Pour un nouveau comportement et une nouvelle méthode de gouvernance
Vraisemblablement, l’héritage de l’ancien parti unique est trop lourd à porter par la nouvelle équipe dirigeante du pays. Tellement ce qu’on reproche au Rassemblement du peuple togolais (RPT) pèse plus que ce qu’on lui reconnaît. Et la décision est irréversible de consacrer l’après-RPT. « Faure doit rassurer le peuple de sa volonté du réel changement de mode de gestion des affaires de l’Etat », entend-on souvent dire. Fortement confirmée pour le 21 janvier 2012, la tenue du congrès qui doit entériner le nouveau parti de Faure Gnassingbé est encore repoussée au 28 janvier. Toujours à Blitta. Avec la précision que les réunions ne cessent de se multiplier au siège national du parti pour obtenir une convergence de vue. Rien n’est donc sûr, la date du 28 janvier reste modifiable. Dissolution, refondation, transformation ou remodelage ? L’UNION a voulu en savoir davantage, mais personne ne veut dévoiler le choix final des congressistes. Ce n’est pas un secret, beaucoup de milieux politiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, continuent de faire porter à Faure Gnassingbé l’entière responsabilité des griefs portés au RPT : mauvaise gouvernance politique, économique, sociale, etc. Loin d’une condamnation exclusivement à charge.
Il suffit de mettre dans la balance tout ce qui est pensé, annoncé et réalisé depuis 2005 en termes de réformes et de courage politique. Et de s’en convaincre de ce que les dégâts créés au pays et les défis à relever sont immenses. Les nouvelles autorités ne cessent de clamer que beaucoup de pas ont été posés, mais il reste énormément à faire, vu les attentes des populations. Face à ce tableau, beaucoup de ceux qui sont gentiment appelés les caciques ou barons hésitent à lâcher prise. « Des gens dans le RPT n’approuvent pas tout à fait la démarche. Nous ne comprenons pas tous ces problèmes de la même façon, au même moment ! Certains avancent plus vite que d’autres, mais je crois que c’est la voie de la sagesse, la voie de l’intérêt supérieur de la nation », reconnaissait Faure Gnassingbé à Paris en juillet 2010. Comme pour dire qu’il a aussi des oppositions au sein de son propre camp.
L’autre équation difficile qui semble retarder l’échéance de l’après-RPT en est que tout le monde dit se reconnaître dans ce que fait l’actuel président du parti. C’est la sérénité et l’union sacrée. Mais, au même moment, beaucoup croient fortement que tout ce qui est fait est dirigé contre eux. Souvent, on fait semblant de suivre officiellement le rythme, tout en le combattant dans les coulisses. Et ce, au nom des privilèges et des intérêts du passé. C’est là toute la question essentielle. Aussi, dans le camp des réformateurs (par opposition aux conservateurs), croit-on déjà que ce sera la grande décision du futur congrès. L’après-RPT voulant dire ipso facto que les militants du défunt RPT doivent désormais être mis sur un pied d’égalité avec les autres citoyens qui ont choisi de s’y opposer. Fini donc la période de vache grasse où le parti présidentiel brimera tout sur son chemin. Tout en appartenant au parti du président de la République, on devra accepter de se battre pour gagner loyalement les marchés publics, on doit être traqué par le fisc de la même façon que le citoyen qui n’a aucun lien dans l’appareil gouvernemental, on doit éviter de se dire que tout est acquis d’office dès lors qu’on est de la majorité présidentielle. Autrement, au soir du congrès, il peut arriver de retrouver beaucoup de barons du RPT dans le nouveau parti de Faure. Ce sera pour un autre challenge, un nouveau comportement, une nouvelle méthode de gouvernance. Le sigle RPT, lui, devra disparaître dans tous les cas, confie-t-on. Même s’il ne faudra pas parler de disparition dans le communiqué final.
« C’est légitime pour un parti politique comme le RPT, dont le parcours, le rôle et l’importance dans notre histoire nationale sont connus, de réfléchir sur les évolutions de la société togolaise et sur les mutations qui ne cessent de se produire et de s’interroger sur les voies et les moyens d’être mieux attentif aux préoccupations et aux aspirations des populations, et de chercher à répondre plus efficacement à leurs attentes. Mieux, le retard considérable accumulé par notre pays dans son développement au cours des années de crise sociopolitique et les défis immenses qui en résultent exigent de nouvelles vertus et un nouveau type de comportements dans la gestion du pays », expliquait récemment, à juste titre, le Conseiller du chef de l’Etat, Gilbert Bawara.
Hebdo – L’union

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