Nous l’avions dit et certains nous prenaient pour une race qui ne voit que la petite bête partout. Mais si l’histoire récente de notre parcours politique n’a pas été assez pour éclairer les Togolais, le temps fait son œuvre.
Les profanations répétées des exemplaires du Saint Coran et des lieux de culte musulmans au Togo ont bel et bien un motif politique. « Qui se sent morveux se mouche », les auteurs des actes de profanations sont enrhumés et se mouchent déjà. Les actes parlent d’eux-mêmes et il y a de quoi dire que Dieu-même, l’auteur du Saint Coran, commence par se manifester. Après la visite des mosquées pour brûler et déchirer les saintes écritures, les auteurs de profanations se sont invités aux lieux de prières de la grande fête du mouton à Lomé. Monsieur Faure E. Gnassingbé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a laissé tomber le masque.
Oui, il était au lycée de Tokoin pour assister les musulmans dans leur culte qui célèbre la grande fête du sacrifice. Cette présence est depuis un temps boudée, Monsieur Faure Gnassingbé le sait et à N reprises nous avons écrit pour la dénoncer en nous basant sur l’avis, non pas de l’Union Musulmane qui est un allié de la monarchie, mais de la communauté musulmane qui déplore non seulement des discours aux allures politiques en fin de prière mais aussi la militarisation et les fouilles humiliantes sur les fidèles à l’entrée des lieux de cultes. Tout ceci aux motifs d’une certaine sécurité présidentielle. Quand on se sent en insécurité dans un lieu, il faut bien l’éviter au maximum. La présence de Monsieur Faure s’est alors faite de plus en plus rare bien avant le vent du PNP. Mais devant l’urgence, il est bien obligé de retourner sur ce lieu où il n’est pas le bienvenu. C’est alors qu’il était aux côtés des musulmans au Lycée de Tokoin à Lomé, le lundi 21 août dernier pendant le culte de la Tabaski. La conscience lourde, le visiteur n’est pas venu les mains vides. Il avait sous la veste bleue UNIR, 1300 exemplaires du Saint Coran. Pour cause, le monarque croit ainsi redresser un tort ; un tort causé, non pas aux musulmans du Togo mais aux musulmans du monde entier et à l’islam.
Le 28 juillet 2018, une mosquée presqu’en fin de chantier à Agoè-Assiyéyé à Lomé a reçu la visite de profanateurs. Alors que les fidèles se sont retirés en famille après la prière de 19h, l’Imam Djibril est revenu au petit matin découvrir les portes de sa mosquée violées par des visiteurs. Pour une mosquée encore en chantier, il n’y avait rien comme équipement particulier à voler, mais les copies du Livre Saint y étaient, comme on le voit, dans toute la mosquée. L’objectif n’était donc pas de voler quoi que ce soit, mais de profaner le Saint Coran, la suite de la série des visites aux mosquées confirme que l’objectif était bien de profaner l’Ecriture Sainte. Dans cette mosquée à Assiyéyé, ils ne l’ont pas fait à moitié. Des copies du Livre ont été déchirées et abandonnées à côté du ‘‘mimbar’’, place réservée à l’imam, ses verres médicaux cassés. Plus loin, d’autres copies du coran chiffonnées puis accrochées aux grilles de la clôture, dans la cour, on y voit les mêmes scènes avec des copies de la Sainte Parole dispersées çà et là. L’Imam en a informé le président de l’Union Musulmane du Togo, UMT, qui y a fait le déplacement. Entre temps, l’ACMT, Association des Cadres Musulmans du Togo, a commis un huissier qui est venu faire le constat aux côtés de la gendarmerie. Nous avons trouvé ces différentes équipes sur les lieux alors qu’il sonnait 11H 30. Le constat est fait, une enquête va s’ouvrir comme de coutume. Le ministre de la sécurité, mal à l’aise dans sa peau de musulman, condamne les actes sans avoir le courage de nommer les auteurs qu’il connaît bien. Monsieur Yark, est un musulman pratiquant, il a beau perdre tous ses contrôles pour des motifs politiques, mais il ne peut pas envoyer profaner les lieux de cultes. Mais s’il a l’occasion de couvrir les auteurs de tels crimes, en bon politique, il n’hésitera pas. Et il en a assez donné la preuve depuis l’évènement du 19 août 2017. Nous vous disions dans les écrits précédents que le ministre de la sécurité n’a jamais envoyé arrêter l’Imam Hassan de Sokodé, il n’a jamais envoyé les miliciens pour réprimer les manifestants à mains nues. C’est dire que les commandements parallèles font légion dans une monarchie. Contre cette pratique, le Monsieur ne peut rien. Ministre de la sécurité, s’il lève les milices, c’est dire que ses forces ont failli, et c’est lui qui aurait été un mauvais chef. Mais cela ne l’empêche pas de couvrir le crime et il le fait sans sourciller. Féru de la monarchie, monsieur le ministre sait bien que la solidarité dans le crime est le vice le mieux partagé au sommet de l’Etat togolais. Il vous souvient que pour justifier l’acte des milices, le pouvoir a parlé de « groupe d’autodéfense ».
