Malgré les avancées obtenues récemment dans le cadre du dialogue réunissant les acteurs du secteur éducatif, le Syndicat des enseignants du Togo (SET), un syndicat initié par des enseignants dissidents, annonce une grève pour les 24 et 25 mars 2022. Toutefois, il faut relever que le SET, avant même d’entreprendre ces actions est déjà mis sur le banc des accusés. Les autorités togolaises ne reconnaissent pas ce syndicat qui, selon elles, n’a pas respecté les textes en vigueur dans notre pays.

Le SET a déposé un préavis de grève sur la table du ministre de la Fonction publique, Gibert Bawara, pour réclamer une prime mensuelle de 50 000 francs CFA pour les enseignants, une prime annuelle d’éloignement d’au moins 3 000 francs CFA par km et une allocation de mutation. « Il n’y a pas de syndicat légalement constitué au Togo qui s’appelle le SET… Conformément à la loi, un tel regroupement ne peut pas être initiateur d’un préavis de grève. Le gouvernement est animé par une volonté de clarté et de transparence. C’est d’ailleurs pourquoi j’encourage tous les travailleurs, quel que soit leur secteur d’activité : secteur public, parapublic, privé, à prendre connaissance du décret régissant la représentativité syndicale et l’exercice du droit de grève au Togo. Et bien entendu, pour ceux qui assurent les responsabilités de délégués syndicaux et délégués du personnel, c’est encore beaucoup plus important parce qu’ils ont un rôle de formation, de partage avec leurs camarades travailleurs.

 Dans le code du travail, il était déjà indiqué les conditions de création des syndicats professionnels et des conditions de représentativité syndicale », a déclaré Gilbert Bawara en début de semaine dernière. Les intéressés de leur côté affirment disposer de toute la légalité et la légitimité pour agir. Lors d’une émission au cours de la semaine dernière sur New World TV, Kossikan Kossi, secrétaire général adjoint du SET a tout simplement rejeté toutes les observations du ministre Bawara. Dans ses propos, on note une volonté de ne pas céder et de rentrer en grève aux dates indiquées sur le préavis. S’achemine-t-on encore vers des grèves sauvages suivies de sanctions ? Kossikan Kossi déplore que son syndicat n’ait pas été invité aux négociations ayant abouti à la signature récente d’un mémorandum d’entente entre tous les acteurs du système éducatif reconnu par l’Etat… Justement, comment peut-on inviter un syndicat frappé d’illégalité à une table de discussion ? Il faudrait aussi relever que les acteurs majeurs du système éducatif sont dans la dynamique de la trêve annoncée il y a quelques jours.

Évoquant le mémorandum d’entente, le père Pierre Marie-Chanel Afognon, directeur national de l’Enseignement catholique affirme : « Pour moi, il s’agit d’un document patriotique ». « Nous sommes fiers d’avoir aujourd’hui fait un travail qui doit aider les enseignants à avancer », renchérit Kofi Kanitom, coordonnateur de la Fédération des enseignants du Togo (Feset). « C’est un mémorandum avant-gardiste », a pour sa part ajouté le professeur Dodzi Komla Kokoroko, ministre des Enseignements primaire, secondaire, technique et de l’Artisanat. Il est vrai que Nadou Lawson, coordonnatrice générale de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT avance, les freins en main. « La trêve ne s’impose pas, mais, elle s’acquiert par l’apaisement des acteurs », a-t-elle martelé. Mais, dans l’ensemble, on constate une convergence de vues de la part de tous les acteurs. Ainsi, à travers les actions qu’il entreprend actuellement, le SET ne se met-il pas lui-même sur le banc des accusés, alors même que le gouvernement l’y avait déjà placé ?

TM

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