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Faure Gnassingbé menace la sécurité et la paix dans ce pays…
 
Lentement mais au forceps, les préparatifs du scrutin présidentiel de 2015 avancent dans les conditions que l’on sait, malgré les appels tous azimuts à la retenue. Il faut le dire, il s’agit d’une élection de tous les risques, au vu des enjeux et de la détermination du Fils du Père à rempiler. Une mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) est justement dépêchée au Togo pour prendre le pouls du terrain.
 
La présidentielle de 2015 au Togo a une forte odeur de troubles potentielles et Faure Gnassingbé et sa bande en sont les auteurs. La sécurité et la paix sont sérieusement menacées au Togo. La CEDEAO envoie une mission pour « sonder » le terrain
 
La CEDEAO inquiète, envoie une mission au Togo
 
Les conditions de préparation de la cruciale élection présidentielle de 2015 sont un secret de Polichinelle. On est en face d’un pouvoir, ou plutôt d’un homme, Faure Gnassingbé, décidé à rempiler, qui organise le processus selon ses humeurs et le verrouille, entrainant des frustrations. Malgré tous les appels à la mise en œuvre des réformes, quitte à repousser l’élection à plus tard afin de mieux l’organiser, le Prince fonce sans sourciller. Tous les voyants sont au rouge et n’annoncent rien de bon à l’horizon. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) a justement dépêché une mission dans notre pays pour prendre la température du terrain.
 
La mission exploratoire préélectorale est au Togo depuis le lundi 6 octobre dernier et ce, jusqu’au jeudi 16 octobre prochain. Composée de six (06) personnes :
 
 le chef de mission, Léopold Ouédraogo (membre du Conseil des Sages de la Cédéao),
 Emmanuel Tiando (Président de la Céna du Bénin),
 Dr Rémi Ajibewa (Directeur des Affaires Politiques de la Cédéao),
 Col. Augustin Sagna (Chef Bureau de zone Bénin de la Cédéao),
 Francis Oké (Chef division Assistance électorale de la Cédéao) et
 Luther Barou (Chargé de Programme, Division Assistance électorale de la Cédéao).
 
La mission a pour tâche de prendre les informations utiles sur le terrain et évaluer la préparation du scrutin. Spécifiquement, elle est chargée de collecter tous les textes devant le régir, ainsi que tous les informations et éléments sur le cadre électoral et les conditions dans lesquelles va se dérouler l’élection. Elle devra ainsi rencontrer les différentes institutions électorales, les autorités gouvernementales, les responsables de partis politiques ainsi que les différents candidats afin d’avoir la juste et objective appréciation du processus.
 
La délégation est allée le 7 octobre dernier, à la rencontre des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Il a été fait à la mission le point des activités mises en œuvre dans le cadre de l’organisation du scrutin. Les actions futures ont été également évoquées.
 
C’est presque la routine, à l’orée de chaque élection dans notre pays, des missions préélectorales sont envoyées par des institutions ou partenaires tels la Cédéao, l’Union africaine, l’Union européenne, entre autres, pour évaluer le processus. C’est dans ce cadre qu’il faut situer cette mission de la Cédéao. Celle de l’Ue ne devrait pas être de la partie, l’institution ayant été dégoûtée (sic) par le pouvoir et savamment écartée du suivi du processus. Mais cette mission de la Cédéao sort de la routine et est rendue particulière par le risque sécuritaire qui plane à l’horizon.
 
La sécurité et la paix menacées au Togo
 
On l’a suffisamment dit, le scrutin de l’année prochaine sort de l’ordinaire au regard des enjeux. Au bout se trouve l’alternance au pouvoir tant attendue par le peuple depuis un demi-siècle, mais l’on devra aussi composer avec les envies de rempiler du Fils du Père que l’on dit pourtant biberonné aux civilités occidentales. Et ainsi, il verse dans un verrouillage total du processus :
 
 Refus de mise en œuvre des réformes constitutionnelles et institutionnelles de l’Accord politique global (Apg),
 deal sans appel d’offres avec l’éternelle société en manipulations électorales (Zétès),
 élaboration solitaire de règles iniques de jeu,
 reconditionnement clandestin de kits électoraux,
 conduite de certaines actions à l’insu de la Céni,
 sectarisme dans la préparation du scrutin,
 caporalisation des institutions électorales…
 
Tel est le décor des préparatifs. Des conditions de préparation du scrutin qui charrient logiquement une bonne coulée de bile et des frustrations qui risquent de s’exprimer lors du scrutin.
 
