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Néron, l’un des douze empereurs de l’empire romain, plus connu pour ses folies meurtrières que pour la gouvernance de son empire (gouvernance ô combien cataclysmique !), reste de loin le symbole du roi cynique, sardonique. Alors que le feu embrasait Rome entière, que patriciens et citoyens ne savaient plus où donner de la tête, et qu’on s’escrimait à éteindre l’incendie, Néron, disons-nous, aurait selon la légende monté sur une muraille. C’est alors que, Cithare en main, il aurait joué des airs dont lui seul goûtait la saveur, et la verve poétique sienne aurait décollé à mesure que les flammes nourries des brasiers, elles, croissaient. Rome pleura, mais son empereur n’en jubilait pas moins. Confer Tacite (Histoires).
Cette page sombre, la mémoire collective humaine ne se l’est jusqu’ici expliqué. Loin de nous de verser dans le pathos, loin de nous l’idée de donner dans la grandiloquence outrancière, celle qui consiste à exagérément gonfler une chose qui de fait ne l’est guère. Mais, quand la vie des citoyens est prise pour des yoyos par des autorités, quand ce sont des vies humaines qui s’étiolent, non pas par le coup du destin, mais parce que l’homme délibérément a choisi de croiser les bras et regarder le mercure vital de ces vies irréversiblement baisser jusqu’à ce que mort s’ensuive, il y a lieu de se permettre un pareil distinguo entre les hommes d’hier, dont Néron, et ceux d’aujourd’hui : les autorités togolaises.
A la différence près que les flammes ne brûlent pas, et que nos autorités ne sont des virtuoses en fait de musique, il y a bien lieu de faire cette morose comparaison. Ce dont il est ici question est la vie, la vie humaine. La vie des personnes vivant avec le VIH sida. Et qui n’en sont pas moins des hommes. Aujourd’hui, les personnes séropositives doivent faire contre mauvaise fortune bon cœur, quitte à y laisser leur vie. Parce que les médicaments antirétroviraux qui doivent les soigner sont en rupture de stock, ils meurent. Une situation qui a alarmé le monde de la santé. Cette pénurie est également confirmée par le professeur David Dosseh, tout comme le docteur Gilbert Tsolenyanou le Secrétaire Général Adjoint du Synphot.
Ces personnes séropositives développent aujourd’hui, à en croire les sources médicales, des séquelles dommageables pour leur survie. D’autres en ont déjà trépassé. Mais les autorités jusqu’ici n’ont guère daigné prendre les dispositions nécessaires pour enfin venir en aide à ces vies qui, pourront encore rester en vie. Qu’attendent-elles en vrai avant de leur arracher à une mort gratuite ? Aujourd’hui, sauf négligence, les personnes séropositives vivent bien et aussi normalement que toute personne d’excellente complexion.
Savoir que les gens meurent faute de ces médicaments antirétroviraux et faire le dos rond, se prélasser alors que les gens peuvent être sauvés, c’est en creux montrer qu’on peut en faire autant que Néron. Il n’est pas normal que ces personnes séropositives en soient pour leurs frais. C’est le moment pour le gouvernement de prendre des dispositions efficaces. La vie humaine est plus inestimable que jamais.
Source : Le Correcteur / via http://www.27avril.com/blog/culture-societe/sante/togo-mort-prorammee-personnes-seropositives-rupture-medicaments-antiretroviraux
 

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