Les discussions entre le RPT, l’ANC et le CAR ont du plomb dans l’aile depuis quelques semaines. Principale pomme de discorde, l’ordre de passage des sujets à débattre. Pour l’opposition « parlementaire », il faudrait en priorité débuter ces discussions par la question de la limitation du mandat présidentiel. Une demande rejetée par le parti au pouvoir qui propose que ces discussions commencent par les questions liées à l’organisation des prochaines élections législatives et locales.
 
Longtemps réticent à se confier à la presse à cause, dit-il, de sa position de président de ce cadre restreint, Patrick Lawson a consenti à se confier de façon exceptionnelle à l’Agence Afreepress.
 
Pour le président du bureau du dialogue, il y a deux positions qui s’opposent au sein du cadre. « Pour le RPT, il s’agit de discuter des conditions de participation aux prochaines élections et pour l’opposition parlementaire et singulièrement l’ANC, il s’agit de commencer par résoudre un temps soit peu la situation de crise qui est celle du Togo », fait-il savoir.
 
Le 1er Vice-président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) laisse entendre que pour aller vers une sortie de crise, le cadre propose de recourir au tirage au sort des sujets à débattre.
 
Il a annoncé à l’Agence Afreepress la création « dans les heures ou les jours qui viennent » d’une synergie de l’opposition togolaise et de la société civile pour la lutte pour l’alternance au Togo.
 
Afreepress : Bonjour M. Patcick Lawson. Où en sont les discussions au sein du cadre restreint RPT-ANC-CAR, cadre dont vous êtes le président ?
 
Patrick Lawson : Je crois que pour l’opposition parlementaire c’est un aspect de sa crainte. Il y a la question de confiance, il ne faut pas que le RPT refuse de discuter de certains sujets en préférant retenir d’autres. Il faut qu’on discute véritablement des réformes constitutionnelles et institutionnelles.
 
On ne doit aucunement donner la priorité aux élections et l’opposition ajoute qu’on ne peut pas lui faire le procès de n’avoir pas commencé à temps les discussions encore moins les réformes. Les recommandations de l’union européenne qui datent de 2007 et de 2010 dorment encore dans les tiroirs du gouvernement togolais. Je crois qu’il était loisible au gouvernement d’entamer à temps les discussions en vue des élections à venir.
 
C’est ce que l’opposition avance comme argument mais le pouvoir dit qu’il a des contraintes pour l’organisation des prochaines élections. L’opposition lui répond que nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes.
 
Ce n’est pas nous qui avions fait tarder les discussions. Aujourd’hui qu’ils ont accepté de discuter avec l’opposition, il faut que ces discussions soient profondes, sereines et efficaces.

Afreepress :
Si vous exigez de commencer les discussions par la question de la limitation du mandat avant celle relative à l’organisation des prochaines élections, ne pensez-vous pas que le pays n’aura pas assez de temps pour organiser ces élections ?
 
Patrick Lawson : Face à la situation de blocage, nous avons proposé qu’on confie tout ce que nous faisons au sort. C’est-à-dire que tout le monde accepte que le premier sujet qui sera tiré au sort, soit celui qui doit être débattu en priorité. Dans ce cas, le pouvoir ne prétendrait pas qu’on lui a imposé quoi que soit.
 
C’est pour cela que la proposition de tirage au sort a été faite. Elle a été acceptée par l’ensemble des partis de l’opposition parlementaire, mais le pouvoir l’a rejetée. Il voudrait plutôt qu’il y ait un tirage au sort du tirage au sort.
 
Je vous explique, le RPT veut qu’on fasse un tirage au sort pour savoir si c’est seulement sur les deux points « conflictuels », que le véritable tirage au sort va porter ou sur tous les 29 points.
 
Mais jusqu’aujourd’hui, je continue de prendre des contacts pour la reprise des discussions. Modestement en tant que président, qui n’oublie cependant pas qu’il est dans la lutte politique, je pense qu’il serait bon que ceux qui sont au pouvoir acceptent pour une fois que l’opposition propose quelque chose à discuter entre nous. C’est un point de vue personnel.
 
Afreepress : N’y a-t-il pas un danger de voir le Togo se retrouver sans parlement à la fin du mandat actuel des députés ?
 
Patrick Lawson : J’essaie de me transcender, de jouer au rôle du président du dialogue qui n’a pas le droit de prendre fait et cause pour une partie. Je l’ai fait et même j’ai refusé d’accorder des interviews jusqu’à présent. Mais aujourd’hui nous sommes pris dans un cul-de-sac qui nécessite que le président lui aussi puisse donner son point de vue.
 
C’est la première interview que je donne en tant que président du dialogue. Mais lorsque je fais des interviews, j’ai cette difficulté à faire toujours la part entre mon statut de président du dialogue et celui de Vice-président de l’ANC.
 
Afreepress : Les indiscrétions font état de ce que l’opposition togolaise et la société civile s’apprêtent à mettre en place une synergie d’action. Est-ce vrai et quand cette synergie va-t-elle voir le jour ?
 

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