Depuis que Mme Awa NANA cumule les fonctions de Médiatrice de la République, de la Présidente du Haut Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) et de la Présidente de la Commission de Réflexion qui doit plancher sur les réformes constitutionnelles et institutionnelles, tout porte à croire qu’elle laisse pourrir la situation des droits de l’Homme dans le pays.
 
Récemment, au moment où les prêtres vodou, les garants des us et coutumes procédaient à la purification du pays, elle s’était exclamée avec enthousiasme qu’enfin le Togo est « purifié », comme pour rassurer les Togolais qu’aucune goutte de sang ne tombera plus sur la terre de nos aïeux. Mais quelques jours après, le sang a coulé à travers les accidents dans lesquels d’éminents acteurs ont perdu leur vie.
 
Aujourd’hui, c’est au cours d’une marche pacifique que des Togolais perdent encore leur vie. D’autres sont incarcérés parce qu’ils voudraient revendiquer leurs droits à travers la liberté que la Constitution togolaise leur garantit.
 
Devant cette situation du 19 août 2017, Mme AWA-NANA a-t-elle encore une chance de mener à bien sa mission? Pour préserver sa probité morale, plusieurs observateurs pensent qu’elle n’a qu’une seule solution: rendre son tablier car ses fonctions déjà entachées de sang. Si elle ne le fait pas, elle sera comptable un jour des affres du régime en place qui continue de l’utiliser pour des fins politiques machiavéliques. Comment pourrait-il en être autrement si ce régime n’a pour seule ambition que de s’éterniser au pouvoir contre la volonté manifeste des populations ? Ce qui s’est passé le week-end dernier explique clairement l’étouffement des Togolais. D’ailleurs, la veille de ces manifestations, les Ministres de l’Administration et de la Sécurité ont volontairement donné le ton à leurs agents d’user de leurs armes pour réprimer les paisibles manifestants à mains nues. Des propos incendiaires qui démontrent à suffisance que des morts seraient prémédités.
 
Pourquoi, la soi-disant Médiatrice de la République n’a-t-elle pas agi en amont pour éviter le pire ? Est-elle incapable de jouer son rôle ? Ne prend-elle pas faits et causes pour le pouvoir?
 
La question des réformes est le nœud du problème au Togo. Mme Awa NANA doit en principe refuser de jouer le jeu du dilatoire privilégié par le pouvoir, en l’embrigadant dans cette mise en scène d’une Commission de réflexion sur des réformes: une manière de gagner du temps. Or, il suffit d’une bonne volonté politique du seul Président de la République, pour que la matérialisation de ces réformes soit effective. A quand Mme Awa NANA va-t-elle continuer à être une actrice de cette farce politique qui provoque déjà la perte en vies humaines ?
 
Ce pouvoir n’a jamais respecté ses engagements. C’est la raison pour laquelle certains pensent que seule l’alternance politique favoriserait la paix durable et le développement dans ce pays. Un avis largement partagé par des ordres ecclésiastiques ou églises traditionnelles chrétiennes du Togo, à travers leurs lettres pastorales et déclarations à l’endroit des acteurs politiques. Alors, qu’attend la médiatrice de la République, de surcroit Présidente de HCRRUN, pour exprimer avec objectivité sa désapprobation concernant les violations des droits de l’Homme au Togo, avant de rendre sa démission ? C’est seulement à travers cet acte courageux, qu’elle rendra service au peuple togolais. Et l’histoire retiendra qu’elle n’a pas cautionné les crimes de sang et les crimes économiques qui ont cours dans le pays.
 
Angelo G.
 
Source : Corps Diplomatic Togo
 

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