Jamais deux sans trois, puisque tout silence des pieux nourrit le crime des pervers, le crime contre les musulmans au Togo a été assez nourrit et il est présentement mâture, il devient un monstre qui hante toute la communauté musulmane du monde.
Le monstre ne s’est donc pas arrêté à cette mosquée d’Assiyéyé le 15 Août 2018, encore une fois, une mosquée à l’entrée du camp FIR est partie en fumée. Les tapis de prière, mais surtout les Saintes Écritures, rien n’est épargné. Cette fois-ci, les criminels n’ont pas le temps de déchirer les Livres, ils les ont tout simplement mis en feu. Quelques jours après, une autre mosquée voisine au domicile de l’ancien président de l’Assemblée Abass Bonfo a subi le même sort, elle aussi est construite dans les environs d’un camp militaire. L’Union Musulmane, pour une fois, est obligée de sortir de son traditionnel silence pour dénoncer la situation. Quelques jours après cette sortie, l’UMT reçoit un soutien de taille, les premiers responsables des autres confessions religieuses ont apporté leur soutien aux frères musulmans. Le mythe est tombé, ceux qui croyaient trouver une bouée de sauvetage en frappant les musulmans dans leur point sensible doivent s’armer de patience. Dans la foulée, le ministre de la sécurité est contraint, non seulement de multiplier les déplacements sur les lieux profanés mais aussi de promettre l’ouverture d’une enquête. Les portes de l’enquête sont donc largement ouvertes à deux battants. Et c’est dans ce climat que les musulmans du Togo célèbrent la fête du Mouton. Faure Gnassingbé leur fait don de 1300 copies du Saint Coran. En Islam, on ne refuse pas un cadeau, nous a fait entendre un Imam. Par politesse, le geste est donc accepté. Mais la sagesse la plus élémentaire voudrait que ce cadeau vienne une fois que les portes de l’enquête sont fermées. Une fois les auteurs de ces crimes découverts et mis hors d’état de nuire, si un président de la République décide de dédommager les victimes des actes criminels, il est le bienvenu. Mais ici, les actes de profanations sont tellement devenus banals avec une sécurité garantie aux auteurs que, pour un pays hautement militarisé, même le chef de l’Etat est devenu un suspect de taille. L’enquête est en cours pour découvrir les auteurs de ces crimes, celui qui vient de faire ce cadeau est une piste très sérieuse et son acte ne milite pas en sa faveur. C’est en cela que nous estimons que, s’il existe des associations islamiques organisées qui sont soucieuses de défendre l’image de l’Islam au Togo, elles doivent exiger que ces 1300 copies de la Sainte Écriture soient versées au dossier d’enquête comme une pièce à conviction en attendant que les professionnels avancent dans leurs investigations. Si un jour les musulmans du Togo ne sont pas satisfaits des résultats de l’enquête, ils peuvent s’en servir comme élément du dossier pour déplacer le problème dans une Cour internationale de justice ou une Cour communautaire comme celle de la CEDEAO. A moins que l’Union Musulmane du Togo soit complice de ces crimes, elle doit soit remettre ce cadeau au dossier d’enquête soit le garder en lieu sûr. La communauté n’est d’ailleurs dans aucun besoin. Si elle se précipite à les partager ou à en jouir, elle aurait failli une fois de trop.
