Au cœur de l’une des plus graves crises de son régime, le président togolais oscille entre l’eau et le feu. Les différentes tentatives de médiation ont, jusqu’à présent, fait un flop, en raison des suspicions pesant sur les diplomates chargés de les mettre en œuvre. Analyse. Discrédit.
Le soldat Faure | Infog : 27avril.com
 
Dès la mi-septembre, Marcel de Souza, le président de la Commission de la Cedeao, a vainement multiplié les rencontres avec les différents protagonistes de la crise, à Lomé. Toutefois, l’ex-ministre béninois était dans une position des plus inconfortables. Il s’est marié en secondes noces à Naka Gnassingbé, l’une des sœurs de Faure Gnassingbé. Autre complication pour la Cedeao : la présidence tournante de l’institution régionale est actuellement assurée par le président togolais en personne pour un an.
 
Représentant spécial des Nations unies (ONU) pour l’Afrique de l’Ouest, le ghanéen Mohamed Ibn Chambas a également été récusé par l’opposition togolaise. Très lié à la famille Gnassingbé lorsqu’il était secrétaire exécutif, puis président de la Commission de la Cedeao (2002-2009), ce dernier est suspecté d’être l’un des architectes du compromis politique ayant permis au fils de Gnassingbé Eyadéma, décédé en 2005, d’accéder au pouvoir dans des conditions rocambolesques et sanglantes la même année. Le 29 septembre, l’opposition a d’ailleurs déposé une plainte contre le diplomate ghanéen auprès du bureau d’éthique des Nations unies, à New York.
 
La même suspicion de parti-pris pèse sur Aïchatou Mindaoudou, ministre des affaires étrangères du Niger lors de la succession dynastique au Togo. Du 10 au 13 octobre, cette ex-patronne de l’ONU en Côte d’Ivoire devait diriger une « mission politique » de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à Lomé.
 
Fin octobre, elle n’avait toujours pas mis les pieds dans la capitale craignant de violentes réactions des opposants. Depuis plusieurs semaines, ces derniers exigent le retour à la Constitution de 1992, qui prescrit une élection à deux tours et limite le nombre de mandats présidentiels à deux, l’extension du droit de vote aux Togolais de la diaspora et, ni plus ni moins, la démission de Faure Gnassingbé, qui en est à son troisième quinquennat. Plan « com ». Pris de court par l’ampleur des manifestations qui ne désemplissent pas depuis août, le chef de l’Etat s’est mis sous la protection de ses sécurocrates.
 
A l’instar du patron de la gendarmerie, Yotrofei Massina, la plupart d’entre eux sont Kabyés de Kara (Nord), fief natal des Gnassingbé (LC n°761). Bunkérisé dans son palais de Lomé II, le président togolais s’appuie par ailleurs sur trois personnalités pour distiller la « bonne parole » aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. Son conseiller spécial depuis mai, l’avocat Pacôme Adjourouvi, proche de l’ex-premier ministre français Manuel Valls ( LC n°752), multiplie les interventions publiques et dans les médias. Ewé de Noépé (Sud), Adjourouvi a rejoint, au passage, ses confrères Mes Alexis Coffi Aquereburu et Martial Akakpo pour assurer la défense des sociétés publiques togolaises.
 
Ex-ministre de la justice et porte-parole du gouvernement de Thomas Boni Yayi, la béninoise Reckya Madougou, 43 ans, a également rejoint le cabinet présidentiel, mi-mai. Amie de Faure Gnassingbé, cette conseillère multicarte s’occupe également de la communication présidentielle.
 
Troisième homme de confiance à l’heure actuelle : Simfeitcheou Pré. Kabyé de Pagouda près de Kara, ce dernier est l’un des visiteurs du soir les plus assidus du chef de l’Etat bien qu’il soit le directeur de cabinet du chef du gouvernement, Sélom Komi Klassou. Ex-ministre du plan d’Eyadema-père, ce fils d’un puissant chef traditionnel de Pagouda veille à la solidité des réseaux du chef de l’Etat dans le nord du pays.
 
La Lettre Du Continent N°763 de ce 25 Octobre 2017
 

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