de 10 accidents chaque semaine ? » : « C’est un constat réel. Les voitures circulent à grande vitesse car l’artère est large. De nombreux automobilistes dépassent allègrement les 40Km/h autorisés. Ils se sentent en sécurité, ce qui est une erreur. Raison pour laquelle ils arrivent au sens giratoire beaucoup trop vite et c’est le choc ». Mais lorsqu’il répond à l’utilité du rond-point par : « Le giratoire a été prévu dans le projet par la direction des infrastructures et a été implanté suivant les normes internationales habituelles, sa dimension, son implantation et des dégagements qui peuvent y avoir », les réalités sur le terrain sur l’aire concédée à la station obligent à reconnaître que Brice Chevalier a menti et que seuls les citoyens peu avertis peuvent gober ses propos. C’est une vérité que la réduction de la route de trois à deux voies n’est pas la cause des sinistres qui se multiplient ; tout se trouve dans l’expression « sa dimension, son implantation et les dégagements qui peuvent y avoir ».
 
Il suffit de comparer le trottoir opposé à celui de la station pour se rendre compte que Sogea-Satom a expressément laissé l’aire de la station sans modification. Car si aménagement il devrait y avoir, obligatoirement que les cuves enterrées devraient être déterrées pour faire de la place à la voie et au trottoir. Pourquoi alors avoir épargné cette station ? Seul le Directeur de Sogea-Satom pourra répondre à cette question, et si ce ne sont pas des cuves qui sont enfouies sous ces deux regards, alors les Togolais voudront savoir.
 
De mémoire de Togolais, on n’a jamais connu de radar. Mais à cause des accidents sur l’avenue de la Victoire, deux dispositifs de ce genre ont été implantés sur la voie, sans aucune communication au préalable. Peur que les médias ne posent des questions qui fâchent ? Brice Chevalier veut-il faire croire que sur les routes togolaises, c’est seulement sur le tronçon Todman-CAP Cassablanca que les usagers font de la vitesse ? Et quelle vitesse encore !
 
A la fin du pavé au quartier Adidoadin, nous avons encore souvenance que, parce que l’immeuble à plusieurs étages du sieur Gado empiétait sur la voie en cours de traçage, les engins lourds n’avaient pas hésité sous la pression médiatique, à démolir la partie de l’immeuble qui débordait. Aujourd’hui, la voie est passée et le propriétaire de l’immeuble a dû réaménager le plan. Au Togo en général et à Cassablanca en particulier, les stations d’essence CAP sont la propriété d’un certain Patassé, très versé dans les idéaux du parti au pouvoir. Serait-ce son appartenance et son activisme au sein de ce parti qui auraient permis à son business sis à Cassablanca de se soustraire à un remodelage ? La tentation de répondre par l’affirmative, est très grande. A moins qu’une fois encore les services du Cadastre et de la Cartographie prouvent publiquement le contraire.
 
Déplacer les problèmes et proposer des solutions ponctuelles et éphémères sont le propre au Togo. Et les entreprises attributaires de marchés publics doivent cesser de prendre tous les Togolais pour des êtres limités. Parce que tenez, de la station Total de l’hôpital jusqu’à Shell Togbato, c’est aussi une route à trois voies qui se termine par deux voies avec des vitesses qui dépassent celles débouchant au carrefour CAP en venant de Todman. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, les accidents sont rarissimes à ce niveau puisqu’on n’a pas encore pêché un seul véhicule de la lagune. Il serait temps que les messieurs de Sogea-Satom, arrêtent d’amuser la galerie et soient vraiment professionnels, car des vies paient le prix de la légèreté qui a conduit les travaux d’aménagement au « carrefour de Bermudes ».
 
Source : [30/05/2016] Abbé Faria, Liberté
 




 

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