Si l’UMT ne peut pas internationaliser ce dossier, il existe des associations quand-même crédibles. L’objectif n’est pas la perte matérielle causée, mais on sait ce que la profanation d’une seule copie du Coran provoque dans certains pays, mais si ici, les Togolais ont bien compris que les motifs sont politiques et qu’ils n’ont pas réagi, c’est une bonne chose, une très bonne chose. Sauf que, il faut bien faire ressortir la vérité sur ces actes pour que de l’extérieur, les autres pays avec qui les musulmans togolais partagent la religion ne considèrent pas que notre pays est un Etat où le Saint Coran est devenu un chiffon qu’on peut trainer par terre à volonté. Ils ne vivent pas ce que vivent les Togolais et ils ne comprendront pas le pourquoi ces profanations se soient passées dans l’indifférence des musulmans du Togo.
C’est notre avis de journaliste. Le donateur, Faure Gnassingbé, se comporte comme ce père de famille dont l’enfant a volé la bicyclette d’un voisin dans un quartier de longue tradition de vol sans que les auteurs soient connus. Les vols sont tellement rocambolesques et récurrents que tout le monde, du plus petit au plus grand, du plus riche au plus pauvre, le décideur comme l’exécutant, a fini par être soupçonné. Pendant que la police cherche l’auteur, le père du voleur achète un vélo de même type flambant neuf pour faire cadeau à la victime. Est-ce que le geste de ce père n’est pas une pièce à conviction ? Imaginez que trois jours après les incendies des marchés de Lomé et de Kara un riche homme, soient-il un caritatif, achète les marchandises soi-disant pour aider les commerçantes victimes des flammes. Monsieur le président, quand l’on tue un serpent, on lui coupe la tête, donc vous avez dédommagé les victimes en pleine enquête, ayez le courage de franchir le dernier pas en présentant les excuses pour ces crimes causés par vous ou par vos hommes. Ce que vous avez vite fait d’oublier est que, s’il existe un livre qui abonde sur la planète terre en islam, c’est bien le Saint Coran.
A chaque fois que notre Rédaction à l’occasion de se rendre en milieux arabes, notamment l’Arabie Saoudite, le cadeau le plus encombrant à ramener au pays est l’exemplaire de la Sainte Écriture. On vous le donne avant même que vous en exprimiez le besoin. Il y en a tellement en quantité industrielle à distribuer et à vil prix sur les rayons des vendeurs. De tous les projets des associations caritatives musulmanes, les projets les plus promptes à être satisfaits par les donateurs c’est d’abord les demandes de don de Saint Coran et ensuite des dattes. Dans les mosquées, à chaque veille du mois de Ramadan, des conteneurs arrivent au port autonome de Lomé. Les maisons des oulémas et les mosquées regorgent d’exemplaires du Saint Livre. Si les pyromanes ont pour mission d’exterminer ce Livre au Togo, ils ont du travail. C’est dire que le cadeau le plus facile à obtenir des milieux arabes, est le Coran. Donc la profanation de ces copies ne met pas les musulmans du Togo en pénurie. Si Monsieur Faure Gnassingbé a un service de renseignement qui fonctionne, il doit le savoir.
Pour un musulmans, c’est une écriture sainte, ce n’est pas un roman, c’est une révélation, quand tu n’es pas propre tu n’y touches pas, c’est Lui qui se met au-dessus des autres livres et non le contraire. Pour les musulmans, ce n’est donc pas le dégât matériel qui compte, mais c’est un symbole qui est attaqué, c’est le dégât moral; et il n’existe que des démarches morales pour réparer des tors moraux.