Au-delà de ces effets passifs, il y a une militarisation du pays qui cache mal la préparation de la répression. Au nom d’une certaine refondation des forces armées et de sécurité pour, dit son concepteur, mieux les outiller à agir contre les fléaux sécuritaires mondiaux dont le terrorisme, la piraterie maritime et autres, le pays est quadrillé par des garnisons. Mais, personne n’est dupe, derrière cette motivation officielle avancée, se cache mal une volonté d’intimidation ou de répression de l’opposition et des Togolais assoiffés d’alternance qui seraient tentés de se mettre sur le chemin du Prince de la République décidé à s’éterniser au pouvoir. Et il a entrepris une récente tournée à travers les garnisons, pour mobiliser les corps habillés à l’accompagner dans sa voie suicidaire. La consécration des idées obscures de répression a été la nomination, jeudi dernier, d’un certain Alex Yotroféï Massina à la tête de la Gendarmerie nationale.
 
Il s’agit de l’ancien patron de l’Agence nationale de renseignement (Anr) qui a été cité dans plein de dossiers par ses victimes comme un tortionnaire assermenté. L’affaire qui l’aura mis le plus en exergue est celle d’atteinte à la sureté de l’Etat, et nommément le procès en septembre 2011 au cours duquel plein de détenus avaient témoigné, des preuves sur le corps à l’appui, des tortures qu’il leur faisait endurer. Casimir Dontéma, l’un des coaccusés était allé jusqu’à le désigner de diable. Des allégations confirmées plus tard par la Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh) en février 2012. Les organisations de défense des droits de l’Homme avaient réclamé le limogeage de Yotroféï Massina et des poursuites contre lui, de même que la dissolution de l’Anr.
 
Sur le plan international, le Togo a été appelé par les instances onusiennes à criminaliser la torture et agir contre les auteurs de ces crimes. Mais non seulement le processus est au point mort, mais en plus le tortionnaire en chef est promu Directeur de la Gendarmerie, un corps souvent sollicité au cours des périodes électorales. Un tortionnaire pour assurer la sécurité des populations, on peut se faire une idée de ce qu’il adviendra. Et, preuve de la détermination du Prince à utiliser la force, la Fosel, généralement managée par le DG de la Gendarmerie et adjoint d’un haut cadre de la Police et sous la supervision du ministre de la Sécurité, est cette fois-ci placée sous le commandement du ministère de la Défense et des Anciens combattants dont le titulaire n’est autre que Faure Gnassingbé qui veut rempiler par tous les moyens… La répression est vite assurée, sans état d’âme.
 
La sécurité et la paix sont menacées, et ce n’est qu’un euphémisme. Faure Gnassingbé amène le Togo tout droit dans le mur par sa boulimie du pouvoir. Flairant le danger à l’horizon, les responsables des églises catholiques, évangélique presbytérienne et méthodiste ont appelé le 1er octobre dernier le pouvoir à la mise en œuvre des réformes, afin de favoriser un scrutin équitable et pacifique. Même requête de la part des ambassadeurs du monde occidental accrédités dans notre pays. Les appels de l’opposition, eux, sont multipliés par zéro par le pouvoir. Même les spiritualistes sonnent l’alerte ; c’est le cas de Michel Gnigblin, le « Grand libérateur divin » de l’Association Afrique Tradition. « (…) Il partira de gré ou de force », a-t-il dit au cours d’une conférence publique le week-end dernier, parlant de Faure Gnassingbé, et de recommander une transition de 18 mois au cours de laquelle les réformes seront opérées et le scrutin organisé paisiblement. Il ne reste peut-être Jésus-Christ en personne ou bien Dieu lui-même pour appeler le Prince au bon sens.
 
Au demeurant, on espère que la mission exploratoire préélectorale de la Cédéao qui est dans nos murs jusqu’au 16 octobre fera la juste appréciation de la situation et le retour aux décideurs de l’organisation sous-régionale, notamment son président en exercice, le Ghanéen John Dramani Mahama qui assurait récemment que la Cédéao est suffisamment outillée pour répondre au défi sécuritaire qui va se poser lors de la demi-dizaine d’élections attendues en 2015, afin que les solutions idoines soient prises avant qu’il ne soit trop tard. Car l’issue du processus au Togo risque de faire tâche d’huile dans bien de pays de la sous-région dont les dirigeants nourrissent des envies de s’éterniser au pouvoir.
 
Source : [15/10/2014] Tino Kossi, Liberte-Togo
 

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