En temps normal, ou dans un autre pays, on n’a pas besoins de déchirer ou de brûler autant d’exemplaires du saint coran pour que les musulmans se mettent en transe pour venger leur symbole, leur miroir. Mais au Togo, les musulmans ont compris que tout est manipulation d’une dictature qui a fait 51 ans grâce à la ruse et la manière forte. Ce message, les Togolais l’ont compris, ils ont refusé de tomber dans le piège de ceux qui croient être nés pour diriger. Il n’est même pas exclu qu’un de ces jours, à l’allure des analyses des griots acquis à la monarchie sur les médias, des attentats terroristes soient perpétrés par le même noyau qui brûle les mosquées afin de déplacer, à tout prix, les revendications politiques des Togolais sur un autre terrain. Les Togolais sont avertis, l’opinion internationale avec. Ceux qui sont à plaindre dans cette série noire ce sont les exécutants, et les commanditaires. Avez-vous une idée de ce qu’est devenue la bande de miliciens qui a été la première à profaner le Livre Saint et saccager une mosquée à Kara Tomdè ? Si Monsieur Faure a besoins de dédommager quelqu’un dans cette affaire, qu’il commence donc par les pyromanes et leurs familles. Inutile de rappeler que, non satisfait de l’éviction par la rue de Blaise Compaoré, la monarchie togolaise a envoyé les moyens militaires et humains au Burkina pour aider à renverser la transition politique née de la volonté populaire. Le pire est que, tout comme il ont demandé l’aide du Togo, les putschistes ont eu recours à des forces djihadistes du sahel, et le Togo en envoyant ses forces au Général Diendéré sait bien qu’elles allaient combattre la transition aux côtés des forces terroristes. Si au gré des intérêts et de la survie politique, la dictature togolaise a été capable de combattre sur le même terrain, dans le même camp, en allié avec des djihadistes, devant quoi peut-elle encore reculer ? Ceux qui ont besoins d’amples informations à ce sujet peuvent s’approcher de la justice burkinabé et des confrères de ce pays. Jusqu’aux jours de leur départ, ces messieurs trouveront donc un alibi pour inviter le mot djihadisme dans l’actualité politique de notre pays, les Togolais les attendent.
Le 16 octobre 2017, suite à l’enlèvement de l’Imam Hassan Mollah de Sokodé et de la confusion savamment organisée qui s’en est suivie, des militaires togolais, tous les corps confondus, ont violé des mosquées à Sokodé pour y frapper et arrêter des manifestants. Un vendredi, au cœur de ces évènements, l’Imam de la grande mosquée de cette ville a renoncé à la grande prière de Djoumah pour préserver l’intégrité physique des fidèles musulmans pris pour cible par les militaires. Pendant ce temps, toute la machine de communication de l’État togolais et des cadres, dits musulmans, s’évertuent à faire passer les frères en islam comme étant des djihadistes. Aujourd’hui, la même communauté est devenue la racine du mal d’une fin de règne. Elle est donc prise pour cible, au gré des moments les Rafles et état de sièges par-ci, profanation des lieux saints par-là, les quartiers musulmans dans le viseur, tout ceci est éloquents, et les Togolais ont tout compris. Dans un environnement incertain où les valeurs morales sont battues en brèches, ce ne sont pas les discours mais ce sont les comportements qui trahissent les bourreaux.
Aucune formation politique, aucune coalition politique, aucun musulman, soit-il du Togo ou d’ailleurs, n’est l’auteur du saint coran, si ce n’est celui qui a permis à notre dictature de faire de si vieux os. Si quelqu’un compte voir une communauté musulmane se venger de cette profanation, il attendra longtemps. Aucun musulmans n’est défié à travers cet acte, mais c’est bien un défi lancé au Seigneur des cieux et de la terre. Il a promis être le conservateur de sa parole et aucun musulman ne se sent assez fort pour l’aider dans cette mission. Le Saint Coran qui sauvait la dictature hier est devenu celui qui la détruit aujourd’hui, si on peut le tuer pour se sauver bonne chance aux pyromanes. Si en détruisant les écrits de Dieu une dictature peut mieux se porter et résister aux vagues, bonne chance à elle. Aujourd’hui c’est une mosquée demain, peut-être, une église, quand on est emporté par les vagues on s’accroche à tout par instinct de conservation.
La simple chose que les musulman attendent de monsieur Faure Gnassingbé, c’est de mettre la main sur les auteurs des crimes.
Abi-Alfa
Source : Le Rendez-Vous No.330 du 24 août 2018
 

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